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Roman Slimane Laouari- "Au pays de Boudou"

Date de création: 16-08-2024 17:43
Dernière mise à jour: 16-08-2024 17:43
Lu: 61 fois


SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN SLIMANE LAOUARI- «  AU PAYS DE BOUDOU »

Au pays de Boudou. Roman de Slimane Laouari. Editions Frantz Fanon, Boumerdès 2024, 161 pages, 1 000 dinars

 Un livre terminé très exactement le 24 novembre 2021 ...à 17 h 43. Mais on ne sait quand il a été commencé. On devine seulement à travers la lecture -qui n’est pas facile tant le style est original (dans la tradition katébienne ?) qui nous change pas mal de celui du chroniqueur de presse qui va tout droit au but- que l’auteur, qui est à son premier roman, a utilisé tous les souffles de l’écriture.....tant celui d’un réalisme parfois cru que celui de l’élan poétique.Un véritable roman « éclaté » avec des personnages tout à fait ordinaires bien qu’originaux, des personnages pour lesquels la vie n’a plus de sens ou n’a de sens que quand elle est fiction : Au centre Mouhous et Nassira...et tous les autres : Kader Mauvais Sang,Rachid l’acteur, Salah le flic, Koukou le nain que sept doigts, Soussou, Koukou, Messaoud Z.....et des lieux de rencontres comme Le Néflier, le Puits , Le Précipice, un bistrot que les habitués appellent « le trou ». ....

C’est donc l’histoire de Boudou, bouc émissaire pour les uns, héros légendaire pour les autres, poète indomptable pour les plus dupes.......qui devient le confident privilégié de toute le monde. Cela dans un pays fatigué à force d’avoir trop rêvé vainement ; un pays où les gens tournent le dos à toutes les questions et cherchent désespérement tantôt à tout oublier, tantôt à se faire oublier.On est revenu de tellement loin que l’on ne veut plus tenter la moindre aventure en dehors ....de la littérature

 L’Auteur : le 22 avril 1960 à Mechtras (Kabylie).Études de droit (Alger /Ben Aknoun), puis carrière de journaliste. Actuellement chroniqueur au sein du quotidien « Le Soir d’Algérie ». Premier roman.

Extraits : « Rien n’échappe à la vigilance des soulards, rien ne se fait à l'abri de leur regard embué, personne ne peut tromper leurs guets discrets. Dans chaque retour de lucidité , il y a une histoire vraie et dans toute divagation un évènement à méditer » (pp 36- 37), « Les vieux, il ne leur reste que des histoires et quand ils n’en ont qu’une seule, ils deviennent plus pénibles que leur âge » (p39), « Quand Zaky est entré en prison, tout le monde

savait pourquoi, sauf lui. Alors, à chaque fois qu’on lui posait la question, il racontait une version différente de la même histoire.Personne n’a cru la dernière, il n’y a aucune raison pour qu’on croie la nouvelle.Mais il en inventait pour lui-même.....histoire de ne pas mourir d’ennui » (p 55), « Est-ce qu’il y a un avenir quand on est mort ? Est-ce qu’il y a un avenir quand on attend de sortir de prison ? » (p 57)

Avis : Un livre qui fait travailler les méninges. Et,  magnifique couverture avec une illustration de Arezki Metref.

Citations : « Entre jumelles, il y a une aînée et une cadette parce que le vagin n’est pas assez large pour évacuer deux bébés en même temps » (pp 58-59), « Dans les écoles-casernes, on apprend, on ne cherche pas à comprendre » (p 62), « Ils sont ainsi , les romanciers, même quand ils n’ont encore rien écrit. Ils veulent changer le monde en changeant la réalité »  (pp 82-83), « Les femmes ne reviennent jamais avec une femme ; dans les histoires d’ici, c’est toujours un homme qui revient avec une femme » (p 97), ; « C’est la fin de l’Histoire, pas des histoires » (p111)