SOCIETE- CRIMINALITE- VIOLENCES CONTRE ENFANTS
“La banalisation de la violence a atteint son summum et de
nouveaux standards en Algérie, à tel point que le discours brutal est devenu un
mode de communication, y compris à l’intérieur de la famille, dont les membres
prennent goût à s’exprimer avec des comportements brusques. Nous avons une
société complètement déboussolée.” C’est ce qu’a indiqué,mercredi 21 novembre 2018, ; au forum organisé par la Direction générale de
la Sûreté nationale (DGSN), Mustapha Khiati,
président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le
développement de la recherche (Forem). Estimant que
“notre école forme, mais n’éduque pas”, le Pr Khiati
a affirmé que “l’Algérie ne serait pas tomber dans
l’autosatisfaction si on avait réalisé quelques avancées”. Abordant les
violences faites aux enfants, à l’occasion de la Journée mondiale des droits de
l’enfant, le président de la Forem a révélé que les
enfants sont non seulement victimes de la déperdition scolaire avec un taux
d’analphabètes de plus de 15% pour des élèves âgés entre 14 et 16 ans, mais
aussi d’un système de santé qui ne répond guère à leurs attentes. Pour M. Khiati, l’Algérie devra changer de stratégie de prise en
charge des enfants et lance un appel à la société pour protéger cette frange
vulnérable. “La dénonciation ne signifie pas la délation. C’est un devoir”, a
indiqué le conférencier, révélant que près de 12 000 enfants font l’objet
de maltraitance et plus de 2 000 enfants subissent des violences
sexuelles, dont 80% des cas sont constatés à l’intérieur des domiciles
familiaux. “La violence faite aux enfants a gagné beaucoup de terrain et nous
sommes en train de la transférer aux futures générations”, a développé le Pr Khiati qui avoue que le relogement des milliers de familles
anonymes dans les nouvelles cités a fragilisé la tissu social. Parallèlement,
explique le conférencier, l’Algérie fait face aux enfants de la rue, qui
passent leurs nuits dans des abribus, voire même dans des cimetières. Plus de
25% s’adonnent à la drogue et ont consommé leur rupture avec leurs familles.
“Nos enfants sont exploités même dans des oueds dans le pillage de sable en
nocturne”, déplore encore le Pr Khiati. Abordant les
violences faites aux femmes, Yasmine Khouas, chef du bureau de protection de l’enfance à la
DGSN, a indiqué que la violence est, malheureusement, devenue l’outil de
communication envers les femmes. Avec 7 081 cas de violence enregistrés de
janvier à fin octobre 2018, ce sont plus de 5 000 cas de violence physique
perpétrée contre les femmes qui ont été constatés par la DGSN, dont 58,26% dus
aux conflits sociaux. Les victimes, majoritairement âgées entre 26 et 35 ans,
sont violentées à la maison (65,10%) par leur mari, dont 35,91% travaillent et
30,23% sont au chômage. Selon Mme Khouas, une étude
analytique de la DGSN a révélé que 87,57% des cas de violence sont enregistrés
dans les quartiers populaires, les bidonvilles et les habitations précaires,
affirmant que 170 des victimes souffrent d’un handicap physique, 12 autres d’un
handicap psychique, 130 autres victimes de maladies chroniques et 781 femmes,
âgées de plus de 60 ans, à cause des conflits sociaux et de la malvie. En outre, révèle la conférencière, 1 670
femmes, victimes de ces violences, exercent dans des entreprises, des écoles ou
encore dans des hôpitaux, 4 autres victimes sont des cadres supérieurs, 317
victimes ont un niveau universitaire et 110 jeunes femmes sont au chômage. En
revanche,
Mme Khouas regrette que les femmes violentées
n’aillent pas jusqu’au bout de leurs plaintes déposées au commissariat de
police. Elle a révélé que sur les 733 plaintes déposées en 2018, plus de 410
ont été retirées par les victimes, et ce, par peur de représailles de leur époux
ou encore de leur famille.