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Autobiographie Aicha Bouabaci- "Les Secrets de la cigogne"

Date de création: 19-07-2024 19:59
Dernière mise à jour: 19-07-2024 19:59
Lu: 76 fois


SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- AUTOBIOGRAPHIE AÏCHA BOUABACI- « LES SECRETS DE LA CIGOGNE »

 

Les secrets de la cigogne. Autobiographie de Aïcha Bouabaci. Papyrus Editions, Alger ( ?), Saida ( ?)  2023, 306 pages, 1 200 dinars

 

Portraits, souvenirs, émotions.....le tout d’une manière très , très personnelle. Voilà donc une autobiographie qui sort de l’ordinaire , en ce sens que l’auteure nous raconte sa vie et celles des autres au temps de son enfance et de sa jeunesse.

Une ville , Saïda, une ville -garnison.....avec des casernes et des légionnaires....et des appelés plus tard. Un espace de vie limité (emprisonné ?) de tous les côtés par les casernes. Une ville (coloniale et colonisée) avec une population d’origine européenne (surtout ,d’après ce que j’ai compris,  des  alsaciens et des espagnols.....et d’anciens militaires retraités) de condition moyenne, mis à part quelques gros fermiers.

Dans ces conditions, tout particulièrement avant le déclenchement de la guerre de libération nationale, la vie (du point de vue d’un (e) enfant) s’écoule presque (pas toujours !)  sans problèmes avec même une certaine « cohabitation » pacifique ; l’innocence enfantine et le plaisir des jeux prenant le dessus.  Il est vrai que par la suite, à Saïda, on a découvert que pas mal de « pieds-noirs » avaient supporté le combat nationaliste (Charles Koenig, maire de la ville en 1960 n’a-t-il pas  eu , après 1962, une responsabilité au sein de l’Exécutif provisoire)

Mais là n’est pas l’intérêt à apporter à cet ouvrage, assez original , en ce sens (et, c’est, je crois, le premier du genre....à placer même avant « Ce que le jour doit à la nuit ») qu’il nous décrit, simplement, directement , sans amour mais sans haine     le monde « d’avant » -un monde qui a bel et bien existé et dont les traces sont encore là - avec détails et avec ....franchise, sans pourtant occulter les discriminations alors existantes, qu’elles aient été visibles ou non.Une autre manière d’écrire l’histoire ! Pourquoi pas ?

 

L’Auteure :Née à Saïda en 1946. Formée d’abord à l’Ecole normale des institutrices d’Oran puis d’Alger. Etudes de droit au Pays-Bas.Études à la Faculté des lettres et sciences humaines d’Alger (Dea en art, langue et littérature). Enseignante de français dans plusieurs pays .......et fondatrice-animatrice d’un Café littéraire à Saida  (2013-2015).Membre du Parlement des écrivaines francophones

Extraits : « Les manuels scolaires officiels  et les ouvrages d’historiens ne racontent pas ces vies profondes, ces mémoires individuelles qui charrient tous les détails ; ceux de leurs propres vies ;c’est certainement ces mémoires qui doivent se dérouler pour dire l’histoire authentique qui ne mérite pas, tant son passé est dense , que des fragments de vies disparaissent, soient occultés car ce sont ces fragments de vie qui nourrissent les mémoires de ceux qui suivent » (pp 13-14), «  On ne conte que la nuit ; oser conter le jour c’était courir le risque de devenir teigneux ! Du moins , c’est ce que racontaient les grandes personnes ! » (p73), « Maman m’a toujours rappelé que lorsque l’on se rendait au chevet de malades dits contagieux, il ne fallait pas avoir peur de la contagion ; il fallait être pénétré du doux sentiment d ’apporter un moment de réconfort et de partager son fardeau » (p 136), « Aujourd’hui, je m’étonne de ces réactions enfantines innocentes, qui n’avaient absolument rien de méchant quand on pense au comportement actuel des enfants dans les établissements scolaires et de la terrible pratique du harcèlement » (p250).

 

Avis :Pour une autobiographie, c’en est vraiment une !Tous les détails,  même les plus anodins, sont fournis. Une très belle couverture....qui attire.

 

 

Citations : « Dans mes pensées d’alors, je savais dessiner le soleil, la lune, les étoiles et la montagne !Dans mes pensées d’aujourd’hui, je ne sais, je ne peux que dessiner leur souvenir éteint, enfermé dans le visages connus comme dans un médaillon ancien que l’on craint d’ouvrir de peur de l'abîmer !Mais je reste forte pour poursuivre le chemin vers les profondeurs de cette mémoire » (p 173), « J’ai souvent médité sur la capacité des adultes , trop

sûrs de leur expérience et protégés par leur maturité acquise, à briser l’élan des enfants, victimes quelquefois de leurs intuitions et de leurs mots et gestes spontanés » (p 256)