SOCIETE- ETRANGER- AFRIQUE- PERSONNALITES (10) MARQUANTES 2019
© Ecofin Hebdo, vendredi 10 janvier 2020
- Contrairement à 2018 qui a été une année de
grands changements, 2019 a été une année un peu moins mouvementée sur le plan
de l’actualité. Malgré tout, quelques soubresauts, changements économiques et
politiques, voulus ou subis, ont animé l’actualité de ces 12 mois. Comme à son
accoutumée, la rédaction de l’Agence Ecofin présente les 10 personnalités ayant marqué
l’année écoulée. Et cette année, nous il y a un invité non-africain…
1-
Abiy Ahmed, le pacificateur venu d’Ethiopie
Décidément, les Africains ont la côte auprès du comité Nobel ces
dernières années. Après Denis Mukwege, co-lauréat en 2018, c’est Abiy
Ahmed, le premier ministre éthiopien qui a reçu le Prix Nobel de la paix en
2019. Récompensé pour ses efforts de paix au plan international, débutés en
2018 par une paix historique avec l’ancien ennemi érythréen, les réformes, de
celui qui était déjà présent dans notre classement de 2018, ont également
permis de rendre son pays moins dangereux pour la presse. S’il achoppe toujours
sur la rugueuse question des violences communautaires qui divisent l’Ethiopie,
le premier ministre aura au moins réussi à rendre le pays moins dangereux pour
la presse et à mettre en place un plan réformateur qu’il annonce comme « une passerelle vers la
prospérité ». Malgré le spectre d’élections législatives sous
hautes tensions, Abiy Ahmed continue de faire office
de point de rassemblement, quand bien-même quelques incidents ont mis à mal son
gouvernement. Seul africain présent parmi les 50 personnalités politiques les
plus influentes de la décennie, selon le Financial Times, et premier de ce top
10 des personnalités ayant marqué l’année écoulée, on peut dire que 2019 n’a
pas été une trop mauvaise année pour notre réformateur éthiopien.
2-
Joseph Kabila, parti de bon cœur, contre toute attente
Sa place dans ce top 10 aurait pu revenir à Félix Tshisekedi, élu président de la très onirique RDC, faisant
place à l’alternance politique. En effet, plus que l’élection du fils de
l’historique opposant Etienne Tshisekedi, c’est la
surprenante décision de Joseph Kabila de respecter le choix des urnes qui a le
plus surpris, aussi bien dans la région des Grands Lacs que dans le reste du
monde. Déjà présent dans notre top 10, en 2018, celui qui s’était accroché au
pouvoir alors que son mandat s’achevait en 2016 s’est progressivement effacé de
la vie politique au point de ne pas réagir lorsque son propre parti l’égratigne
en évoquant sa mauvaise gestion du pays. Pendant ce temps, le président sortant
a réussi à nouer une alliance avec son successeur. De quoi donner le tournis à
tous les observateurs et de réveiller quelques adeptes de la théorie du complot
selon lesquels un accord secret existait entre les deux hommes bien avant les
élections.
3-
Abdelaziz Bouteflika, parti un peu moins volontairement
Malgré sa santé fragile, il semblait inébranlable. Pourtant,
celui qui avait déclaré être « l’Algérie
toute entière » avait passé 20 ans à la tête de son pays.
Déposé par Ahmed Gaïd Salah, qu’il avait lui-même
nommé. De cet homme qui constitue un morceau d’histoire de son pays, du Maghreb
et du continent africain, il ne restera qu’un communiqué laconique. Son départ
sera va raviver la flamme de la réforme chez les révolutionnaires qui seront
douchés dans leurs ambitions par une autre personnalité de cette liste.
4-
Sadio Mané, le sportif
africain de l’année
Dans un style un peu moins flashy que Mohammed Salah, son
coéquipier égyptien de Liverpool, Sadio Mané a certainement été le sportif africain de 2019…Désolé,
Eliud Kipchoge. Jamais
footballeur africain n’a semblé aussi proche de remporter le Ballon d’Or France
Football, depuis la victoire de Georges Weah. Par
contre, le Sénégalais remportera le Ballon d’Or africain, l’occasion de faire
étalage, une fois encore, de cette simplicité qui, si elle le dessert pour
remporter des distinctions internationales, en fait un des sportifs les plus
sympathiques du monde. Et puis, vu comme il commence 2020, Sadio
Mané pourrait bien être présent dans ce top 10
l’année prochaine, pour récupérer en 2020 ce que lui devait 2019.
