SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RECIT
BELKACEM ACHITE- « LE MONT DES ORFÈVRES »
Le mont des orfèvres. Récit de
Belkacem Achite. Casbah
Editions, Alger 2017, 750 dinars, 270 pages
Une Histoire des Aït Yenni.......grâce aux souvenirs d’enfance et aux capacités
de recherche et d’analyse d’un homme du « pays » .
Ajoutez-y une forme littéraire qui donne au récit (presque) l’allure d’un
véritable roman. Avec son histoire profonde, ses paysages et ses lieux (huit
hameaux) , ses us , ses coutumes et ses
traditions, ses misères , ses souffrances et ses solidarités, ses personnages,
ses familles et ses clans, son saint vénéré depuis seize générations, Sidi Ali Ouyahia, ses
révoltes (dont l’insurrection de 1871)
et ses premières luttes contre les occupants étrangers (1830-1857) , la
visite de Ferhat Abbas, en 1947 accompagné de Ali Boumendjel
(dont la mère était originaire de Taourirt El Hadjadj), la visite de Messali
Hadj en mars 1947, les batailles de l’Aln, ses
centaines de chouhada morts les armes à la main ou
exécutés sommairement par l’armée française, ses héros connus ou oubliés ......
L’auteur retrace donc la marche d’une tribu, les Aït Yenni,
bien (ou mal) connue aujourd’hui
, par tous les Algériens.....pour leur maîtrise des arts de la
bijouterie, de l’ébenesterie et des armes. Du temps
de la « gouvernance » (sic !) Ottomane ,
la région était (exagérement , nous dit l’auteur et
on le croit) accusée d’être le sanctuaire des faux monnayeurs. En tout cas des
« orfèvres » qu’Ibn Khaldoun cite
d’ailleurs dans son Histoire des Berbères.
Une région et une population parcourue de légendes et de résistances. Face à
la « conquête » française durant lesquelles les femmes aussi se
distinguèrent , face aux tentatives
assimilationnistes, face à l’occupation coloniale.....jusqu’à la libération
totale du pays.
Au centre de l’histoire, Taourirt Mimoun , Taourirt El Hadjadj mais aussi
d’autres hameaux
L’Auteur : Né en 1946 à Béni Yenni . Lycée Amirouche de Tizi Ouzou. Etudes en sciences économiques et en sciences
politiques (Alger). Des fonctions supérieures au ministère du Travail puis
magistrat financier auprès de la Cour des Comptes. Retraité depuis 2009.
Extraits : « Les gens s’étaient sacrifiés pour
l’honneur. Après la défaite (début de la colonisation du pays), la devise
ancestrale « Anerrez ouala
aneknou » (plutôt être brisé que plier) pouvait
avoir plus de sens que jamais » (p 64), « Il faut rappeler que la
France avait tout fait pour opposer les Kabyles entre eux. Et, cela en
stigmatisant tout différend, toute divergence et quelque particularisme, voire
antagonisme latent , qui puisse exister ou, sinon,
être suscité dans la moindre localité... » (pp 71- 72), « Si nul ne
peut contester que l’école laïque avait bien appris à des milliers de colonisés
à lire, écrire et compter, elle n’en a pas moins réussi à lester ce capital de
connaissances de base de lourds silences, d’évidentes exagérations,
d’insoutenables mensonges ou de contre-vérités concernant le passé de la patrie
ancestrale des enfants indigènes » (p 79), « Fafa-
la France désormais affublée d’un prénom de femme volontairement escamoté pour,
depuis longtemps, désigner en Kabylie, une femmelette » (p 109),
Avis : Désormais , grâce à ce livre, on connaît bien plus et bien
mieux les ......Yennaouis (ou Iyaniouen)
. Un peu trop chargé de détails et de noms .....Pour ne pas peiner, sans
doute ? Ou, alors, par trop d’amour du « pays » ?
Citations : « La plume dont on nous avait
toujours appris qu’elle était serve, là où la parole serait quant à elle trop
libre, n’a pas le monopole de la vérité » (p 13), « La guerre avait
donc le secret de faire côtoyer autant les dangers de la mort que les périls de
l’amour ou de la passion » (p 133)