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Roman Bachir Mefti- "L'Archipel des mouches"

Date de création: 06-02-2019 12:35
Dernière mise à jour: 06-02-2019 12:35
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SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN BACHIR MEFTI- « L’ARCHIPEL DES MOUCHES »

L’archipel des mouches. Roman de Bachir Mefti (traduit de l’arabe par Warda Hammouche) . Editions Barzakh (et Editions de l’Aube, France)   , Alger 2003 (Edition originale en arabe , Alger 2000), 490 dinars, 153 pages

Une Algérie perpétuellement en guerre (s). La guerre de libération nationale et sa violence n’ont pas encore été totalement « discutées »  que voilà la « décennie rouge » .Une violence continuelle ajoutant à des traumatismes d’autres traumatismes....dans une atmosphères mélangeant le bien absolu  et le mal absolu, obligeant les individus à être dans un « entre-deux » fait beaucoup plus d’ « assassinat moral » permanent que de jouissances et de sérénité.Les plaisirs sont brefs et fuyants, insaisissables. Ainsi, notre héros (sic !) , S. se met à mourir à petit feu. Lui « le jovial, le dynamique, l’éternel révolté est devenu, peu à peu, une loque desséchée, calcinée, sclérosée, incapable de réagir ». Rien ne suscite en lui de l’enthousiasme. Ni l’enseignement, ni l’alcool, ni l’écriture. L’amour, peut-être. Hélas, il « tombe » amoureux fou d’une plus rebelle que lui ; Nadia. Elle l’aime, mais elle le fuit continuellement. Elle aussi, fuit un univers familial (des « gens d’en haut ! » sans foi, sans morale  ni loi) que l’on devine oppressant et oppresseur....et répressif.Nadia, pas touche !

De la mal-vie, un mal-amour.....de la  mauvaise bière. Et, un environnement intenable avec des gens qui, « en temps de guerre se sont conduits en héros..... » et qui par la suite, doivent « renouer avec cette époque ».....pour que les autres  (les « mouches ») se souviennent de leur bravoure. Ajoutez-y une « guerre des mots »  qui fait rage, des conflits qui éclatent un peu partout avec leurs cadavres et le retour « violent » à la religion  . Avec , au bout de tout cela, la fuite à l’étranger,  la folie, le suicide....

L’Auteur : Journaliste et écrivain arabophone, des études de langue et de littérature arabe à l’Université d’Alger, vivant et travaillant à Alger. Né en 1969. Auteur de plusieurs romans dont Achbahou almadina al Maktoula (Fantômes de la ville assassine), Doumiat Ennar (Poupée de feu), Les arbres de l’apocalyse......

Extraits : « Oran m’a paru effrayante et féroce (......). Cependant,  je l’ai trouvée belle. Sa beauté semblait porter en elle un appel au plaisir , une incitation à mordre la vie à pleines dents et à se fondre dans une atmosphère propice aux extrêmes et aux rêves les plus fous  »  (p 70) ,   « Mon père croit qu’il aime le pays tout entier parce qu’il détient le pouvoir » (p 100), «  « Les gens ne pensent pas à la mort. Ils la remisent dans un coin de leur conscience et la laissent enfler et grossir comme une métastase » (p 133)

 Avis : Déconseillé aux déprimés, aux pessimistes, aux candidats à l’immolation....et aux solitaires, la lecture ne pouvant que rajouter de l’essence (l’huile coûtant trop cher !)  à leur feu intérieur.

 Citations « L’écriture me fait don de sa joie, me plonge dans les paradoxes et me protège des chocs violents. L’écriture me place au cœur d’une aventure éprouvante ;la perte y est certaine, et l’amour un don mystérieux » (p 13), « La folie ouvre la voie à une autre vie alors que l’inconscience, elle, est un feu qui se nourrit de tentations » (p 40), « La vie seule a le pouvoir d’engendrer un événement destructeur sans qu’on puisse l’arrêter. La mort, quant à elle, frappe sans prévenir et force le respect » (p 43),  « Et si tout le drame était là, précisément, dans une génération qui a grandi dans l’obscurité et qui meurt dans le chaos ? » (p 85), « Le mensonge a toujours été notre subterfuge pour affronter le pouvoir des institutions et la terreur des pères dont le vocabulaire se limitait à gronder et à réprimer....Le mensonge résume l’histoire de ce monde. Il  est à l’origine de la vie, il conduira à la perte » ( p 110)