Les chiffres sont clairs. Il y a hausse des
violences faites aux femmes. Comment l’expliquer ?
Pour
parler de hausse des violences faites aux femmes, il faudrait que ce soit
objectivé par des données statistiques, même si une grille d’observation
sociale pourrait permettre d’avancer cette assertion.Toutefois,
face à l’augmentation des fléaux sociaux dont celui du trafic des psychotropes
qui n’est pas des moindres, et compte tenu de la banalisation des actes de
violence, on pourrait déduire que la hausse des violences faites aux femmes est
inéluctable.Elles sont les victimes expiatoires
idéales, chargées de toutes les frustrations subies. L’outrance dans les
accusations n’a aucune limite et se moque de la contradiction apportée par la
réalité, et ce, par répétition d’un discours misogyne.Tant
que la femme est réduite à un objet que l’on doit soit couvrir ou exhiber, tant
qu’on nie à l’autre le droit d’être à part entière, tant que la culture du
respect, de la réussite par l’effort et par le mérite ne s’impose pas dans les
médias et sur les réseaux sociaux, alors, ces discours diabolisant les femmes
produiront encore plus de violences.
Y a-t-il des signes qui peuvent aider à déceler
des cas de violences faites aux femmes ?
Il
est difficile de généraliser, mais nous pouvons tout de même constater les
signes d’un traumatisme psychologique qu’on ne peut attribuer automatiquement à
des violences subies étant donné le nombre d’événements traumatiques auxquels
la société a été confrontée, sauf s’ils sont accompagnés de blessures
physiques. Toutefois, un repli sur soi, un évitement des discussions «conflictuelles», de brusques sursauts lorsque des voix
s’élèvent, une tension anxieuse sont autant de signes indicateurs.En
réalité, la violence n’est reconnue comme telle que lorsque ses conséquences
deviennent visibles, difficiles à cacher, obligeant la victime à consulter un
médecin. Le plus souvent, les victimes, culpabilisées, se soumettent à l’ordre
établi, allant parfois jusqu’à estimer cette violence comme preuve d’amour et
de considération.Les signes
de violences faites aux femmes sont observables quotidiennement autant dans les
espaces publics que dans les espaces privés. En fait, la violence est partout
où il n’y a pas de respect. Une société saine se construit sur la base du
respect en commençant dans la famille à travers le respect de l’épouse, de la
mère, de la sœur...
Que peut faire une personne qui soupçonnerait un
cas de violences conjugales dans son entourage ?
Tout
dépend des capacités d’action dont dispose cette personne. Le minimum est
d’apporter à la victime une présence accrue à ses côtés, de l’écoute et de
l’aide afin de lui redonner confiance en elle-même, et peut-être la force de
réagir en étant assurée qu’elle n’est pas seule, abandonnée à son sort.Il est possible aussi
d’éloigner la victime de son foyer pour la soustraire à la violence, le temps
d’assurer une médiation qui lui permette de revenir dans son foyer, sans
crainte. Dénoncer les faits, n’est ni dans nos pratiques ni dans nos usages, et
c’est hélas le dénonciateur qui subira l’opprobre et non le dénoncé.