Selon vous, faut-il pousser une victime à porter plainte ?
Il ne s’agit pas de pousser une victime à porter
plainte, encore faut-il pouvoir non seulement la convaincre du bien-fondé de la
démarche mais aussi et surtout être en mesure de l’accompagner jusqu’au bout,
jusqu’à la restauration de son estime de soi et la reprise en main de sa vie.
Trop souvent, les victimes s’arrêtent au «certificat
médical» qui leur sert de «protection». D’autres vont jusqu’à déposer plainte,
mais peu poursuivent la procédure.
Outre les violences physiques, il y a aussi les violences
psychologiques. Pourtant, ce type de violences est encore peu connu.
Pourquoi ?
Parce que les violences psychologiques sont
insidieuses. Il est habituel, dans la vie de chacun de nous d’essuyer des
remarques désobligeantes, et ces remarques glissent chez les personnes
jouissant du contentement de soi. Fréquentes et inscrites dans la durée, ces
remarques visent à dévaloriser la victime, à détruire son estime de soi, ce qui
la rend vulnérable et tend à l’asservir.Le
degré le plus bas est celui de la violence verbale, puis nous avons la
limitation de l’espace de circulation, la remise en cause des compétences, la
restriction des moyens économiques, voire du standing de vie. Toutes ces
violences s’installent graduellement, subrepticement, annihilant toute volonté
de réaction et tout pouvoir d’action. Finalement, la violence physique s’exerce
en continuité de la violence psychologique.
Existe-t-il un profil type de l’homme violent ?
Hormis les psychopathes qui recourent inéluctablement
à la violence pour exercer leur contrôle sur leurs victimes, chacun de nous est
capable de violence. Ce qui nous différencie principalement, ce sont les seuils
de tolérance à la frustration, d’une part, et les seuils de contrôle de soi,
d’autre part. Plus ces seuils sont bas, plus le passage à l’acte violent est aisé.Nous ne devons pas négliger
non plus le support idéologique qui autorise la violence, voire qui la
prescrit, car «la femme doit savoir rester à sa place, sous peine d’être
corrigée par l’homme». Ce support idéologique d’essence purement «machiste» n’a
aucun lien avec les «traditions» ni avec la religion dont il est indûment et
abusivement habillé.En d’autres termes, la santé de
la société est tributaire de la libération de cette idéologie «machiste», cette
idéologie qui, en portant atteinte à l’équilibre fonctionnel des institutions
sociales, à leur base la famille et au bien-être de chacun de ses membres, a
ouvert la voie à tous les maux sociaux qui sont devenus la norme là où ils
auraient dû rester marginaux.