SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI
MAHMOUD BOUDARENE- « LA VIOLENCE SOCIALE EN ALGERIE.... »
La violence sociale en Algérie. Comprendre
son émergence et sa progression. Essai
de Mahmoud Boudarene (Préface de Fadhila Boumendjel et Dalila Iamarene-Djerbal) . Editions Koukou, Alger 2017, 500 dinars, 126 pages
« La violence est deveue
ordinaire dans notre pays . Elle est, depuis plusieurs
années (Note : en fait, beaucoup plus ) , en
progression constante et s’est emparée
du corps social pour devenir structurelle ». C’est clair, net, précis et...... dramatique. Tragique
même, puisque « l’autorité ne constitue plus ,
de toute évidence, un obstacle au passage à l’acte »
Mais, pourquoi et comment ?
L’auteur ne va pas se contenter de présenter
la situation présente à travers bien des exemples : la vie dans les cités,
le règne de la hogra et de l’indignité, l’état
psychique des sujets, la criminalité, les enlèvements et assassinats d’enfants,
les violences faites aux femmes....Il
remonte aux sources principales du mal : à la période coloniale et
à la guerre d’indépendance, aux évènements majeurs comme le Printemps berbère (chapitre assez
long au demeurant et assez politique) , et
la décennie rouge , celle des années 90 et du terrorisme.
Il dévoile, enfin, quelques pistes pour combattre la violence. En insistant , tout particulièrement, sur le rôle (pédagogique)
des médias et des réseaux sociaux. Puisse-t-il être ...lu....et
entendu........par les violents et les non-violents et ,
surtout , par ceux qui « gèrent » le phénomène !
.
L’Auteur : Psychiatre,
Docteur en Sciences bio-médicales, ancien député (2007-2012), déjà auteur de
deux ouvrages (« Le stress, entre
bien-être et souffrance » en 2005 et « L’action politique en Algérie,
un bilan, une expérience et le regard du psychiatre » en 2012)
Extraits :
« La femme –de plus en plus présente dans l’espace social - est la victime
« privilégiée » , le bouc émissaire de la violence sociale » (p
13) , « Le régime qui dirige le pays depuis l’indépendance a hérité de la
brutalité des forces coloniales françaises et a fait sienne sa férocité «
(p 14) , « Le discours religieux a interdit chez les sujets - qui se sont
engagés dans cette violence (note : celle des années 90 et du terrorisme)- toute forme de sensibilité
et d’empathie envers les victimes . Les meurtres collectifs ,
qui s’en sont suivis, ont pris l’aspect de rituels sacrificiels. Ils ont été
exécutés sans état d’âme et dans une atmosphère déshumanisée (p 41) , « L’allégeance a changé de maître ; ce n’est
plus tout à fait au Fln, tout seul, qu’elle est due. Il partage, il sous-traite
mais il continue d’abuser de son pouvoir. La légitimité historique est encore
son alliée objective » (p 123)
Avis : Un ouvrage non
académique ou universitaire.Non de sociologie ou
d’anthropologie....de réflexion et d’observateur. Un mélange harmonieux
(compréhensible par tout lecteur) )
de raisonnement médical et de pratique politique
Citations : « Un Etat qui tourne le dos à la justice ne
peut garantir la paix » (F.Boumedjel-Chitour et
D. Iamarene-Djerbal,
préface, p 11) , « Le pardon ne se décrète pas.
Il est la propriété exclusive des victimes » (p 45), « La
souffrance apparaît quand l’individu a le sentiment qu’il a perdu l’initiative
sur son existence et quand, malgré sa compétence, il ne peut ni faire de choix
ni agir » (p 53) , « Un peuple informé,
éduqué, est un peuple cultivé, civilisé, apaisé » (p 116)