COMMERCE- OPINIONS ET POINTS DE VUE- COMMERCE ET MEDIAS
«Quand commerce et média ne font plus qu'un»,
©https://www.strategies.fr/actualites/ Nicolas Trannoy,
directeur stratégie et marketing chez Lucky Cart, 15
mars 2024
Le laps de temps entre publicité et éventuel acte
d’achat se raccourcit considérablement, ce qui doit pousser les marques à
être présentes en continu avec une offre pertinente à chaque instant.
Média et commerce cherchent depuis bien longtemps à se
rapprocher l’un de l’autre, toujours au travers de la publicité. Celle-ci s’est
toujours adaptée à tous les types de médias : papier, affiche, radio,
télévision, digital. Il y a peu, il s’agissait encore d’informer l’audience et
de la rapprocher de l’acte d’achat, voire simplement de la faire aller en magasin.Le laps de temps entre voir
une publicité et l’éventuel acte d’achat était long, en tout cas, de notre
point de vue en 2024. Cela pouvait aller de quelques heures à plusieurs jours.
Mais que se passe-t-il lorsque, comme aujourd'hui, ce laps de temps devient
infime ? Que se passe-t-il quand le magasin digital devient lui-même une
plateforme média ? Est-ce du commerce, du média ou bien de l’information
consommateur ?
L'évolution du paradigme média : D’une
part, le potentiel client peut quasi immédiatement acheter un produit ou un service
juste après avoir été exposé à une publicité «classique»,
voire n’être qu’à un clic quand il utilise les réseaux sociaux. D’autre part,
les sites e-commerce sont des sources de média et d’information avec des
formats publicitaires plus ou moins complexes et plus ou moins personnalisables
pour le potentiel client. Bref, le temps s’accélère de plus en plus et le
nombre de touch points média
augmente aussi très rapidement. Le temps où les marques pouvaient travailler
sur un parcours shopper en séquence - publicité sur
différents formats que l’on mesure en reach, répétition
pour espérer ensuite que cela se convertisse en chiffre d'affaires en magasin -
semble loin. Le lien entre investissements média et impact business est très
intuitif, mais a toujours été difficile à prouver, voire à mesurer. Réfléchir
en mode média, avec des segments, des constructions d’audience, produire des
formats certes ciblés, mais loin d’être systématiquement pertinents, et
chercher à maîtriser la répétition avec des plans média préparés six mois à
l’avance, tout cela montre clairement ses limites.
Les
potentiels clients vont trop vite, ont un nombre de médias à leur disposition
qui augmente chaque année, une offre qui paraît infinie, et donnent beaucoup
plus d’informations et de feedbacks qu'auparavant. Autrement dit, pour
promouvoir leurs produits, les marques ne peuvent plus réfléchir uniquement
sous le prisme média. Ce n'est plus suffisant pour créer du lien et de la
loyauté avec les potentiels clients. Mais alors, sous quel prisme doivent-elles
réfléchir ?
De
campagne média à offre business ultra-personnalisée : Aujourd’hui,
le laps de temps entre le message communiqué par l’annonceur et l'achat est
tellement court que le média lui-même devient média d'acquisition et de
loyauté, des notions à l’origine purement commerciales. La frontière entre le
média et l'achat disparaît petit à petit. Autrement dit, pour promouvoir leurs
produits, les marques ne doivent plus réfléchir sous le prisme
médiatique uniquement ; cela ne fait plus sens. Il est encore plus
important pour les marques de se rendre désirables, pertinentes et
différenciées. En considérant que le rapport au temps entre la marque et ses
potentiels clients change sur deux aspects, l'accélération et la constance, les
marques peuvent repenser leur approche. En effet, comme évoqué précédemment,
tout s'accélère avec les technologies, la limite entre média et commerce
n’existe quasiment plus. Mais, ces évolutions techniques offrent également un
nouveau territoire : être présent en continu avec une offre pertinente à chaque
instant. La first party data et l’ultra personnalisation permettent d'avoir la
bonne offre au bon moment quoi qu'il arrive. Il n’est plus question de
réfléchir en termes de planification, mais plutôt à un système en fil rouge, en
continu. Et l’on ne parle plus de big data pour créer de l’audience, mais pour
créer une offre business adaptée à chaque consommateur. Le paradigme a changé
et la façon de penser des annonceurs doit suivre. La notion de médias a évolué
et cette mutation va continuer au cours des prochaines années. Nombre d’experts
s’entendent pour dire que d’ici peu, les plateformes de commerce, telles que
les sites de drive de la grande distribution, seront amenées à devenir de plus
grandes plateformes médias que les plateformes actuelles de médias d’actualité.
Autrement dit, les plus grandes plateformes de médias ne seront plus tenues par
des spécialistes du média, mais du commerce, et le média deviendra une discipline
sous-jacente au commerce. C’est ce que l’on commence à observer avec
l’évolution de la notion de retail media ; les
annonceurs ne doivent plus réfléchir en termes de campagne média, mais d’offre
business.