SOCIÉTÉ-
BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ESSAI ABDERRAHMANE MOUSSAOUI- « DE LA VIOLENCE EN
ALGÉRIE.LES LOIS DU CHAOS »
De la violence
en Algérie. Les lois du chaos. Essai de Abderrahmane Moussaoui. Barzakh Editions,
Alger 2006 . 447 pages, 600 dinars
Anthropologue,
l’auteur a beaucoup travaillé sur les
questions liées à l’espace et aux croyances qui président à son organisation.
Il sait donc de quoi il parle quand il se penche sur le “malade” Algérie pour
essayer de trouver, les causes de la violence durant les “années noires” et
d’en comprendre les mécanismes .
Ni analyse politique du “chaos” algérien, ni
analyse journalistique distribuant les certificats de bonne conscience en
désignant les bourreaux et les victimes, ni lecture “urgentiste” , mais seulement
une tentative de lecture anthropologique d’un moment de l‘histoire du pays , à travers l’échange de violence et de mort
; un pays , et c’est une particulariité des sociétés maghrébines, où “l’entreprise
de la guerre” – donc de la violence - “a
fini par s’institutionnaliser comme valeur”.
Le chercheur
avertit d’emblée : son regard sera essentiellement focalisé sur l’opposition
islamiste armée car, “en général, les
actions du pouvoir établi demeurent largement déterminés par les formes
classiques de la répression de régimes autoritaires”. On sent déjà , malgré tout, un certain parti-pris qui, comme bien
d’autres, va, sans l’écrire, trouver des
“circonstances atténuantes” aux violences et aux crimes terroristes et
“charger”, sans le dire, et indirectement, l’autre camp.
Par
ailleurs, sa démarche se veut transcender les démarches essentialistes qui
voient dans tel ou tel phénomène un produit inéluctable de telle culture, telle
religion ou telle race. A la lumière des événements et des faits concrets recueillis dans le cadre de l’expérience
algérienne, il veut tenter de comprendre les mécanismes qui président à
l’explosion de la violence et les
logiques qui la nourissent. Le quoi et le comment
pour expliquer le pourquoi ! Une autre manière de mettre sur le même pied
d’égalité les protagonistes du drame. Dramatique, non?
Avis : Ca fait du bien de lire, de
temps en temps, une oeuvre scientifique sur un tel
sujet. Potion amère, mais potion guérisseuse. Et, celle-ci en est une.
Déprimante certes, mais porteuse d’espoir (????). Car , pour rejoindre un
propos de l’auteur: Si “le discours commun parle d’une société qui se désagrège
et se fragmente(…..), on peut également faire remarquer que c’est à cette
période précise que l’Algérie a connu un brassage favorisant une meilleure
intégration à l’espace national et des agrégations de type sociétal. La
violence peut, au contraire, être perçue comme le signe d’une volonté de
vivre ensemble mais autrement”. Pourquoi pas ! Mais quel autrement? Voilà donc
le sujet d’une autre recherche.