SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN
ARMAND VIAL- « MON CHEMIN DE TERRE »
Mon chemin de terre. Roman de Armand Vial. Said Hannachi, Editions Média-Plus, Constantine 2017, 139 pages,
950 dinars
Revenu habiter au « pays » natal,
le personnage central (l’auteur ?)
retrouve , dans un carton éventré, des feuilles
recouvertes de textes et une enveloppe garnie de quelques photographies. Et,
alors, c’est tout un passé qui remonte à la surface.
Il n’avait que huit ans quand ses parents furent nommés
instituteurs à l’école mixte de T. , en petite Kabylie, avec la guerre de libération qui avait commencé un an avant. Le bourg se
trouvait entre deux maquis et était ,donc, un lieu de
passage de l’un à l’autre.Ils le quittèrent en
catastrophe. Peu de temps après, l’école
et le village furent déclarés par l’armée française en « zone
dangereuse »....et quelques jours plus tard, l’école fut incendiée –par
l’armée française- avec tout ce qui se trouvait à l’intérieur.
L’enfant connaissait déjà Constantine, El Harrouch, Marseille, Aix-en-Provence, La Meunière (entre
Aix et Marseille)....mais T. est restée gravée dans sa vie et sa mémoire. Seul
enfant d’origine européenne de l’école, il s’était rapidement intégré au
paysage et à la société enfantine. On l’appelait d’ailleurs Omar, et sa petite
copine était Ania (qui lui a remis une grenade à déguster et dans une boîte de
tabac, à priser, - de marque « l’Abeille » - une mèche de ses cheveux
lui faisant promettre de toujours la conserver). Ce qu’il fit. Il est même
reparti à T. .......Il a retrouvé peu de traces, sinon un bâtiment abandonné,
beaucoup de lieux bétonnés et le chemin de terre de son enfance désormais goudronné......plus
aucun bourricot chargé de guerbas, plus de figuiers
de barbarie et encore moins de grenadiers. Quant aux pieds nus des femmes, ils
sont tous cachés .
Invité à manger chez l’habitant (des
descendants du gardien de l’ école ) , il renoue
un peu avec le passé ....et il repart, pas totalement guéri de n’avoir pas
retrouvé toute son enfance à T. Heureusement, juste avant son départ, une dame, celle qui a préparé le repas (et
enseignante d’anglais) et très discrète mais
les yeux pétillant de joie,
s’est laissée photographier , seule (attention ! « à
ne pas mettre sur internet ») .....et l’a rattrapé en courant sur le chemin pour
lui offrir une bouteille d’huile d’olive.
Ania ?
L’ Auteur: Né à
Constantine, il est revenu y vivre et
poursuivre son travail artistique. Photographe et écrivain, il a publié de
nombreux ouvrages dont
« Ksar Tina », un livre (texte et photographies) de 178 pages aux Éditions Sedia.
Extrait : « Je ne sais plus qui je suis, où je suis, d’où je viens, encore
moins où je vais » ( p 22), « Mon imagination perturbée, troublée par le
temps qui passe trop vite, par des déchirures et des blessures, par cette
vieille sensation d’avoir un pied ici et l’autre là-bas, par le déroulement de
l’Histoire et ses conséquences, par un monde en régression fait de sauvagerie
et de violence, dans lequel la pensée se perd. » (p 27)
Avis : Style
mélangeant prose et poésie, dans une atmosphère de triste nostalgie.
Citation : « La
photographie est une écriture et non pas un simple shoot hors de toute pensée,
de toute réflexion, de tout projet » ( p 19)