COMMERCE- ALIMENTATION- RAMADAN- PÂTISSERIES
(c) Kamel Bouslama/El Moudjahid, samedi 25 mai 2019
En Algérie
durant le mois de ramadan, les pâtisseries orientales, jusque-là discrètes
durant l’année, (re)font leur apparition pour le
plaisir des palais les plus exigeants. Au moins trois d’entre elles sont
pratiquement incontournables : la «zlabia», le «qalb el louz» et la «baklawa».
Pour ce qui est
de la zlabia, par exemple, c’est une
spécialité frite de la cuisine orientale traditionnelle dont on retrouve une
variante spécifique à la ville de Boufarik, de forme longue, en bâtonnets et
légèrement épaisse, de couleur jaune-marron. Intermédiaire entre un gâteau et
une confiserie, cette friandise est surtout préparée en Iran, en Algérie et en
Tunisie durant le mois de ramadan.
Selon la
tradition orale algérienne, elle viendrait de «l'âge d'or» de l'Islam en
Al-Andalous (Grenade). En effet, il s’agissait d’une commande faite par un
grand roi de l’époque (probablement le grand-père de Boabdil) aux plus grands
chefs cuisiniers. Ce roi voulait un gâteau différent, riche et délicieux qui
serait dégusté lors de la rupture du jeûne du ramadan.
Les cuisiniers
se mirent au travail, et lorsqu’ils finirent, fiers de leur nouvelle
recette, ils s’empressèrent de faire goûter au roi ce magnifique gâteau «sans
nom». Le coucher du soleil s’approchant, les cuisiniers ne voulant pas arriver
en retard au palais royal pour la rupture du jeûne, se mirent à courir avec les
plateaux de ce gâteau posés sur leurs têtes. Quand soudain, l’un d’eux glissa
avec le plateau garni. Il se mit alors à crier «ya rabi,
zelabia, zelabia, zelabia...». Ce qui approximativement signifie : «O mon
Dieu, il (le plateau de gâteau) a chuté (ou a glissé), il a chuté, il a chuté».
Ses compagnons qui avaient encore leurs plateaux sur la tête l’aidèrent à se
relever et regagnèrent le palais royal où ils racontèrent cet incident au roi.
Celui-ci, conquis par la douceur et la délicatesse de ce gâteau, mais également
pris par un grand fou rire, baptisa ce gâteau «zelabia».
Ainsi la zlabia traversa rapidement la Méditerranée, et fut
développée sous sa forme actuelle en Algérie et en Tunisie dans les régions de
Tlemcen, Mazouna, Blida, Boufarik, Annaba, Alger,
Oran, Kairouan, Tunis et Béja. Aujourd’hui c’est le gâteau de référence du
ramadan et apprécié par tous.
La spécialité la plus populaire du
pays
Quant à «kalb el louz» ou «qalb el louz», c’est une
dénomination typiquement algéroise qui signifie «cœur d'amandes», plus
prosaïquement une pâtisserie algérienne originaire de Constantine, très
consistante, à base de semoule, d'amandes, de fleur d'oranger et très fondante
grâce au sirop de miel «cherbette», dont elle est
abondamment arrosée.
L’origine
lointaine de cette pâtisserie est «el basboussa»,
provenant de la Syrie ou anciennement «Bylad Ech-Cham», d’où l’appellation de «chamia»
dans l'Ouest algérien. «Kalb el louz»
ou «Qalb el louz» est aussi
appelé «h'rissa» dans l'Est algérien. C’est l’une des
plus populaires du pays. Elle est très largement consommée durant les soirées
du mois de ramadan avec un thé à la menthe ou du thé noir aux clous de girofle
ou du café.
Pour ce qui est
de «baklava», ses origines sont peu documentées. Il existe trois
hypothèses qui en font remonter les origines à la période pré-ottomane : l'une
est en lien avec la tradition des pains feuilletés des peuples turcs d’Asie
centrale ; la deuxième en lien avec le gâteau romain «placenta» et ses
évolutions dans la cuisine byzantine ; la troisième en lien avec la cuisine
perse et le «lauzinaq». Son existence sous sa forme
actuelle est attestée sous l'Empire ottoman, dans les cuisines impériales du
palais de Topkapı, à Istanbul, où le sultan
offrait des parts de baklava aux janissaires chaque quinzième jour du mois de
ramadan, lors d'une cérémonie baptisée Baklava Alayı.
Le baklava
algérien se prononce «baklawa». C'est un feuilleté à
base d'amandes et de sirop de miel. Ce gâteau aurait été inspiré du baklava
turc durant la régence ottomane et serait présent depuis plus de 300 ans. Il se
distingue par sa composition et son feuilletage atypique. C’est un dessert long
à réaliser car constitué de fines feuilles de pâte beurrées ou huilées une à
une, superposées dans un plat rond ou carré, ou enroulées sur elles-mêmes.