SOCIETE- MAUX SOCIAUX-
DROGUE- RAPPORT ONLCDT 2017
Rendu public, samedi 3
mars 2018, le dernier rapport de l’ONLCDT (Office national de lutte contre la
drogue et la toxicomanie) constate une sensible baisse des quantités de drogue
saisies par les services de sécurité : Baisse de plus de 60%
des saisies en trois années.
Un exploit, diront les moins avertis, mais les spécialistes craignent que
cette baisse cache, en fait, de nouvelles méthodes des réseaux de trafiquants,
pour contourner le dispositif de lutte instauré par les forces de sécurité
(douane, police et gendarmerie), notamment à l’ouest du pays, d’où sont
convoyés plus de 70% des quantités saisies et au Sud, qui constitue 17%
du trafic.
Ainsi, selon l’Office, le volume de résine de cannabis récupéré a chuté de
plus de 51 %, par rapport en 2016, et de prés de 60 % par rapport à 2015,
laquelle année a connu une baisse de 30 % par rapport à 2014.
Par contre les drogues dures ont connu une forte proportion à la baisse,
soit 68,5 % par rapport à 2016, alors que la saisie des psychotropes connait
une hausse inquiétante de 46 % par rapport à 2016 et concernent une large gamme
de comprimés Temesta, Rivotril,
Diazepam, l’Artane, Roxil, aussi dangereux les uns que les autres,
auxquels est venue se greffer un autre produit plus destructeur pour la santé,
le Subutex qui cause une dégradation irréversible de
la santé physique et mentale.
En outre, le rapport de l’office fait état d’un nombre de plus en plus
important des personnes impliquées dans les affaires de drogue, passé de 23 000
en 2015 à 37 000 en 2016, pour atteindre 42 400 en 2017.
La plus grande proportion des 42 400 arrêtés en 2017 (dont 274
étrangers et 642 en état de fuite), soit 22 929 individus sont des
consommateurs de cannabis, et 8 622 sont des trafiquants. Ils sont également
5625 usagers de psychotropes et 4.903 de vendeurs de comprimés.
Cette tendance est inversée en matière de drogue dure, puisque le nombre
des trafiquants est de 219 alors que celui des consommateurs est
arrêté à 91. Pour ce qui est des affaires traitées en matière de drogue,
le bilan de l’Office fait état de 32.952 affaires en 2017,
contre 30.113 en 2016, année où il a recensé 37 616 individus impliqués,
soit plus de 44 % par rapport à celui de 2015.
Durant cette année (2015), il est fait état de 7.392 dealers pour
22.352 usagers de résine de cannabis, de 3.898 trafiquants de psychotropes et
de 3700 consommateurs de comprimés.
Ces chiffres sont inversés lorsqu’il s’agit de drogue dure puisque le
nombre de trafiquants est plus importants, 185, que celui des
consommateurs, 55 consommateurs. Ces statistiques montrent que le trafic de
drogue est entrain connait une très grande évolution. Non seulement, il touche
une plus large catégorie de jeunes, dont l’âge est de plus en plus bas, il fait
apparaitre un intérêt grandissant pour les psychotropes. Cela ne veut pas
dire que le cannabis perd du terrain avec la baisse des quantités de saisie.
Bien au contraire, il est à craindre que les narcotrafiquants aient trouvé
d’autres moyens pour sécuriser leurs convois du Maroc, présenté par l’Office
onusien de lutte contre la drogue, comme premier producteur mondiale de cette
drogue, vers l’Algérie. Les statistiques relatives à la prise en charge des
toxicomanes sont loin de refléter la réalité des dégâts occasionnés sur les
jeunes.
En 2017, ils étaient
plus de 17 567 toxicomanes à avoir bénéficié d’une thérapie, dont 525 ont moins
de 15 ans d’âge, alors qu’en 2016, ils étaient plus de 19 000 dont plus de 600
adolescents…
17 567 toxicomanes ont reçu des soins dont 525 adolescents
Au sujet de la prise en charge des consommateurs de drogue, le rapport de
l’Office pour l’année 2017, avance un nombre de 17.567 toxicomanes ayant
bénéficié d`une prise en charge médicale et thérapeutique, dont 36, 18 %, soit
6.355 ont un âge compris entre 26 et 35 ans.
La tranche d’âge comprise entre 16 et 25 ans, représente 6203 toxicomanes
traités alors que les moins de 15 ans, représentent 525 cas. Le rapport
explique que la prise en charge des toxicomanes, pour soins et désintoxication,
a concerné 16.218 bénéficiaires de consultations externes, 1.177 autres
bénéficiaires d`hospitalisation volontaire et enfin 172 toxicomanes ont fait
l`objet d`injonction thérapeutique.
Sur le total des toxicomanes traités, le rapport fait ressortir 1.782
femmes soit 10,14%, et 15.785 hommes, soit 89,86%, et a révélé que
sur le total des toxicomanes traités, 8.067 sont des travailleurs
ce qui représente, 45,92%, et 7.700 autres sont sans emploi, soit 43,83%, alors
que 1.800 sont des étudiants soit 10,25%.
Pour les neuf premiers mois de 2016, l’Office a fait état de 21 507
toxicomanes, dont plus de 39 % sont âgés entre 16 et 25 ans, ayant
bénéficié d`une prise en charge médicale et thérapeutique. Selon ce
bilan, 8 212 personnes sont âgées entre 26 et 35 ans alors que 4
189 toxicomanes ont plus de 35 ans et 617 autres ont moins de 15 ans.
La prise en charge des toxicomanes pour soins et désintoxication a concerné
19 720 bénéficiaires de consultations externes, 1 726 autres bénéficiaires
d’hospitalisation volontaire et enfin 61 toxicomanes ont fait l`objet d`injonction
thérapeutique.
Le rapport précise que 15 789 personnes (73,41% du total) sont célibataires
et 4 987 personnes (23,19%) sont mariées. Sur le total des toxicomanes traités,
2 128 sont des femmes et 19 379 des hommes.
Concernant la
situation professionnelle, l’Office a révélé que plus de 55,82% sont sans
emploi, 35,16% sont des travailleurs et que seulement 9,02% des toxicomanes
bénéficiaires d'une prise en charge médicale et thérapeutique durant cette même
période de référence sont des étudiants.
Note : -La consommation des drogues devient
de plus en plus inquiétante surtout en milieu de jeunes. C’est ce que
confirment les données fournies en juin 2018 par Youcef
Terfaoui, médecin spécialiste des maladies non
transmissibles, qui note une augmentation «sensible» du nombre de consommateurs
ces dernières années.
En effet, ce médecin qui était invité de l’émission «kahwa ou jarnan», de la chaine de
télévision Ennahar, a révélé que le nombre de jeunes
qui fréquentent les centres de prises en charge spécialisées de ce genre
d’addiction, a pratiquement doublé en seulement cinq années. Ainsi, le nombre
de consommateurs de drogue qui était de 12000 en 2012, est monté à 23000 en
2017.
Youcef Terfaoui a précisé que les
jeunes dont l’âge ne dépasse pas les 16 ans sont les plus grands consommateurs
de différentes drogues et psychotropes. Il a souligné justement que le cannabis
et la drogue la plus consommée suivie des psychotropes et même de la cocaïne.
Un constat qui confirme que l’Algérie tend à devenir
un pays consommateur et non pas uniquement de transit de la drogue. Les 701kg
de cocaïnes interceptées récemment au port d’Oran et qui fait les choux gras
des médias accréditent par ailleurs cette triste réalité.