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Achoura- Traditions et coutumes

Date de création: 16-09-2019 19:14
Dernière mise à jour: 16-09-2019 19:14
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SOCIETE-REGION- ACHOURA- TRADITIONS ET COUTUMES

(c) L'Echo d'Algérie / Benadel M, 10 septembre 2019

 

La fête de l’Achoura (10ème jour de  Moharrem, premier mois de l’année hégirienne) est pour les familles  Ghardaouies une occasion de perpétuer des traditions culinaires.

Pour célébrer cette occasion religieuse sacrée (sauvetage du prophète  Moise de la poursuite du Pharaon), les habitants dans leur diversité  sociologique, ont recours à des recettes ancestrales, jalousement  préservées et transmises oralement pour préparer des plats « typiquement »  traditionnels dont  notamment « Ouchou Tini » (Ouchou/couscous /Tini les  dattes) en Tamazight locale, un met à base de couscous plombs et de viande  séchée et salée du mouton de l’Aid El Kebir ainsi que « Ibaoun » (El Foul)  (fèves). Sitôt le rituel de l’immolation du mouton de l’Aïd accompli, la ménagère  récupère une partie de viande qu’elle sale abondamment et sèche à l’air  libre avant de la conserver dans un endroit propre durant plusieurs  semaines, a expliqué  M. Bakir, un père de famille du Ksar de  Melika. Malgré la présence aujourd’hui de frigos ou congélateur dans tous les  foyers, cette pratique ancestrale de conservation de la viande par le  procédé de salinité et le séchage est perpétuée toujours notamment dans les  régions du Sud, a-t-il souligné. La veille de l’Achoura, de nombreuses ménagères Ghardaiouies qui ont reçu  les recettes de ce plat « Ouchou Tini » de génération en génération,  s’appliquent à préparer ce couscous, avec une sauce rouge onctueuse  composée d’une variété de légumes frais, de pois chiche, de viande séché  assaisonnée de gingembre, de poivre, de curcuma, de cumin, de piment et  autres petites herbes potagères ainsi que d’un jus de datte donnant, pour  le plaisir du palais, un goût succulent à ce plat. Pour donner à ce couscous un goût plus authentique, on l’assaisonne de  beurre salé fondu aux raisins secs, pour être consommé à la rupture du  jeune de l’Achoura. Une fois préparé, ce mets est dégusté dans un grand plat en présence de  tous les parents et grands-parents, dans une ambiance conviviale.

« Ibaoun » , un autre plat traditionnel prisé dans le M’zab

 L’autre plat très prisé dans la région du M’Zab, en cette fête religieuse,  est dénommé « Ibaoun » ( El Foul) (fèves). Il figure aussi parmi les recettes  préparées à l’occasion de la célébration de l’Achoura. Ce plat du terroir  se prépare la veille où la ménagère trempe dans de l’eau douce de la  palmeraie de Ghardaïa des fèves sèches durant plusieurs heures avant de les  faire bouillir à petit feu toute la nuit. Décortiquées et assaisonnées avec du sel, du cumin et de l’huile d’olive,  ce plat se déguste dans la matinée et est distribué aux voisins et passants  par les enfants en entonnant une chanson célèbre dénommée « Abya Nou ». Selon la tradition dans le M’Zab, « tous les mets préparés à l’occasion  sont faits pour être partagés », a soutenu Ammi Abdellah du Ksar de  Bounoura. « On échange ces plats traditionnels entre familles, voisins, pour  renforcer les liens familiaux et la solidarité entre les habitants », a-t-il  ajouté. Par ailleurs, un mélange de confiseries, friandises et autres fruits secs  (amandes, cacahouètes et noisettes…etc) est également distribué aux  enfants. La tradition veut que la veille de l’Achoura, les femmes mettent à leurs  enfants du « khôl » (poudre d’antimoine que l’on met sur le contour des yeux  afin de les mettre en valeur). Achoura est, pour les familles Ghardaouies, à la fois une fête sacrée  portant de fortes significations religieuses et une occasion de perpétuer  des traditions et des coutumes ancestrales propres à chaque couche sociale.Parmi les traditions accueillant cette fête , il y a lieu de citer les  opérations de nettoyage et d’embellissement des cimetières dans les  différents Ksour du M’Zab, assurées par des bénévoles, notamment des  jeunes. Tous les aspects festifs de l’Achoura ne devraient pas faire oublier sa  portée religieuse, a fait savoir Ammi Bakir, un notable de la région,  soulignant que c’est l’occasion pour les fidèles et pieux d’accomplir  davantage de bonnes actions tels que le jeûne, l’acquittement de la Zakat  et le recueillement à la mémoire des parents et autres aïeux.

