SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN AHMED
BENZELIKHA- « ELIAS »
ELIAS. Roman de Ahmed Benzelikha.
Casbah Editions, Alger, 2019,
87 pages, 500 dinars
Elias ? ou Lyès dans notre dardja…… Il y a des prénoms ,
parfois choisis au hasard ou parce que ça sonne bien , sont lourds ou légers à
porter. D’autres vous
« prédestinent » à on ne sait
quelle (mé-) aventure…..Ainsi
, celui-ci est proche…..d’Ulysse.
Voilà donc notre
homme qui décide……de partir , sans hésitation et sans
retour, avant qu’il ne soit trop tard, avant que ce sentiment ne se double de la réalité, indiscutable, elle,
de la maladie ou de la vieillesse. …...Laissant derrière lui, sa femme, son
ex-femme, des enfants (heureusement adultes)….et une ville « sans
devenir ».Il n’avait pas d’amis à quitter. Il voulait « jouer
son dernier hymne à la vie » . La quête d’un
autre monde …..Etre soi. Exister , enfin !
Car, « à quoi bon se mentir ? Il devait partir, il ne laissait rien,
et s’il restait, il ne serait rien »
Mais aller
où ? Parcourir la Méditerranée…sa mère, revenir à l’eau, à la matrice, à
la liberté……Que disais-je ? Ulysse et
son Odyssée !A la recherche du
« Masque de Dieu », un masque qui avait (selon un ouvrage imprimée en
1878, traduction annotée d’une texte ancien écrit en grec par un auteur
anonyme) le pouvoir de révéler à celui qui le revêtait tous les secrets de
l’existence….Rien que ça !
Le voilà donc
larguant les amarres…..
D’abord un bateau
grec, « le Moïse »…..bateau assez vite pris en otage par un terrible pirate des mers, Mark IV, venu du
golfe de Guinée….se prenant pour mi-Pharaon, mi-Poséidon.
Ensuite, prisonnier (un rêve ?) des bras …et des
jambes de Gada, bien douce geôlière, la
Maîtresse d’une île…..
Il est par la
suite recueilli dans une île gouvernée par un dictateur, tout mielleux, un ancien criminel de guerre recherché par
toutes les polices du monde et devenu gros « affairistes, cupide et
prévaricateur…
Puis
,
toujours à la recherche de l’épave
contenant le Masque, l’île de Spélaion où il y rencontre un Ermite…..qui lui confie
que « Le Masque » n’est qu’un symbole. Il n’existait même pas, il n’y
avait que le miroir de lui-même qui lui masquait la vérité. Et, pour être
soi-même, il fallait s’oublier. Sage conseil…..qui sera écouté.
Sac au dos, il
repart donc…. Alors que d’autres, dont le terrible pirate, qui avait eu
vent de l’existence du Masque, continuaient leur recherche…
Hélas, la
recherche du Masque de la connaissance du monde et de la Vérité (de soi et des
autres) n’est pas une mince affaire….l’entêtement de l’être humain et leurs
découvertes (souvent imméritées) pouvant mener jusqu’à la mort…..ou jusqu’à
l’Olympe des héros. Quelques rares Elus ! Elias ? Conclusion :
tous les hommes ont , en eux, une odyssée à accomplir.
A chaque fois recommencée .
L’Auteur : Né à Constantine. Universitaire ayant occupé plusieurs
fonctions supérieures , linguiste, financier,
spécialiste en communication…écrivain…
Extraits : « Ses tentatives avaient été vaines, son voyage
n’avait servi à rien, le Masque n’avait été qu’une nouvelle illusion et sa
quête une ultime défaite, un naufrage et, bientôt, une mort certaine et
effroyable ! » (p 34), « Le Masque ne remplaçait pas les
autres pour comprendre le monde, car l‘autre était nécessaire pour construire
la vérité du soi » (p 35), « L’hébétude, le détachement et la
fatigue n’étaient pas seulement dues à la monotonie du présent, aux déceptions
du passé et aux peurs de l’avenir, mais aussi à nos mauvaises réponses, au
travail introspectif de notre conscience et aux poids de nos fautes et de nos
abandons impossibles à solder » (p 53)
Avis :De la philo’ en roman. Du lourd dans du court !Assez originale comme écriture …..en
Algérie…mais très intéressante. Et, plusieurs histoires qui se croisent.
Citations :
« Les victoires ne valent que par les triomphes dont on les pare » (p
24), « Oui, le monde virtuel sait tout de nous, depuis que chacun est
convaincu que le Net est le prolongement de sa petite personne, si importante à
ses propres yeux ! » (p 25), « Le destin ne satisfait pas à
notre bon vouloir, ni, d’ailleurs, à nos efforts. Nos parents s’en vont avant
que nous réalisions leurs vœux, nos enfants nous voient nous en aller avant que
nous ne fassions leur bonheur et nous comprenons alors que rien ne dépend de
nous, surtout nous-mêmes » (p 46), « La mer, comme toute la nature,
est le lieu et pour certains le lien, d’intelligence, de partage, avec la
création. La mer se pose comme un questionnement esthétique de si et du monde
et, pour les plus sensibles…de plénitude existentielle » (p 72)