COMMERCE- CONTREFAÇON- CAFÉ- ENQUÊTE
APOCE 2018
Plus de 84% des marques de café commercialisées en Algérie ne
sont pas conformes à la réglementation en matière d’étiquetage. C’est l’une des
conclusions de l’enquête enclenchée par l’Association de protection et
d’orientation des consommateurs (Apoce) sur 12
échantillons des différents cafés vendus sur le marché national. Les analyses
effectuées par trois laboratoires locaux révèlent des irrégularités,
notamment le manque de renseignements liés à ces produits sur l’emballage de
presque la majorité des cafés. En plus clair, les matières ajoutées n’ont pas
été portées sur l’étiquette comme l’exige la réglementation. La non-conformité
concerne ainsi le taux élevé de sucre ou le non-respect de la mention des
matières ajoutées et leur taux sur le conditionnement tel que l’exige le décret
exécutif n°17-99 du 26 février 2017 fixant les caractéristiques du café, ainsi
que les conditions et les modalités de sa mise à la consommation. La
dénomination de vente “café torréfié au sucre”, “café moulu torréfié au sucre”
doit être complétée, tel que l’exige l’article 26 du décret, “par l'indication
du taux de type de sucre ajouté avec le même caractère et la même taille d'écriture,
de manière visible, lisible et indélébile et doivent figurer dans le même champ
visuel principal de l'emballage du produit”. La quantité des matières ajoutées
est, cependant, arrêtée par ce texte. “La proportion du sucre, du caramel ou de
l'amidon ajouté ne doit pas dépasser 3%”, est-il mentionné dans l’article 19.
Or, d’autres résultats de l’enquête sur le taux de sucre utilisé dans le café
par les producteurs classent l’ensemble de ces modèles analysés en trois
catégories. Mustapha Zebdi, président de l’Apoce, affirme (mi-novembre 2018) que cinq marques parmi les
12 existantes sur le marché contiennent un taux de sucre “satisfaisant”, soit
moins de 3%. Selon lui, “Many”, “Ammar”, “Bonal”, “Africafé”, “Nizière” composent ce premier lot. M. Zebdi,
qui a animé une conférence de presse hier, considère que cinq autres ont un
taux “acceptable”, c’est-à-dire qui avoisine les 3% et forment la deuxième
catégorie. Il souligne, en revanche, que les détenteurs de deux autres marques
sont “défaillants”, car les expertises indiquent qu’il y a eu “tromperie” sur
le produit, d’autant plus que le taux de sucre dans ces deux cafés “se situe
entre 10 et 14%”. Ce qui rend le café transformé nocif à cause de la
saturation du sucre. Celui-ci, une fois brûlé à plus de 120°C, produit une
molécule dangereuse. Il s’agit de l’acrylamide qui a
un effet néfaste sur le système nerveux chez l’homme et provoquerait même des
cancers du sein chez la femme. L’organisation s’est fixé un délai de trois mois
pour refaire de nouvelles analyses sur ces cafés. “Cette échéance permettra aux
producteurs classés dans la seconde catégorie (acceptables) de s’améliorer
davantage et aux deux fraudeurs de se conformer à la législation pour ne pas
causer de préjudices sur la santé des consommateurs”, explique le président de
l’Apoce. Sinon, menace-t-il, “nous serons dans
l’obligation de dévoiler les noms de ces deux marques”. Face à tous ces
dépassements et anomalies, Mustapha Zebdi demande la
révision du décret exécutif afin d’enlever la phrase de l’article qui autorise
le rajout de sucre dans le café. Cette brèche, déplore-t-il, a été exploitée
par les producteurs indélicats pour abuser dans l’utilisation du
sucre.