dans le région de  l’Ouarsenis

 Les habitants des zones rurales de  Tissemsilt et de la région de l’Ouarsenis restent fortement attachés à  leurs traditions et coutumes pour célébrer l’Achoura, 10ème jour du mois de  Mouharram marquant l’avènement de la nouvelle année hégirienne. Cette fête est célébrée dans la joie et la convivialité. Dans les zones  comme la Mactâa de Bordj Bounaama, Kedadra de Sidi Slimane et Béni Djemaa  de Boukaïd, l’Achoura est marquée par la préparation du couscous que l’on  sert et distribue aux pauvres et nécessiteux. Des plats sont également  servis dans les mosquées aux fidèles. Cette occasion religieuse est également une opportunité pour les cheikhs,  notables et sages des agglomérations rurales de l’Ouarsenis pour initier  des rencontres de réconciliation entre les familles ou pour célébrer des  mariages de jeunes nécessiteux. Hadj Mansour, un des notables de la zone de Metidja de la commune de Bordj  Bounaama, souligne que le jour de l’Achoura est particulier.  « Toutes les familles participent à la préparation du plat de couscous que  l’on distribue aux convives et aux pauvres. Les habitants du village  procèdent également à la collecte de denrées alimentaires et de quartiers  de viande que l’on distribue aux familles démunies des localités  avoisinantes », a-t-il expliqué.  Il a ajouté que cette journée particulière « permet aussi aux sages et  chouyoukh de la région de régler les différends entre membres d’une même  famille, entre voisins et entre amis. La mosquée de Metidja et la zaouiïa  de cheikh Moulay Larbi Benatia Touil ont un grand rôle à jouer en cette  occasion ». Dans les foyers des zones rurales de l’Ouarsenis, des traditions restent  ancrées pour célébrer le jour de l’Achoura, notamment l’incontournable  cérémonie du henné, supervisée et dirigée par les vieilles personnes du  village. Hadj Arbia d’El Mactaa fait remarquer que la cérémonie du henné est une  tradition héritée des aïeux. Des poètes du melhoun et conteurs animent des  « halqa » pour déclamer des poèmes et narrer des contes sur la portée de cet  événement religieux. Par ailleurs, outre les traditionnelles manifestations de solidarité et  d’entraide entre les membres de la communauté, l’Achoura est également  synonyme d’activités commerciales. Celles-ci ne se limitent pas seulement  aux denrées alimentaires et aux produits d’artisanat mais s’étendent aussi  aux parfums et essences traditionnelles, aux encens, aux plantes  médicinales et aux jouets pour enfants. « Tout un bric-à-brac où chacun trouve ce qu’il cherche au niveau des  ruelles de Tissemsilt, notamment à Haï Sebaa où une activité inhabituelle  est relevée en ce jour », note Othmane, vendeur artisan dans ce quartier. Il souligne que la célébration du jour de l’Achoura reste une occasion  pour vendre des produits d’artisanat, notamment en poterie et céramique,  ainsi que le pain traditionnel. D’autres sites de la ville de Tissemsilt, dont la cité 119 logements,  abritent un grand nombre de vendeurs d’ustensiles en poterie, en bois et en  céramique ainsi que des tapis. Ces produits sont très demandent et  s’écoulent facilement, a-t-on constaté. Par ailleurs, le boulevard « 1er novembre » du centre-ville se transforme,  en l’espace de quelques jours, en un vaste espace où les commerçants  d’épices naturelles, utilisées dans la préparation du couscous et du pain  traditionnel enregistrent un fort engouement des citoyens qui viennent  également s’approvisionner en figues séchées, en essences et parfums et en  encens, chacun voulant donner à l’Achoura une « saveur » particulière.