Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Société/Violences faites aux femmes 2023/Avis Pr Ahcene Djaballah Houria (El Watan)

Date de création: 27-01-2025 18:26
Dernière mise à jour: 27-01-2025 18:26
Lu: 42 fois


SOCIETE- VIOLENCE- SOCIETE/ VIOLENCES FAITES AUX FEMMES 2023/AVIS Pr AHCENE DJABALLAH HOURIA (EL WATAN) (I/II)

Houria Ahcène-Djaballah. Professeur de psychologie : «La violence physique s’exerce en continuité de la violence psychologique»

 ©  Sofia Ouahib/El Watan, lundi 27 janvier 2025

 

  • Les chiffres sont clairs. Il y a hausse des violences faites aux femmes. Comment l’expliquer ?

Pour parler de hausse des violences faites aux femmes, il faudrait que ce soit objectivé par des données statistiques, même si une grille d’observation sociale pourrait permettre d’avancer cette assertion.Toutefois, face à l’augmentation des fléaux sociaux dont celui du trafic des psychotropes qui n’est pas des moindres, et compte tenu de la banalisation des actes de violence, on pourrait déduire que la hausse des violences faites aux femmes est inéluctable.Elles sont les victimes expiatoires idéales, chargées de toutes les frustrations subies. L’outrance dans les accusations n’a aucune limite et se moque de la contradiction apportée par la réalité, et ce, par répétition d’un discours misogyne.Tant que la femme est réduite à un objet que l’on doit soit couvrir ou exhiber, tant qu’on nie à l’autre le droit d’être à part entière, tant que la culture du respect, de la réussite par l’effort et par le mérite ne s’impose pas dans les médias et sur les réseaux sociaux, alors, ces discours diabolisant les femmes produiront encore plus de violences.

  • Y a-t-il des signes qui peuvent aider à déceler des cas de violences faites aux femmes ?

Il est difficile de généraliser, mais nous pouvons tout de même constater les signes d’un traumatisme psychologique qu’on ne peut attribuer automatiquement à des violences subies étant donné le nombre d’événements traumatiques auxquels la société a été confrontée, sauf s’ils sont accompagnés de blessures physiques. Toutefois, un repli sur soi, un évitement des discussions «conflictuelles», de brusques sursauts lorsque des voix s’élèvent, une tension anxieuse sont autant de signes indicateurs.En réalité, la violence n’est reconnue comme telle que lorsque ses conséquences deviennent visibles, difficiles à cacher, obligeant la victime à consulter un médecin. Le plus souvent, les victimes, culpabilisées, se soumettent à l’ordre établi, allant parfois jusqu’à estimer cette violence comme preuve d’amour et de considération.Les signes de violences faites aux femmes sont observables quotidiennement autant dans les espaces publics que dans les espaces privés. En fait, la violence est partout où il n’y a pas de respect. Une société saine se construit sur la base du respect en commençant dans la famille à travers le respect de l’épouse, de la mère, de la sœur...

  • Que peut faire une personne qui soupçonnerait un cas de violences conjugales dans son entourage  ?

Tout dépend des capacités d’action dont dispose cette personne. Le minimum est d’apporter à la victime une présence accrue à ses côtés, de l’écoute et de l’aide afin de lui redonner confiance en elle-même, et peut-être la force de réagir en étant assurée qu’elle n’est pas seule, abandonnée à son sort.Il est possible aussi d’éloigner la victime de son foyer pour la soustraire à la violence, le temps d’assurer une médiation qui lui permette de revenir dans son foyer, sans crainte. Dénoncer les faits, n’est ni dans nos pratiques ni dans nos usages, et c’est hélas le dénonciateur qui subira l’opprobre et non le dénoncé.