SOCIÉTÉ- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ESSAI
ET POÈMES AMAR BELKHODJA- « MOMO,LE POÈTE
BÉNI »
Momo, le poète béni. Essai et poèmes de Amar Belkhodja,
El Ibriz Edition, Alger 2013.,
200 dinars, 142 pages.
Chaque ville d’Algérie est, quoi que l’on
dise, quelque part orpheline d’un homme qui la représente dans ses dimensions
culturelles, cultuelles et sociétales....L’incarnation de la cité .Point de
politique, du moins directement mais seulement pacifiquement et intelligemment.
Pour ce qui concerne Alger (et pas seulement
sa Casbah),....Himoud Brahimi,
dit Momo décédé depuis plusieurs années, en juin 1997 .....certainement épuisé par les douloureux événements vécus
durant la décennie rouge est celui qui nous manque le plus (je parle ici de la
génération qui a vécu et/ou connu, à l’âge de dix-huit vingt ans, Alger et ses
lieux culturels et de convivialité emblématiques juste après l’Indépendance
L’homme réunissait plusieurs qualités en sa
« force tranquille » : La
simplicité, la discrétion, la bonhommie, l’assurance sans
prétention....et, surtout, un sens extraordinaire de la communication. Là où il
passait (avec un éternel couffin à la main), il n’y avait qu’envie de
« tailler une bavette » avec lui et ce dans le plus grand des
respects, sinon de l’admiration. Il est vrai que ses exploits et sa « carrière »
étaient plus qu’enviables.
Grand sportif (il avait enseigné, comme
moniteur, l’éducation physique aux
jeunes au niveau de la Casbah , un stade se trouvant près la caserne des
zouaves), pratiquant le yoga, fan de plongée sous-marine, recordman du monde de
la nage en apnée (5 mn 45 secondes sous l’eau) , acteur de cinéma (dont un film
documentaire 100% algérien de 1952 sur « Les plongeurs du Désert » où
il y tenait le rôle principal, de Tahar Hannache, le premier cinéaste algérien....et le film culte
de Zinet, « Tahia Ya Didou » ) , poète... mais aussi philosophe (porté sur
l’interprétation des fois religieuses, il a publié en 1958, « L’Identité
suprême »), parfois incompris (quel est le philosophe qui l’a
été ?).......et, surtout, amoureux
fou d’Alger et de sa Casbah, un lieu qu’il n’a jamais quitté et où il y
est décédé. D’ailleurs, le premier poème dédié à la Casbah portait le titre
« Mienne Casbah »....et c’était en 1949 à Paris.....Un déclic,
dira-t-il capital d’un amour qui va inciter Himoud Brahimi à regagner le pays natal, abandonnant Mouloudji,
Sartre, Brassens, Simone Signoret, Boris Vian.....
Côté poésie, l’auteur de l’essai qui a tenté
de tout regrouper comme œuvres de Momo, les a classées en trois genres, chacun
correspondant à une période de la vie de notre héros :
Ya Bahjati d’abord ! « Mienne Casbah »,
« Architecture » (dédié à la ville d’Alger) ,
« Révérence » (chantant la baie d’Alger) , Encore « Mienne
Casbah » (dédié à Paul Guion et Le Corbusier) ,
« Ressourcement » (toujours La Casbah), « Quand donc
comprendra-tu ? », « Ya Bahdjati »...
un poème en hommage à son ami de toujours, « Tahya
Didou » et « Si j’avais à dire ce que je
devais dire ».
Poèmes
ensuite !En tout , une quarantaine
De la poésie spirituelle enfin !
L’Auteur : Né en
1941 à Tiaret. Ancien journaliste à El Moudjahid (quotidien ),
historien- chercheur. Plusieurs ouvrages à son actif.
Extraits : « La
Casbah était victime de l’indifférence. Non !Plus
que l’indifférence. C’était du dédain » (Momo, p 16), «Mienne Casbah/Joyau
de ma vie/ Je sais l’amitié que éprouves à l’égard de la fidélité /Et les
combats dans tes ruelles, qui portent encore en eux/ La résonnance de la
liberté, paraissent plus propres/Au milieu de leur saleté/ Cette saleté
diabolique qui s’acoquine aux agitations/ Des gens avides d’argent et de
gloutonnerie « ( Momo, p 21), « En devenant la mémoire de La Casbah, Himoud Brahimi en devient
l’âme » (p 25)
Avis :Une re- découverte. Himoud Brahimi dit Momo : Un
homme..... un vrai. Un poète.....un grand .Un grand
amoureux de la vie et de la foi. A lire. A conserver précieusement.
Citations : « Il vaut mieux aider un homme qui reconnaît avoir été le véhicule
d’une erreur que de seconder un autre qui prétend diriger la vérité «
(Momo, p 7), « Les insoumis, le
régime politique tentera toujours de les faire taire » (pp 17-18),
« La révolte est humaine. Pour un homme intelligent, la médiocrité ne
passe pas » (Momo, p 19) , « C’est s’aimer
dans ce que l’on aime, quand on aime ce que l’on sème » (Momo, p 63)