COMMERCE-
FORMATION CONTINUE- COMMERCIALISATION/PERSONNALISATION
© https://comarketing-news.fr/ Sam
Richardson, Executive Engagement Director,
EMEA & APJ chez Twilio
Expérience client : comment réconcilier
technologie et relation humaine ?
La promesse de la personnalisation à grande échelle est aujourd’hui au cœur du
marketing moderne. Grâce à la montée en puissance des architectures data, des
plateformes omnicanales et de l’intelligence artificielle générative, les
marques disposent de moyens technologiques inédits pour affiner leurs parcours clients,
contextualiser chaque interaction, et piloter l’engagement en temps réel.
Mais entre la sophistication croissante des dispositifs et le vécu réel des
consommateurs, un écart demeure, et parfois se creuse.Car si l’IA permet d’industrialiser la personnalisation,
elle ne garantit ni la pertinence ressentie, ni la confiance accordée.L’enjeu n’est plus seulement de faire fonctionner
la machine, mais de restaurer une relation fondée sur la clarté, l’équilibre et
une vraie valeur relationnelle perçue.
Personnalisation
: une attente forte, une exécution encore limitée : Selon l’étude State of Customer Engagement
Report, 83 % des consommateurs français se déclarent
plus enclins à acheter lorsqu’ils reçoivent une expérience personnalisée en
temps réel.
Un chiffre révélateur : la pertinence contextuelle n’est plus un bonus,
elle est devenue un standard attendu. Les clients veulent se sentir compris
dans l’instant, reconnus dans leur intention, accompagnés avec cohérence sur le
canal de leur choix.Pourtant,
cette attente massive bute sur une réalité opérationnelle : seules 44 %
des marques estiment aujourd’hui pouvoir offrir ce niveau de personnalisation.
En cause : des systèmes cloisonnés, des approches court-termistes
centrées sur la performance immédiate, et des déploiements technologiques trop
souvent déconnectés des usages réels.
Ce fossé entre promesse et exécution crée des expériences perçues comme
impersonnelles, répétitives, voire intrusives.
La
confiance, grand angle mort de la relation client : Plus préoccupant encore, l’étude révèle une défiance croissante autour de
l’usage des données.61 % des consommateurs estiment que leurs informations
personnelles ne sont pas utilisées dans leur intérêt, et seuls 15 %
accordent une confiance “totale” à une marque dans la gestion de leurs données.Ce paradoxe est frappant : alors que 75 % des
marques déclarent une hausse des dépenses clients grâce à la
personnalisation, les consommateurs eux-mêmes s’interrogent sur
l’éthique et la finalité de cette personnalisation.Le décalage est d’autant plus
flagrant lorsque certaines pratiques, comme les alertes de stock
artificiellement limité ou la mise en scène de rareté, donnent l’illusion de personnalisation
tout en générant une pression psychologique.Le client
réalise que ses données ne sont pas utilisées pour lui rendre service, mais
pour manipuler son comportement d’achat. Le résultat : une perte de confiance,
une perception de déséquilibre, et une remise en cause de la légitimité de la
relation.
Il
ne suffit pas de personnaliser, il faut que ce soit perçu comme juste : Dans un environnement où la fidélité est plus difficile à obtenir que
jamais, 71 % des consommateurs abandonnent un achat si l’expérience n’est pas
adaptée, les marques ne peuvent plus se contenter d’exécuter des scénarios
automatisés.
La personnalisation doit être comprise, acceptée et désirée. Cela suppose
de prendre en compte de nouvelles dimensions dans l’expérience client : la
perception de l’utilité, la lisibilité de l’intention, la capacité à instaurer
un cadre relationnel juste.
La confiance ne peut plus être considérée comme un simple “climat ambiant”.
Elle doit devenir un indicateur actif de performance relationnelle.L’étude Twilio
2025 est explicite : 84 % des consommateurs souhaitent pouvoir contrôler leurs
options de personnalisation, et 54 % veulent savoir s’ils interagissent
avec une IA ou un humain.Ces
attentes ne sont pas anecdotiques, elles dessinent les contours d’une relation
plus mature, où la transparence et la co-construction prennent le pas sur
l’optimisation unilatérale.
Vers
une personnalisation augmentée… par l’empathie : À l’heure où l’IA est capable de générer des contenus, prédire des
intentions ou orchestrer des interactions à grande échelle, la tentation de
l’automatisation intégrale est forte.Mais
une expérience client performante ne peut être totalement mécanisée. Ce qui
fait la différence, c’est la capacité à concevoir des parcours hybrides, où l’intelligence
artificielle optimise sans déshumaniser.Cela
implique de redonner une place stratégique à l’humain :
réintégrer des moments de contact émotionnels, valoriser les canaux porteurs
d’écoute (comme la voix), et repenser le rôle des conseillers comme extensions
vivantes du système de personnalisation. L’IA devient alors un outil d’agilité,
non une substitution à l’engagement.Des
marques comme le Chelsea FC l’ont bien
compris. Le club londonien personnalise ses interactions avec ses fans selon
leur profil, leur localisation et leur comportement : contenus exclusifs pour
ceux présents au stade, messages adaptés aux fuseaux horaires pour les
supporters à l’étranger, recommandations contextualisées. Ici, la
personnalisation agit comme prolongement de l’émotion, non comme stratégie
d’optimisation.
L’expérience
client, nouvelle frontière de la performance durable : Dans un marché de plus en plus concurrentiel et dominé par l’IA, les
marques qui réussiront ne seront pas celles qui collectent le plus de données,
mais celles qui en font bon usage, en respectant un principe fondamental :
chaque interaction doit créer de la valeur pour le client et pour l’entreprise.
Réconcilier technologie et relation humaine, c’est comprendre que la
fidélité ne s’achète pas, elle se construit.
Et que dans un monde saturé d’algorithmes, ce qui restera différenciant,
c’est l’intention ressentie derrière chaque message…