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Roman Hedia Bensahli- "Orages"

Date de création: 15-03-2019 17:24
Dernière mise à jour: 15-03-2019 17:24
Lu: 1244 fois


SOCIÉTÉ- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ROMAN HEDIA BENSAHLI- « ORAGES »

Orages . Roman de Hedia Bensahli. Editions Fantz Fanon  , Tizi Ouzou 2018, 700 dinars, 258 pages

 

Elle s’appelle .....Au fait, celle qui raconte n’a pas de  prénom , comme si elle voulait représenter tout la gent féminine nationale.....surtout celle née dans les années 70. Vivant dans une société encore (et pour longtemps) plongée dans les us et coutumes du passé. Tout en étant soucieuse de vivre la modernité. Pas simple. Pas facile.

« Elle »,  c’est  d’abord une petite fille, imperturbable et pleine d’aisance, face à la tribu, qui se croit déjà grande et qui « se détache du bouillonnement familial qui déborde devant elle et juge inutile de fournir la moindre explication » à ses entêtements.

« Elle » est ensuite, l’étudiante de 18 ans -  déjà plus vierge car « la virginité est un état, pas une vertu »- en Cité universitaire. On y retrouve toutes les couleurs, toutes les odeurs et toutes les humeurs : les hétérodoxes, les conformistes, les orthodoxes, les révolutionnaires, les marginales, les grégaires...... Pas encore d’islamistes car nous ne sommes encore que dans les années 80....et on commence à connaître le plaisir des sorties estivales et du « camping sauvage ».La période « Chadli » !

Il y a les libertaires (et non libertines comme ont et ont eu tendance à le faire croire les conservateurs des décennies qui suivirent). Plus féministes que féminines et surtout « intellos libérées »

Il y a les « nonnes »...au rire toujours explosifs et aux histoires souvent cocasses, parfois licencieuses, la chambre devenant un « défouloir ».

Il y a, aussi,  celles qui se réservent au mariage.....et après avoir tout essayer pour convaincre leurs parents indécis de les laisser étudier ....

Il y a le groupe des « tchichis » qui fréquentent les lieux branchés......, il y a....

« Elle » a trente cinq ans. Déjà considérée comme vieille.....et même les terroristes ne la prendraient au maquis que pour la servitude de celle qui a vingt ans. Trop vieille !

 

« Elle » à Paris, en exil, fuyant, réfugiée chez une tante, « d’une intransigeance à faire marcher au pas des troupes entières ». Recherche de logement. Recherche de travail......Recherche de mari.....pas pour l’instant. Mais, la société originelle la poursuit de ses conseils (Ess’bar !) ....et elle se retrouve mariée, par amour ( ?!) ........à un « pervers narcissique », « un mouroir à lui tout seul ».......mais expérimenté en « exploitation de l’épouse par l’époux ».  Une vie en couple qui se transforme assez vite (après les premiers mamours) en enfer. Peu à peu, il (le mari) la « mange ». Un enfer encore bien plus chaud que celui algérien.....car, là, les textes sont précis et appliqués...à la lettre.

« Elle » est prisonnière de milieu originel mais aussi et surtout de sa condition de femme traditionnellement soumise.....à l’homme. Elle tarde à réagir. Puis, un jour, grâce à un psy’ (en dehors du cabinet car ce sera un  conseil d’homme dégagé de ses contraintes  déontologiques   )......et grâce à ....Google, elle trouve la « faille » et la solution.... pour se débarrasser (divorcer) de son  bourreau.....et à enfin, « grandir seule  avec sa vérité » à 52 ans. La solution ?  Il faut acheter et lire le livre.......en commençant par le début.

 

 

 

 

L’Auteure : Née à Ténès. Master en littérature (Université d’Alger) et Dea en didactologie des langues et des cultures (Sorbonne, Paris III).Enseignante.....écrivaine (premier livre) .....et, accessoirement, photographe. Prix (langue française) Yamina Mechakra 2019

Extraits : «Nous tentons quelques percées et remettrons le témoin aux générations futures. Notre mièvre slogan favori : la virginité est un état, pas une vertu  ! Niaiserie me direz-vous....oui, mais j’aimerais bien vous y voir... » (p 39),   « Ce brin de chair (l’hymen) préside au destin des femmes ;il sous-tend cette idée de beauté pure que les jeunes filles doivent absolument préserver, réserver au mâle, qui,  lui, n’a aucun problème d’image à défendre » (p 44) , « Pourquoi a-t-on placé ma vertu dans mon sexe ? L’humain a inévitablement besoin d’attester, il lui faut un sceau !Et, manque de bol, il l’a placé dans mon vagin. Pas dans ma bouche, mes seins, mon cul.......encore moins dans mon esprit.... » (p 46), « Maintenant , dans mon pays, les références au temps sont religieuses :On se retrouve après le « ‘aasser » (prière de l’après-midi) autrement dit avant le maghreb (celle du coucher du soleil)...Mais quand on dit « après el’icha » (dernière prière de la journée, elle peut se faire à n’importe quel moment ......avant l’aube), c’est là que l’entreprise se complique vraiment. Par contre, les heures des repas sont scrupuleusement respectées. » (p 161)

Avis : Les états d’âme d’une jeune.......femme vivant dans le monde « moderne », mais restant (se retrouvant)  « coincée », par respect des us et coutumes et d’une société d’hommes pervers et narcissiques........jusqu’au jour où.....  La condition de la femme....une vie compliquée........comme le livre lui-même.

Citations« La virginité ! La vertu qui légitimera ou non la descendance d’un homme.....Une charge explosive déposée dans notre vagin ;mot qui sonne désespérément creux, de tout temps incompatible avec le genre humain » (p 45), « A Paris, le temps semble être une denrée rare ;c’est fou ce qu’il passe vite ; alors pour le rattraper , il faut courir... » (p 160), « L’argent est malheureusement devenu une forme de rançon pour accéder à la « liberté ».Il a changé les temps, et les dictons le devraient aussi pour être en adéquation avec les regards sélectifs : l’habit fait maintenant le moine ! »(p 179), « Le vocabulaire désignant la femme mure a évolué pour l’enfoncer davantage. Dès la quarantaine, elle passe au statut de khalti (tante) , puis yemma (mère), deux vocables qui évoquent malgré tout l’affection. Mais, il y a aussi des mots assassins comme l’aadjouz (la vieille), celle qui a fini de « donner ». Le pire de tous reste el hadja. Consacré aux femmes de plus en plus jeunes, ce mot est sans appel :si la vieille suppose un pied dans la tombe, el hadja ,dont l’usage est plus récent et plus fréquent , va sous-entendre une fin de vie totalement résignée, vouée au culte de Dieu » (p 186)