COMMERCE-
FORMATION CONTINUE- CONFIANCE/ CONSOMMATEURS/RECONQUÊTE (I/II)
© https://www.e-marketing.fr/ Matis Demazeau le 25 août 2025
Bad buzz :
comment reconquérir la confiance des consommateurs ?
Un tweet de trop, un partenariat mal
perçu, une rumeur mal gérée... À l'heure des réseaux sociaux et de la défiance
généralisée, un seul faux pas peut faire vaciller une marque. Dans ce contexte,
des précautions s'imposent. Aussi, la transparence, la réactivité et l'empathie
ne sont plus des options, mais des impératifs. Tour d'horizon des actions
vertueuses pour rester crédible mais aussi regagner la confiance des
consommateurs.
De la viande
de cheval dans les lasagnes surgelées de Findus, des employés du groupe immobilier Orpi qui agressent une députée européenne, une demande de mariage
gâchée à Dinseyland Paris, des soupçons sur la participation de Huawei à
la surveillance de la minorité ouïghoure en Chine... Les polémiques et bad buzz peuvent surgir de partout et frapper
n'importe quelle marque.Dernièrement, Pernod Ricard en
a même fait les frais en... envisageant un partenariat avec le Paris
Saint-Germain : une initiative qui a, sans surprise, suscité la colère de
nombreux consommateurs marseillais. Face aux appels au boycott de ses produits,
le groupe a finalement décidé de faire marche arrière.
Des clients de plus en plus méfiants : Ce type de scandales porte évidemment atteinte à la confiance des
consommateurs. Une tendance qui s'est renforcée au fil des décennies : "Nous
identifions une montée en puissance de la méfiance envers les marques depuis
les 15-20 dernières années", observe Rémy Oudghiri,
sociologue et directeur de Sociovision (groupe Ifop).D'après lui, cela s'inscrit dans une tendance plus
large de remise en question des institutions, où la population devient de plus
en plus critique et attentive à l'éthique, à la transparence et à la cohérence
des discours des entreprises et des personnalités publiques. "L'ensemble
des institutions est désormais remis en cause. Cela s'explique par le fait que
nous sommes entrés dans un monde plus horizontal, notamment depuis l'émergence
des réseaux sociaux. Aujourd'hui, les individus sont plus experts, informés, et
donc forcément plus exigeants", poursuit-il. 62 % des consommateurs
considèrent la confiance comme un élément central dans leur relation avec les
marques
La culture de l'évaluation (sur
Google, TripAdvisor...) qui en découle n'est également pas étrangère à ce
phénomène. "Nous vivons un moment de défiance systémique : les
baromètres de réputation plafonnent, la moitié des clients vérifient trois
sources avant d'acheter, et le moindre bad buzz se
propage plus vite qu'une alerte météo. À cela s'ajoute l'effet loupe des deepfakes et des IA génératives : demain, la rumeur ne se
contentera plus de mots, elle fabriquera des images 'preuves' en haute
résolution", explique, pour sa part, Florian Silnicki,
fondateur de l'agence de communication de crise LaFrenchCom
et auteur de l'ouvrage La com de crise : Une entreprise ne devrait pas dire ça !.
Une nécessaire transparence : Dans ce contexte, comment les marques peuvent-elles regagner la confiance
du public ? Rémy Oudghiri met en lumière plusieurs
leviers essentiels sur lesquels les entreprises peuvent s'appuyer. Le premier
d'entre eux - et sans doute le plus important - est la transparence. "Il
est essentiel pour les marques de ne pas laisser les consommateurs croire
qu'elles dissimulent des informations. L'exemple du Nutri-Score en est une illustration
parlante : les entreprises qui choisissent de ne pas l'afficher s'exposent à
une perte de confiance encore plus grande que celles qui assument un score peu
favorable", assure le sociologue. Selon Laurent
Vibert, expert en communication de crise, fondateur de Nitidis,
la réaction de France Travail en février 2024 à la suite de la fuite de données
de plus de 40 millions d'utilisateurs montre aussi l'importance de la sincérité
des entreprises. "La réponse a été rapide, structurée, coordonnée
avec l'ANSSI. Un portail d'information spécifique a été ouvert, les usagers ont
été informés, les canaux numériques et presse ont été activés de façon
cohérente. La crédibilité a été préservée grâce à un pilotage structuré et une
communication transparente", indique-t-il. Cette transparence est d'autant plus indispensable qu'elle tend à devenir
une exigence légale. "Les marques naviguent aussi sous une
nouvelle pression réglementaire : CSRD, DSA, loi Climat... autant de
dispositifs qui transforment la transparence en obligation légale. Dans ce
contexte, le marketing de la confiance n'est plus un concept sympa, c'est le
prix d'entrée sur le marché", note Florian Silnicki.
Autre pilier pour consolider (ou
restaurer...) la crédibilité des marques : l'engagement. "On attend d'une marque qu'elle propose des
services ou des produits de qualité mais également qu'elle soit engagée pour
une cause, de préférence en lien avec son secteur d'activité. Surtout dans un
pays comme la France où les citoyens ont le sentiment d'un Etat impuissant :
les entreprises ont un véritable rôle sociétal à jouer", souligne Rémy
Oudghiri.Encore faut-il que les marques tiennent
leurs promesses. "Les consommateurs doivent avoir le sentiment
qu'elles s'inscrivent dans le temps long et ne remettent pas en cause leur
stratégie tous les quatre matins. Ils ont aussi besoin d'avoir des preuves
d'avancées concrètes", affirme le directeur de Sociovision.
Si dans cette période troublée et instable, l'aspect historique ou patrimonial
d'une marque rassure les consommateurs et renforce leur sentiment
d'attachement, la proximité, représente, aux yeux du sociologue, un autre
pilier important de la confiance. "Dans de nombreux secteurs, les
clients attendent un accompagnement personnalisé de la part d'un conseiller ou
d'un expert. Cette dimension humaine fait pleinement partie de l'expérience de
marque, et à l'ère de l'intelligence artificielle, il devient plus que jamais
essentiel de cultiver et de valoriser cette proximité".