SOCIETE-BIBLIOTHÈQUE
D’ALMANACH- RÉCIT FADELA M’RABET- « LE CAFÉ DE L’IMAM »
Le café
de l’Imam……. Récit
de vie de Fadela M’Rabet. Edtions Dalimen , Alger 2011 , 119
pages, 450 dinars
Connaissez-vous
Fadila M’Rabet, la bête
noire du pouvoir au milieu des années 60 ? Pas féministe pour un sou comme
on a voulu le faire croire à l’époque, mais ardente combattante pour le respect
et la dignité de la femme dans notre pays ! Son émission – hebdomadaire,
si je me souviens - à la radio (Chaîne III) avec son époux Tarik (Tarik Maschino, un militant engagé très tôt pour la libération du
pays) faisait un « tabac »…et ses deux livres (1965 et 1967…édités à
l’étranger, assurément… interdits de diffusion et de lecture en Algérie…et à
l’époque, ça ne « rigolait » pas avec ces choses -là) fut vite
« dénoncée » sous la pression
des lobbies conservateurs et pseudo-révolutionnaires …..et ,vite
fait, interdite. Ne restait plus que l’exil, car on le devine, être opposant
politique à l’époque, ça pouvait toujours s’arranger quelque part, mais être
« opposant sociétal »….dehors ! Aujourd’hui encore. Pour une
femme, c’est encore pire.
Un exil qui,
peut-être, l’a brisé quelque part, car
on lui a ôté une partie de ses racines auxquelles elle tenait tant. Elle a déjà
écrit un ouvrage sur son enfance et ses
vacances à Collo, sa jeunesse à Skikda, sa scolarité au sein d’un milieu hostile
et raciste à l’occasion , les horreurs environnantes
de la misère, de l’ignorance et de la
répression (elle a « vu » les exécutions de mai 1945) …L’ouvrage
actuel n’est pas un roman. Ce ne sont
pas des mémoires. Ce n’est pas une autobiographie. Ce n’est pas un essai. Un
savant mélange. Juste un livre de souvenirs qui
plonge dans le passé…..à travers des ……pause-cafés :
Skikda (dans le patio de la maison familiale), Samarcande,
Vienne, Venise, Sarajevo (offert par l’ imam de la
mosquée Ali Pacha, son meilleur café) Istambul, Boukhara, Paris, Alger (l’expérience la plus
décevante….bien éloignée de celles des années 60), Damas….. . Le café est
un breuvage qu’elle adore,
certainement parce qu’il lui rappelle les odeurs de son enfance
, les senteurs de la vie de la famille d’antan (c’est-à-dire
apaisée) et les saveurs de sa jeunesse ,
en liberté.
Extrait pour
la route: « C’est dans les cafés que bat le pouls d’une société, que se
montre son visage. C’est pourquoi les intégristes haïssent les cafés, ces
temples de la liberté qui vident les mosquées, les synagogues, le temps de
retrouver son autonomie… »
Avis : Mesdames, il se déguste….comme un
bon café ……fait maison . Par petites gorgées.
Mais, choisissez seulement le lieu afin de ne pas être dérangé par des
importuns……qui sont légion , même en famille. Le mari,
le ou les garçons….Et , pour les plus jeunes, ils
découvriront l’engagement (en faveur de l’émancipation de la femme) et le style
décidé (limpide, allant droit au but)
d’un grand auteur (ou essayiste) qui , elle, sait penser, pense encore
librement et sait écrire ; un écrivain
que l’Algérie a perdu durant près de 40 ans. De plus, Docteur en
biologie, maître de conférences et praticien des hôpitaux, ce sont les
« autres » qui ont profité de ses compétences. Misère de
misère !