5- Alaa Salah, la dame en blanc
Au Soudan, lundi 8 avril 2019, une femme de 22 ans, de blanc
vêtue, va, de sa voix suspendre le temps. Pourtant on est loin d’être à
l’opéra. L’intéressée a pour scène des manifestants anti-gouvernementaux et se
contente pour estrade du toit d’une voiture. Mais, lorsqu’elle finira de
chanter « la balle ne tue pas, ce qui tue c’est le silence de
l’homme », des paroles de « Thwara » qui deviendra une des hymnes
de la révolution soudanaise, Alaa Salah ne sera plus
regardée de la même façon. Celle qui se réclame héritière des « kandaka »,
souveraines nubiennes ayant régné avant l’ère chrétienne, ne sera plus jamais
une simple étudiante de 23 ans. Après que l’enregistrement de sa performance
soit devenu viral, Alla Salah est devenue pour les Soudanais « Notre dame
de la paix ». Assez pour chasser l’ex-président Omar El-Béchir du pouvoir…
et de ce top 10.
6-
Burna Boy, le géant de la musique africaine
A-t-on réellement besoin de jouer à citer les multiples
distinctions, records et marques de reconnaissances récoltées par le Nigérian.
Considéré par la chaîne américaine CNN comme la plus grande star actuelle de la
musique africaine, l’héritier de Fela Kuti, oui on peut oser le dire, a fait danser le continent
au rythme de sa musique carrefour entre plusieurs sonorités. Mais, comme toutes
les grandes stars de la musique, il a aussi marqué l’année par quelques
polémiques. Rien d’assez controversé pour perturbée la folle dynamique du géant
africain.
7-
Ahmed GaïdSalah, l’oxymore algérien
L’Hirak, le mouvement révolutionnaire
algérien lui doit beaucoup. En effet, c’est le Chef d’Etat-major des armées
algériennes qui avait prononcé la destitution de l’inamovible Abdelaziz
Bouteflika. Il avait aussi arrêté le frère de l’ex-président et le très fortuné
Issad Redrab. Dans la
foulée, ce gardien du temple avait refusé les réformes structurelles des
révolutionnaires destinées à changer un système politique tout entier contrôlé
par l’armée. Et alors que tout semblait aller en sa faveur, le général Ahmed Gaïd Salah a rendu l’âme dans les derniers jours de 2019,
le 23 décembre.
8-
Khalifa Haftar, le nouveau Kadhafi ?
Soutenu officiellement par l’Egypte et les Emirats Arabes Unis,
le Maréchal Haftar, homme fort de l’Est libyen marche
sur Tripoli pour défaire « des
groupes terroristes qui se sont emparés de la capitale et reçoivent le soutien
de certains pays et gouvernements qui leur livrent des équipements militaires ».
Les « terroristes » en
question sont en fait le gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par
l’ONU…
9-
Emmanuel Macron, l’invité
Alors qu’il a déjà fort à faire dans son pays, le président
français aurait surement préféré ne pas être trop impliqué dans l’actualité
africaine. Et pourtant, entre les différentes critiques subies par la France
sur la question du franc CFA, la lutte contre le terrorisme, l’envie de faire
de la diaspora une passerelle avec le continent et la montée d’un sentiment antifrançais
dans certains pays du continent, Emmanuel Macron et
la France, qu’on veuille ou non, ont été autant présents dans l’actualité
africaine que d’habitude.
10-
Alassane Ouattara et la fin du franc CFA
C’est par le président ivoirien qu’a été annoncée la fin du
franc CFA, qui sera remplacé en Afrique de l’Ouest par l’ECO, et la suppression
de la réserve des Etats africains sur un compte du Trésor français. Mais au vu
de l’actualité électorale mouvementée de la Côte d’Ivoire en 2019, le président
ivoirien aurait d’une manière ou d’une autre fini dans cette liste. Si tout va
bien, on ne l’y retrouvera pas l’année prochaine...