·
COMMERCE- FORMATION CONTINUE-
COMMERCE INTERNATIONAL/ IMPLANTATION
·
S’implanter à l’international
: les défis pour préserver l’identité de marque
© https://www.lsa-conso.fr/Dennis Wessels, 25 mars 2024
Toute
entreprise ayant réussi à se développer de façon pérenne dans son pays
d’origine a pour projet de passer à l’étape suivante : poursuivre sa
croissance à l’international. Ce développement devient, dès lors, un impératif,
mais la conquête de nouveaux marchés n’est pas exempte de risques et passe par
la mise en place d’une stratégie mûrement réfléchie. Plusieurs possibilités
s’offrent alors aux marques qui cherchent à exporter leur activité : via
un importateur, grâce à un réseau de revendeurs, au moyen d’une implantation directe
ou en combinant réseau de revendeurs et ventes directes. Si la première
approche comporte moins de risques financiers, elle s’accompagne d’une perte de
contrôle sur son image de marque et sur la vente des produits, et requiert
davantage de temps et d’efforts tout au long du déploiement de la stratégie de
distribution. Alors, quelle est la meilleure démarche à adopter ? Quels
sont les critères à considérer pour pénétrer un nouveau marché ? Ces
questions sont complexes, mais lorsqu’il s’agit d’étendre son activité à
l’international, il n’existe pas une seule recette.
Bien définir
ses objectifs et répartir les risques : Pénétrer un nouveau marché passe par la prise en considération de ses
spécificités culturelles et économiques telles que la langue, la monnaie, les
droits de douane, les comportements et les habitudes des consommateurs… À titre
d’exemple, un fabricant d’appareils électroniques qui souhaite s’implanter au
Royaume-Uni devra fournir des prises ou des adaptateurs électriques conformes.Pour obtenir cette
connaissance approfondie, s’appuyer sur des études de marché étendues est
indispensable, mais insuffisant. Il faut également s’assurer de travailler avec
des acteurs ou des représentants locaux issus du marché cible pour bénéficier
de conseils pertinents et de leur expertise de la culture et des particularités
du marché à pénétrer. S’implanter d’abord sur un marché qui possède une culture
similaire à celui d’origine est également un bon moyen de tester la pertinence
de sa politique d’expansion. Il est essentiel de se concentrer sur un ou deux
marchés à la fois, pour éviter de disperser ses efforts et risquer ainsi
d’augmenter le taux d’échec. Enfin, pour mieux répartir les risques, éviter la
dépendance à un revendeur unique et se donner toutes les chances de s’implanter
avec succès, il est préférable de privilégier l’approche omnicanale en
exploitant tous les canaux de distribution et de revente existants. Des études
de marché approfondies sur la compétition et les réseaux de revendeurs
déterminent la stratégie de distribution qui leur permet de s’implanter plus
facilement sur un marché.
Multiplier ses chances tout en préservant son identité
de marque : La nomination d’un directeur
« pays » qui possède une connaissance approfondie du marché cible est
un atout essentiel pour la mise en place de partenariats avec des acteurs
locaux. Ces partenariats sont des éléments incontournables d’une stratégie
omnicanale réussie. Chaque point de contact avec les consommateurs nécessite
une approche spécifique comprenant des canaux de ventes en ligne, physiques,
directs et indirects. Or, les stratégies de commercialisation et de
communication sur le site Internet de l’entreprise, sur des plateformes ou des
marketplaces comme Amazon, ou dans des enseignes propres ou
encore chez des revendeurs comme Boulanger ou Fnac-Darty s’accompagnent
d’exigences spécifiques. S’agissant des reventes dans une
enseigne physique, l’investissement financier est nécessairement conséquent et
le directeur pays doit veiller à entretenir des relations étroites et positives
avec le réseau de distribution. La marque doit également prévoir un programme
de formation aux produits pour le personnel en magasins, afin de transformer
ces derniers en ambassadeurs. Elle doit mettre à disposition une documentation
détaillée dans la langue du marché cible et concevoir des stratégies de
communication et de mise en rayon actives et passives qui reflètent l’image de
marque et l’ADN de l’entreprise. Cela représente certes un investissement de
taille et la mise à l’échelle d’une telle stratégie, comparée aux boutiques en
ligne, n’est pas simple ; d’autant plus que les magasins sont répartis sur
l’ensemble du territoire. Toutefois, ces efforts permettent de garder la main
mise sur son identité de marque et de disposer de données claires concernant
les ventes et les retours des consommateurs.
Éviter les potentiels conflits entre les différents
canaux : Les marques peuvent également éviter
les intermédiaires en s’implantant directement sur un marché. Cette stratégie
est très difficile à mettre en œuvre et elle exige de se concentrer sur un ou
deux canaux en ligne parmi les plus lucratifs sur le marché ciblé via le site
Internet de la marque et/ou une boutique en ligne indépendante, par exemple.
Cette stratégie est semée d’embûches et nécessite un budget publicitaire
substantiel afin d’attirer du trafic vers les produits listés par la marque,
contrairement au revendeur qui est responsable de cette publicité. Cependant,
lorsque cette stratégie est mise en place correctement, elle permet d’éliminer
des dépenses liées à la formation ou aux déplacements ce qui est plus rentable
sur le long terme. Les marketplaces comme Amazon
requièrent de se conformer au format de mise en vente et parfois, de s’engager
à réserver une partie de ses stocks pour bénéficier d’avantages commerciaux
comme la livraison à domicile le lendemain. Mais il en résulte une perte de
flexibilité dans la gestion de l’inventaire, ce qui peut entraîner des
difficultés pour déplacer les stocks d’un canal à l’autre en cas de pénurie ou
de provisionnement excessif. De manière générale, il est toujours préférable de
centraliser au maximum son inventaire afin d’anticiper les variations dans la
demande sur les différents canaux. Quant aux ventes directes depuis son propre
site Internet, attention à ce qu’elles ne soient pas concomitantes avec d’autres
canaux de distribution ! Cela peut être perçu comme une forme de
concurrence par le réseau de revendeurs. Si ces pratiques sont aujourd’hui
courantes, certaines entreprises proposent sur leur propre site des liens vers
d’autres sites revendeurs, gage de leur bonne foi. En définitive, c’est la
bonne relation avec l’ensemble des parties prenantes du réseau de distribution
qui fera toute la différence dans une stratégie d’expansion à l’international.
Elle permet notamment d’échapper à la « guerre des prix » entre les
divers canaux sur un même produit. En effet, si des événements promotionnels
pour chaque canal peuvent permettre de stimuler ponctuellement les ventes, il
est essentiel que l’entreprise en soit informée afin que ceux-ci ne mènent pas
à une concurrence acharnée et contre-productive sur les tarifs, ce qui
aboutirait à une baisse de la valeur des produits concernés. L’expansion à
l’international nécessite donc une réelle préparation en amont qui passe par la
définition d’objectifs qui, s’ils doivent être ambitieux, doivent également
rester réalistes et atteignables. Il est essentiel de bien identifier sa cible
et de disposer d’une présence au niveau local. En outre, s’il est important
d’exploiter tous les canaux disponibles pour répartir les risques et multiplier
ses chances de pénétrer le marché ciblé, il est indispensable de garde la main
mise sur son une image et son identité de marque sur l’ensemble du réseau et
des canaux de distribution. Tous ces éléments devraient permettre à une marque
de renforcer la confiance, de gagner en visibilité et en reconnaissance auprès
des consommateurs pour obtenir des résultats commerciaux positifs et réussir
son implantation.