SOCIETE – ETRANGER – DROGUE - CANNABIS – MAROC
Le Maroc est le principal producteur mondial de cannabis avec plus de 38 000 tonnes en 2012, loin devant le Mexique (12 166 tonnes), d’après le dernier rapport, paru fin juin, de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Les surfaces cultivées sont estimées à 52 000 hectares contre 47 000 en 2011. Il y a dix ans, les superficies consacrées à la culture du cannabis étaient de 130 000 ha.
Ces données sur les superficies cultivées de cannabis ont été fournies par le gouvernement marocain, alors que l’ONUDC n’a plus été autorisé par le Maroc à effectuer d’enquête sur le terrain depuis 2005, lorsqu’il avait évalué cette superficie à 72 500 hectares. Si les surfaces cultivées ont été certainement réduites sous la pression de l’Union européenne, le trafic n’a jamais cessé.
Au royaume chérifien, plus de 800 000 personnes vivent de la culture du cannabis dont les ventes annuelles sont estimées à 10 milliards de dollars, une somme qui correspond à 10% du PIB marocain. Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, les exportations marocaines de résine de cannabis s’élèveraient à 114 milliards de dirhams par an (soit 13,5 milliards de dollars).
Destinée principalement aux marchés européen et africain, la production de cannabis est concentrée dans le nord du pays, dans les montagnes du Rif, une région berbère réputée pour sa dissidence envers le palais et qui affiche les taux de pauvreté les plus élevés du royaume.
Ce rapport publié par l’ONUDC corrobore celui élaboré en mars dernier par l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), un groupe d’experts indépendants associé à l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les récents chiffres de cet organisme mondial indiquent que 72% de la quantité de résine de cannabis saisie dans le monde proviennent du Maroc. Dans son rapport, l’OICS avait mis l’accent sur l’ampleur des coûts économiques et sociaux de l’abus de drogue du point de vue de la santé, de la sécurité publique et de la criminalité.
Le rapport de l’OICS avait alors indiqué que l’Afrique du Nord, l’Algérie en tête, représentait la sous-région de l’Afrique qui enregistre les plus grandes saisies de résine de cannabis provenant du Maroc, estimant aussi qu’un tiers de la résine produite au Maroc transite par les pays de la région du Sahel. Face à un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur, la classe politique marocaine a relancé le débat sur la nécessité d’une légalisation sur la culture du cannabis à des fins thérapeutiques et industrielles.
Deux formations politiques, à savoir l’Istiqlal et le Parti de l’authenticité et de la modernité, proches du palais royal, ont déposé des projets de loi au Parlement pour sa dépénalisation. Le débat avait été lancé pour la première fois en 2008 par la Coalition marocaine pour l’utilisation du cannabis à des fins médicinales et industrielles.
A l’indépendance du Maroc, en 1956, Mohammed V, le grand-père de l’actuel monarque, avait permis la plantation de kif dans le Rif par décret royal pour éviter l’importation de cigarettes françaises