Dans le monde, une
femme sur trois est victime de violence physique ou sexuelle. Le plus souvent,
elles sont violentées par un partenaire intime. En Algérie, les derniers
chiffres recensés (2023) indiquent que les actes de violences faites aux femmes
sont en perpétuelle hausse. Explications !
Quatre mille quatre (4004) cas de femmes
victimes de violences ont été enregistrés durant la période s’étalant du 1er
janvier 2023 au 31 décembre de la même année», c’est
ce qu’indique le récent rapport du système de collecte des données relatives
aux femmes victimes de violence.
Ces femmes ont consulté les services de
médecine légale, de gynécologie et des urgences des hôpitaux de cinq wilayas à
savoir Alger, Blida, Oran, Médéa et El Oued, sachant que 91% des victimes
s’adressaient au service de médecine légale.
Le rapport fait savoir que près des deux
tiers des déclarations de violences faites aux femmes, soit 62%, ont été
enregistrées dans les hôpitaux de la wilaya d’Alger. La wilaya d’Oran arrive en
2e position avec un taux de 17%. A la troisième place du podium, on retrouve la
wilaya de Médéa avec 9% des cas.
La wilaya d’El Oued arrive 4e, avec 8%
des cas, et enfin, Blida vient clôturer le classement avec 4%. En comparaison,
2229 femmes victimes de violences ont été déclarées dans les cinq hôpitaux en
2022. Et c’est la wilaya d’Oran qui occupe la première place du podium avec 46%
des cas. Vient ensuite la capitale avec 40% des cas.
Les wilayas de Blida et El Oued se sont
disputées la troisième place avec 7% des cas chacune, tandis que la wilaya de
Médéa n’a enregistré aucun cas en 2022. «On constate
une nette augmentation de la proportion de femmes qui consultent spontanément
après une agression, passant de 29% en 2022 à 85% 2023», assurent les auteurs
du rapport.
A contrario, les consultations sur
réquisition ont sensiblement baissé. En effet, elles sont passées de 63% en
2022 à 12% en 2023. Idem pour les découvertes fortuites, passées de 8% en 2022
à 3% en 2023. Pour ce qui est de l’âge moyen, il était en 2022, de 36 ±12 ans
avec un minimum de 6 ans et un maximum de 86 ans, tandis qu’en 2023, il était
de 37 ±12 ans avec un minimum de 5 ans et un maximum de 99 ans.
Le rapport indique par ailleurs que 70%
des femmes victimes de violences en 2022 sont mariées. Un taux légèrement à la
baisse en 2023 avec 63%. Sachant que chez les femmes victimes de violence, le
nombre moyen d’enfants était de 3 ± 2 enfants, avec un minimum de 1 enfant et
un maximum de 10 enfants.
Côté célibataires, elles sont 18% à
avoir subi des violences en 2022 contre 23% en 2023. «Selon
les données collectées, il a été constaté que 75% des victimes sont
instruites», poursuit le rapport. Et parmi elles, 32% avaient suivi des études
secondaires, tandis que 5% étaient sans formation.
Coups
et blessures volontaires
En effet, 67% des
femmes victimes de violences en 2022 étaient femmes au foyer contre 55% en
2023. Les femmes travailleuses, quant à elles, sont 11% à avoir subi des
violences en 2022 contre 25% en 2023. A noter que plus de 2/3 des femmes
agressées, soit 64%, ont consulté toutes seules et le reste des femmes sont
accompagnées par un membre de la famille.
Pour ce qui est de l’agression en
elle-même, elle était l’œuvre, dans 80% des cas, d’un agresseur de sexe
masculin et s’est déroulée, dans 21% des cas, le soir entre17h et 20h. Sachant
que le plus souvent, l’agression se produit au sein même du foyer.
En effet, 66% des femmes ont subi, en
2022, des violences chez elles, contre 62% en 2023. «Les
agressions physiques ont représenté la majorité des violences déclarées avec
96%, suivies des agressions psychologiques avec 9% des cas et les agressions
sexuelles avec 2%», indique encore le rapport.
Si la fréquence des violences était de 1
à 5 fois pour 76% des femmes en 2023, 13% des cas étaient régulièrement
violentées avec une fréquence de 11 fois et plus. En termes de conséquences sur
les victimes, 99% étaient les dommages physiques exprimées par des coups et
blessures volontaires.
Les violences psychologiques,
représentées par des signes d’anxiété et de choc émotionnel, arrivent en
deuxième position. «En 2023, 80% des femmes agressées
ont bénéficié d’une prise en charge médicale et seules 9% ont été prises en
consultation psychologique», conclut le rapport.
Selon les estimations mondiales de
l’OMS, 35% des femmes, soit près d’une femme sur 3, assurent avoir été exposées
à des violences physiques ou sexuelles et cela, de la part de leur partenaire
intime ou de quelqu’un d’autre au cours de leur vie. «La
violence à l’égard des femmes peut être prévenue», insiste l’Organisation
mondiale de la santé.
En effet, l’OMS estime que le secteur de
la santé a un rôle important à jouer à cet égard, et peut offrir des soins de
santé intégrés aux femmes soumises à la violence et les orienter vers les
autres services d’appui dont elles pourraient avoir besoin.
Dans ce contexte, l’Institut national de
santé publique a mené une enquête nationale sur les violences faites aux femmes
en Algérie en 2002-2003, en partenariat avec les ministères de la Justice, de
la Jeunesse et des Sports, de l’Intérieur et de la Solidarité avec les
associations.
«C’était la première enquête
nationale sur les violences envers les femmes, visant les établissements
hospitaliers, les services de police et de gendarmerie, les centres d’écoute et
d’hébergement des associations d’aide aux femmes en détresse», fait savoir le
rapport.
Et selon les premières conclusions de
l’enquête, les victimes étaient plutôt jeunes, avec les 4/5 ayant moins de 45
ans. «Par la suite, l’INSP a pris part à l’élaboration
d’une stratégie nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes»,
poursuit la source.
A cet effet, le système de collecte a
été mis en place par un système permanent de notification des cas de femmes
agressées. «Ensuite, l’INSP a participé à la conception
d’une stratégie nationale de lutte contre la violence envers les femmes»,
poursuit la même source. Et c’est dans ce contexte que le système de collecte a
été instauré et cela, à travers un système permanent de notification des cas de
femmes agressées. «En 2012, ce système était élargi
sur d’autres wilayas comme la wilaya d’Alger, Blida, Médéa et El Oued», conclut
le rapport.