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Roman Yamina Mechakra -" Arris"

Date de création: 20-05-2024 18:51
Dernière mise à jour: 20-05-2024 18:51
Lu: 140 fois


SOCIETE-BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN YAMINA MECHAKRA- « ARRIS »

ArrisRoman de Yamina Méchakra. Kalima Editions (1ère éd. Marsa, 1999 ,et roman traduit en arabe), Alger 2023, 135 pages , 1 000 dinars.

 Arris ( nom d’une ville des Aurès mais aussi le prénom du fils de l’héroïne de « La grotte éclatée »). Un tout jeune enfant ,presque encore bébé, est arraché (« enlevé » à  l’hôpital, là où on  avait promis à sa maman de le lui rendre après guérison) , à sa mère, une veuve alors dépassée par la misère et des conditions de vie impossibles, par la maladie de son enfant et les coûts exorbitants des soins médicaux. Hospitalisé, il est adopté par un riche couple d’étrangers. Un autre monde. Des parents adoptifs (britanniques....ce qui aurait été différent s’ils avaient été français) aimants. Une autre vie, aisée et brillante. Une autre culture, aristocratique  .Une autre religion. 

Mais le passé -douloureux- est là, enfoui dans le labyrinthe de la mémoire.....Il n’est saisissable qu’à travers des comportements incompréhensibles pour les autres et la mal-vie d’Arris.  Marié à Nassa, il ne veut pas avoir d’enfant et tout son amour est porté sur Cilia , une chienne (comme celle qu’il avait lorsqu’il était enfant).

Bien plus tard, il reviendra au village natal désormais déserté......et retrouvera enfin sa mère.......qui n’a fait que l’attendre.....jusqu’à sa mort. En l’enterrant, il va ,peut-être , retrouver  ses origines. Peut-être ?

Un récit de douleurs nées d’ une séparation brutale, non acceptée. Un récit qui aurait dû prendre , selon les propres dires de l’auteure , 400 pages. Un récit qui épouse des préoccupations contemporaines. Dernier roman de Yamina Mechakra  c’est , en fait, un roman sur l’identité  questionnant  de façon pertinente, comme nous le faisons tous aujourd’hui et encore plus au lendemain de l’indépendance  la notion de civilisation......et ses liens étroits avec  la violence . 

  

L’Auteure Née en 1949 dans le nord des Aurès. Docteur en médecine psychiatrique. Très engagée, écrivain indépendantiste, défendant une révolution culturelle permettant d’achever la décolonisation. Venue très tôt à l’écriture mais ne publiera son premier roman, « La grotte éclatée »  (préfacé par Kateb Yacine) qu’en 1979.Décédée en 2013.

Extraits « Ils n’ont pas suffisamment de charbon.Ils se chauffent avec une miette de soleil » (p9), « L’homme s’ingénie depuis des millions d’années à s’immortaliser.Il a choisi la pierre pour marquer son passage ici-bas » (p 80), « Je croyais aux héros /Aujourd’hui, je sais. Il n’y a pas de héros qui ne soit martyr. Chacun de nous l’est à sa manière.Esclave ou libre » (p 82), « Deux frères vivaient ensemble, mais ne s’aimaient guère (.......).Puis vint le jour du fratricide. L’un des frères , pressé de voir disparaître l’autre, prit la résolution de le tuer. Face au cadavre de son frère qui lui renvoyait sa propre image, il creusa le tombeau dans un  tronc d’arbre, y enfouit son frère et ne quitta plus l’arbre.Il veillait nuit et jour et l’entourait de grands soins. Il venait de découvrir l’amour.... » (pp 114-115)

Avis :Une lecture chargée d’une intense émotion. La douleur de la séparation et une attente qui dure....qui dure.Jamais une relation mère-enfant n’a été aussi bien (psy-) analysée et (d-) écrite.

Citations : « La mort n’est qu’une suite d ’expressions du corps et de l’esprit, qui surviennent nécessairement à la suite de mutations de tous ordres.....mutations  d’ordre individuel ou collectif, marquant la vie d’un être jusqu’au-delà du tombeau » (p17), « Les prières sont les mêmes, , c’est l’amour du  prochain, le respect de la vie. Nous prions tous le même Dieu, sauf que l’organisation n’est pas la même » (pp 37-38), « Mais qu’est-ce qu’en fait une civilisation ? Un jeu : une civilisation en chasse une autre » (p38), « La terre , ça se travaille éternellement .Elle ne donne que si tu lui donnes .Dieu fera le reste » (p71),

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