SOCIETE- VIOLENCE- VIOLENCES
CONTRE LES FEMMES/ ETUDE INSP 2023, 5 RÉGIONS
L’INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ
PUBLIQUE (INSP) A RÉCEMMENT MENÉ UNE ENQUÊTE pour comprendre les
caractéristiques socio-démographiques des femmes victimes de violences.
L’objectif était aussi de mieux connaître les circonstances des agressions, les
profils des auteurs et les modalités de prise en charge des victimes.
L’étude a été réalisée dans
cinq wilayas (Alger, Blida, Oran, Médéa et El Oued) de 2022 à 2023 via un
système de collecte d'informations permanent dans les services de médecine
légale, de gynécologie et des urgences hospitalières. Pas moins de 6.233 femmes
ont été enregistrées comme victimes de violences dans les hôpitaux des cinq
wilayas : de 2.229
en 2022, le nombre de victimes est passé à 4.004 en 2023. La majorité des cas a
été observée dans les hôpitaux de la wilaya d'Alger, où près de 62% des
déclarations furent recensées. Une tendance marquante a été observée. Le taux de femmes qui consultent spontanément après une
agression est passé de 29% en 2022 à 85% en 2023. En termes de statut marital, 70% des victimes
sont mariées, 18% célibataires, et le nombre moyen d'enfants par victime est de
3. Sur le plan de l'éducation, 75% des victimes sont instruites, 32% ont suivi
des études secondaires et 5% n'ont aucune formation. Seule une femme sur quatre
exerce un métier. Ces données soulignent la précarité économique d’une partie
des victimes. Concernant la consultation
des services de santé, plus de deux tiers des femmes agressées (64%) se sont
rendues seules à l'hôpital et 23% étaient accompagnées d'un membre de leur
famille. L’agresseur est généralement un homme (80% des cas). Un tiers des
agresseurs a un niveau d'instruction moyen et 33% d'entre eux exercent une
profession. Plus de la moitié des violences ont été commises par le mari (47%)
et 10% des agressions étaient d’ordre intrafamilial. Le rapport fait savoir que
21% des violences ont eu lieu en soirée, principalement entre 17h et 20h. Dans
plus de 60% des cas, l’agression s’est déroulée au domicile de lavictime. S’agissant des types de violences, celles-ci
sont majoritairement physiques (96%), suivies de violences psychologiques (9%)
et sexuelles (2%). Parmi les victimes,
23% ont déclaré être agressées pour la première fois. Les conséquences
physiques sont presque systématiques : 99% des victimes ont présenté des
dommages corporels, principalement des coups et blessures volontaires. Les violences psychologiques ont conduit à
des signes d’anxiété et de stress post-traumatique chez les victimes. Plus de
80% des agressées ont bénéficié d'une prise en charge médicale, mais seulement
9% ont été orientées vers une consultation psychologique. L’enquête a révélé
l'ampleur des violences à l'égard des femmes et les lacunes en termes de
prévention et de prise en charge. Certes
des progrès ont été réalisés en matière de consultation médicale, mais plus
d’efforts doivent entrepris pour assurer un soutien psychologique adéquat aux
victimes et lutter plus efficacement contre ce fléau social. «La violence, sous
toutes ses formes, a des conséquences profondes et durables sur la santé et le
bienêtre des femmes qui peuvent persister même après avoir pu s'arrêter. Elle
est liée à une augmentation du risque de traumatismes, de dépression, de
troubles anxieux, de grossesses non planifiées, d'infections sexuellement
transmissibles, y compris le VIH, et de nombreux autres problèmes de santé», lit-on sur le document de l’INSP.