SOCIETE-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-ROMAN ZAKAD ABDERRAHMANE- « LES AMOURS D’UN
JOURNALISTE »
Les
Amours d’un Journaliste. Un roman de Abderrahmane Zakad. A compte d’auteur.
Alger 2012. 342 pages, 500 dinars
Notre auteur
s’était déjà illustré avec un roman édité en 2009, « Une femme dans les
affaires ». Il récidive, après un passage par la poésie, avec un
roman-fiction nous plongeant dans une Algérie ruinée, dans les années
2020, suite à la chute d’un énorme
astéroïde qui a embrasé les sables du Sahara ,
entraînant la soudaine disparition du
pétrole et du gaz. Décidement, c’est une
obsession…avec toutes ces déclarations récentes et récurentes
sur l’épuisement (dans les années 2050) des ressources .
La « cata » (presque souhaitée) dans toute sa splendeur !
On vous
laisse deviner le reste, sur fond d’une enquête sur les (anciens) détournements de terrains à bâtir de la
capitale, menée par un jeune journaliste qui découvre, peu à peu , en fouinant
dans des archives supposées « disparues », les coups tordus des
maffias et les tristes réalités des années passées. Une Algérie « fauchée
comme les blés », la souveraineté ,la dignité , l’honneur, les acquis ,
les biens, les symboles…perdus ou bradés, un pays réduit à la mendicité
internationale, auprès des voisins et
de l’ancien colonisateur . Heureusement , il y a
la rencontre avec l’amour …..ce qui lui permet de vivre d’espoir et d’eau
fraîche (devenue bien rare) , encore plus rare que le
pétrole et l’essence.
Mais là où
excelle l’auteur, ce sont ces retours en arrière , de l’Indépendance jusqu’à la
catastrophe : la corruption, le gaspillage et la gabegie, les
détournements, les vols, la hogra, les trafics en
tous genres, l’hypocrisie politique et culturelle, les mafias, les héros
oubliés ou perdus ou exilés, les luttes contre les « moulins à
vent »…De véritables leçons d’Histoire contemporaine , courtes mais
instructives, pour celui qui veut bien les lire de manière attentionnée. A mon sens , trop de boumedienisme et la
nostalgie d’une agriculture , bouée de sauvetage et moteur du développement. La
maladie infantile des sexagénaires et plus ..qui
ont raté leurs années 70-80 !
Avis : Le « café de commerce »
avec une histoire qui se tient…et, avec des digressions qui dépriment.Un
roman trop vrai !A l’heure où l’on nous parle
d’épuisement des ressources pétrolières face à une consommation nationale qui
grimpe, qui grimpe,qui grimpe, de quoi avoir des
sueurs froides !
Phrases à
méditer : « L’Algérie
est le seul pays au monde où un produit avarié coûte plus cher que le produit
frais. Elben et le Rayeb
avariés coûtent plus cher que le lait… », « Devant la hogra, un homme seul se morfond, deux hommes raisonnent,
dix hommes protestent, cent se révoltent et une foule saccage » (p.169 ) et « Le sida , la maladie du siècle, trente
millions dans le monde , mais l’Algérie n’était pas trop atteinte….. parce que le virus refuse d’occuper des corps improductifs.
Y a rien à bouffer » (p.31)