SOCIETE- ETUDES ET ANALYSES- OBJECTIFS DEVELOPPEMENT DURABLE/RAPPORT ONU 2024

Alors que se tiennent à New York jusqu’au 17 juillet 2024, les travaux du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, un rapport de l’ONU alerte sur l’immense chantier qui reste encore aux Etats membres pour atteindre les objectifs de développement durable.

Le rapport onusien de l’année 2024 sur les Objectifs de développement durable (ODD) affiche un constat des plus alarmants. Il souligne que les progrès mondiaux en matière d’application des ODD sont insuffisants. Seuls 17% des objectifs sont actuellement en bonne voie constate cette édition intervenant six ans seulement avant 2030, soit la date ciblée par l’ONU pour atteindre les objectifs de développement.

«17 objectifs affichent des progrès minimes ou modérés, tandis que plus d’un tiers sont au point mort ou font marche arrière, depuis qu’ils ont été adoptés par les Etats membres de l’ONU en 2015 dans l’objectif d’apporter la paix et la prospérité aux personnes et à la planète», indique le rapport onusien.

Le bilan annuel de l’ONU «montre que le monde est en train d’échouer», regrette Antonio Guterres, SG de l’ONU, intervenant lors de la présentation dudit rapport la fin juin dernier. «La conclusion est simple : notre capacité à garantir la paix, à faire face au changement climatique et à stimuler la finance internationale compromet le développement.

Nous devons accélérer l’action en faveur des objectifs de développement durable et nous n’avons pas une minute à perdre», alerte Guterres. L’impact de la pandémie de Covid-19, l’escalade des conflits, les tensions géopolitiques et l’aggravation du chaos climatique, sont les principaux obstacles freinant les pays à faire des progrès.

Selon ce rapport-bilan de l’ONU, 23 millions de personnes supplémentaires ont été poussées à l’extrême pauvreté et plus de 100 millions de plus souffraient de la faim en 2022 par rapport à 2019, sans compter la montée en flèche du nombre de victimes civiles des conflits armés en 2023. Ceci et de noter que l’année écoulée a été classée comme la plus chaude jamais enregistrée, avec des températures mondiales proches du seuil critique de 1,5°C.

Les conclusions du rapport 2024, relèvent de «graves défis économiques» à surmonter alors que la croissance du produit intérieur brut PIB par habitant est plus lente dans la moitié des pays les plus vulnérables par rapport aux économies les plus avancés. «Près de 60% des pays ont été confrontés à des prix alimentaires anormalement élevés en 2022, exacerbant la faim et l’insécurité alimentaire», indique la même source en mettant également en lumière la persistance de l’inégalité entre les sexes.

«55% des 120 pays étudiés ne disposent pas de lois interdisant la discrimination à l’égard des femmes», déplore l’ONU. L’aspect éducatif n’est pas en reste, puisque le même rapport considère l’éducation continue d’être une préoccupation importante avec 58% seulement des élèves dans le monde «atteignent un minimum de compétences en lecture à la fin de l’école primaire».

Par ailleurs, si le taux de chômage dans le monde a atteint un plancher historique de 5% en 2023, le rapport relève que de nombreuses contraintes à l’obtention d’un travail décent persistent encore dans toutes les sociétés. En termes d’évolution positive, la même source cite la croissance annuelle de 8,1% au cours des cinq dernières années dans le domaine des énergies renouvelables.

Ainsi que les progrès technologiques avec une accessibilité au haut débit mobile passant de 78% en 2015 à 95% de la population mondiale actuellement. «Nous ne devons pas abandonner notre promesse d’ici 2030 de mettre fin à la pauvreté, de protéger la planète et de ne laisser personne de côté», insiste le SG de l’ONU en appelant à l’urgence de renforcer la coopération internationale.

Surtout que le déficit d’investissement dans les pays en développement en matière de développement durable s’élève, selon le même bila, à 4000 milliards de dollars par an. Un déficit qui appelle à réformer le système financier mondial afin de débloquer les financements, recommande le rapport.

Ce dernier appelle également, à la résolution des conflits par la voie du dialogue. Les drames humains et les conflits ont provoqué le déplacement de 120 millions de personnes jusqu’à mai 2024 et une augmentation de 72% des victimes civiles entre 2022 et 2023.

Notons que l’Ecosoc, Conseil économique et social de l’ONU, évaluera lors du présent forum à New York, les progrès mondiaux en matière d’application de l’objectif 1 sur l’élimination de la pauvreté, l’objectif 2 sur la faim zéro, l’objectif 13 sur l’action climatique, l’objectif 16 sur les sociétés pacifiques et inclusives et enfin l’objectif 17 sur les moyens de mise en œuvre.

Au mois de septembre prochain, le Sommet du futur répondra à la problématique de la crise de la dette touchant de nombreux pays en développement en insistant sur la réforme de l’architecture financière mondiale.