SOCIETE- PRATIQUES- HAOUILI
(EL MELHFA) /VÊTEMENT OUARGLA
© El Moudjahid/Chahinaz Ghellab, jeudi 20
novembre 2025
Qu’elle soit en tissu, en soie ou en étoffe tissée à la main sur le
mensej traditionnel, El-Melhfa ouarglie
demeure l’un des plus beaux habits traditionnels d’Algérie.
A Ouargla, le patrimoine
vestimentaire ne se limite pas à un simple vêtement, il incarne une identité,
un mode de vie et une mémoire collective. Parmi ces symboles, El-Melhfa
occupe une place particulière. Face aux courants impétueux de la mondialisation
et à l’avancée inéluctable de la modernité dans la vie quotidienne, El Melhfa
continue de résister aux mutations. Elle conserve toute son authenticité,
s’affirmant comme un symbole identitaire et une mémoire vivante qui relie
harmonieusement le passé au présent. Encore habillée par les femmes du Ksar,
El-Haouli est une véritable œuvre d’art, un héritage
vivant transmis de mère en fille. Insensible au passage du temps, elle continue
de trôner, avec grâce et éclat, au sommet des cérémonies nuptiales comme
symbole d’élégance et de fierté féminine profondément enraciné dans la culture
des habitants du Ksar. Plus qu’un simple vêtement, elle incarne la féminité, la
pudeur et l’identité culturelle des femmes ouarglies,
témoignant d’un savoir-faire ancestral toujours vivant. Le patrimoine local
trouve encore des gardiennes passionnées. Parmi elles, Malika Dadi, présidente de l’association At Hanati
du patrimoine et de la culture. Dans une petite salle nichée au cœur de la
maison de la Culture Moufdi-Zakaria, Khalti Malika, comme on la surnomme localement, poursuit
inlassablement son œuvre de transmission du patrimoine vivant du vieux Ksar et
de ses habitants. Elle présente une sorte de musée miniature qui retrace la vie
des vieux habitants de La Casbah. À travers cette initiative, elle perpétue
avec passion la transmission du patrimoine local et des traditions de ses
habitants. Vêtements traditionnels, ustensiles anciens, outils du quotidien,
tapis et tissages artisanaux, autant d’objets qui racontent l’histoire et
l’authenticité du vieux Ksar. Dès que l’on franchit cet espace, on a
l’impression de remonter plusieurs décennies en arrière. Même le thé, préparé
par Khalti Malika sur la braise et à la vapeur,
révèle une saveur particulière qui transforme chaque gorgée en un moment
unique. Assis sur les tapis artisanaux étendus au sol, le visiteur retrouve la
chaleur des veillées familiales, encore profondément ancrées dans la mémoire
collective des habitants de la région. Mais ce qui capte le plus les regards
dans ce décor typiquement ouargli, reste l’élégance
de son costume traditionnel, El Melhfa, appelé localement El Haouli, dont les modèles suspendus aux murs séduisent par
leurs couleurs éclatantes et la finesse de leurs accessoires. Ce costume
traditionnel authentique, qui accompagne depuis toujours la femme ouarglie, en particulier, et la femme du Sud, en général,
notamment lors des occasions festives, se distingue par ses couleurs éclatantes
et son style raffiné. Il se compose, explique Khalti
Malika, de trois pièces principales : la «Souriya»,
confectionnée en tissu soyeux, la «Temlehfet»,
taillée dans des étoffes nobles et précieuses, et la ceinture en laine, appelée
localement «Tebchit». Selon Melle Mounia Ben Yezza, habitante du vieux Ksar et militante engagée dans la
valorisation du patrimoine local, dans un entretien avec El Moudjahid, ce
vêtement traditionnel ne quitte jamais la femme ouarglie,
en particulier la mariée. El-Haouli se porte
par-dessus d’autres vêtements, notamment la souriya,
une tunique légère ornée de manches (Kmem) en tulle
perlé. Maintenu à la taille par une large ceinture en laine (Tabchit), le haouli se distingue
par la richesse de ses couleurs, rouge, noir ou vert, qui varient selon les
goûts et les occasions. Ce vêtement est souvent accompagné de bijoux et
d’ornements traditionnels, tels que les alalaq (de
grands anneaux boucles d'oreilles), le Khalkhal et la
Tenqayt. Pour compléter la parure, la femme ouarglie porte également le Cherbouch
et se couvre la tête d’un voile appelé Meh’rama. Lors
du premier jour du mariage, appelé «Yaoum
Sidi Abdelkader» et célébré le lundi, la mariée revêt la melhfa en tissu. Le
mercredi, elle porte le haouli noir tissé en laine,
puis le jeudi, le haouli vert en laine, chaque
couleur marquant une étape particulière de la cérémonie et reflétant la
richesse des traditions nuptiales de la région d'Ouargla, a ajouté Ben Yezza. À travers ces tenues colorées et chargées de
symboles, se perpétue, à Ouargla, l’héritage vestimentaire des ancêtres.