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Violence contre les femmes 2023/ Avis Pr Ahcene Djaballah Houria (El Watan) (II/III)

Date de création: 27-01-2025 18:30
Dernière mise à jour: 27-01-2025 18:30
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SOCIETE- VIOLENCE- SOCIETE/ VIOLENCES FAITES AUX FEMMES 2023/AVIS Pr AHCENE DJABALLAH HOURIA (EL WATAN) (II/II)

 

Houria Ahcène-Djaballah. Professeur de psychologie : «La violence physique s’exerce en continuité de la violence psychologique»

 ©  Sofia Ouahib/El Watan, lundi 27 janvier 2025

 

  • Selon vous, faut-il pousser une victime à porter plainte ?

Il ne s’agit pas de pousser une victime à porter plainte, encore faut-il pouvoir non seulement la convaincre du bien-fondé de la démarche mais aussi et surtout être en mesure de l’accompagner jusqu’au bout, jusqu’à la restauration de son estime de soi et la reprise en main de sa vie. Trop souvent, les victimes s’arrêtent au «certificat médical» qui leur sert de «protection». D’autres vont jusqu’à déposer plainte, mais peu poursuivent la procédure.

  • Outre les violences physiques, il y a aussi les violences psychologiques. Pourtant, ce type de violences est encore peu connu. Pourquoi ?

Parce que les violences psychologiques sont insidieuses. Il est habituel, dans la vie de chacun de nous d’essuyer des remarques désobligeantes, et ces remarques glissent chez les personnes jouissant du contentement de soi. Fréquentes et inscrites dans la durée, ces remarques visent à dévaloriser la victime, à détruire son estime de soi, ce qui la rend vulnérable et tend à l’asservir.Le degré le plus bas est celui de la violence verbale, puis nous avons la limitation de l’espace de circulation, la remise en cause des compétences, la restriction des moyens économiques, voire du standing de vie. Toutes ces violences s’installent graduellement, subrepticement, annihilant toute volonté de réaction et tout pouvoir d’action. Finalement, la violence physique s’exerce en continuité de la violence psychologique.

  • Existe-t-il un profil type de l’homme violent ?

Hormis les psychopathes qui recourent inéluctablement à la violence pour exercer leur contrôle sur leurs victimes, chacun de nous est capable de violence. Ce qui nous différencie principalement, ce sont les seuils de tolérance à la frustration, d’une part, et les seuils de contrôle de soi, d’autre part. Plus ces seuils sont bas, plus le passage à l’acte violent est aisé.Nous ne devons pas négliger non plus le support idéologique qui autorise la violence, voire qui la prescrit, car «la femme doit savoir rester à sa place, sous peine d’être corrigée par l’homme». Ce support idéologique d’essence purement «machiste» n’a aucun lien avec les «traditions» ni avec la religion dont il est indûment et abusivement habillé.En d’autres termes, la santé de la société est tributaire de la libération de cette idéologie «machiste», cette idéologie qui, en portant atteinte à l’équilibre fonctionnel des institutions sociales, à leur base la famille et au bien-être de chacun de ses membres, a ouvert la voie à tous les maux sociaux qui sont devenus la norme là où ils auraient dû rester marginaux.