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Roman Mohamed Ifticène - "Une saga algéroise.Tome II: Les ténèbres sanglantes"

Date de création: 11-12-2023 18:46
Dernière mise à jour: 11-12-2023 18:46
Lu: 253 fois


SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN MOHAMED IFTICENE- « UNE SAGA ALGEROISE. TOME II : LES TÉNÈBRES SANGLANTES »

 

Une saga algéroise. Tome II : Les ténèbres sanglantes. Roman de Mohamed Ifticène. Editions Frantz Fanon, Alger 2023, 299 pages, 1 300 dinars.

 

L’Algérie post-indépendance, milieu des années, années 70, années 80, années 90 et années 2000......plusieurs histoires dans une seule histoire.  Celle de la « saga algéroise », celle de Lyès , le beau gosse, fils de chahid, toujours attaché à sa famille et à sa maman, une femme -courage, qui continue sa lutte pour une Algérie plus juste, plus démocratique..... ...et ce en exploitant toutes les failles du système en place. Il raconte  - à travers ses aventures, dont celles  amoureuses (en général des dames proches du système et influentes, des « cougars » à le recherche de sensations physiques  très fortes ) , sont très importantes, car , hélas ou heureusement, moyen rapide et jouissif d’arriver à ses fins -   le passage d’un pays  à la liberté de vie assez large malgré une direction politique autocratique  à celui d’un pays tombant, peu à peu, sous la coupe de prédateurs......où la corruption tient le haut du pavé. Tout particulièrement lors de la décennie rouge qui avait vu le laxisme politicien favoriser l’émergence de l’islamisme radical et meurtrier, puis les deux décennies d’une gouvernance autocratique institutionnalisant la corruption. Bien sûr, cela ne va pas empêcher notre héros , toujours d’attaque , de continuer à vivre ....en Algérie en renforçant ses liens avec la région natale des parents, de tomber (enfin !) amoureux et de se marier, de continuer à chérir sa mère , de soutenir son frère et ses amis, de dénoncer et de lutter contre les magouilles de tous genres, de reprendre des études de Droit.....et de participer à des opérations vengeant les meurtres de parents d’amis durant la guerre de libération nationale  .Un héros moderne comme on en rêverait d’avoir en quantité....qui , hélas, va prendre sa retraite (en vérité , on ne l’espère pas) !

 

 

L’Auteur : Né en 1943 à Bir-Djebah en Haute Casbah (Alger). Réalisateur et scénariste de cinéma....et enseignant en audiovisuel (en Algérie puis en Europe) . Etudes à Alger (Institut national du cinéma ) et en Pologne (Lodz). Une vingtaine de films (fiction) à son actif (dont QorineJalti le gaucher, Les rameaux de feu , Le grain dans la meule, Le sang de l’exil , « Les enfants du soleil, Les marchands de rêves.....)   et autant de documentaires en Algérie et en Europe.  C’est là son second roman.

 

Extraits : « Déposer plainte contre son père ?Qui m’aurait cru dans un pays où la parole des femmes ne compte pas. Vous ne connaissez pas les hommes, ils voient une femme en train de se faire battre ou violer, ils diront, elle l’a bien cherché  »  (p110), « Oui, les premiers intéressés par l’achat des biens des Pieds-noirs sont les gens qui nous gouvernent » (p147), « Les services montent des dossiers sur les personnalités pour les neutraliser.J’ai laissé l’Algérie corrompue au sommet, je reviens et je la trouve corrompue à tous les niveaux » (p162), « Ils ont ouvert la boîte de Pandore, l’islamisme armé est vaincu mais il a gangréné les esprits, à commencer par ceux qui nous gouvernent » (p244), « L’intronisation d’un égocentrique pathologique aux vélléités autocratiques ne présageaient rien de bon pour le pays (....).Dès sa prise de fonction, il réclama tous les pouvoirs à ses parrains et, ne les ayant pas obtenus, laissa la pays sans gouvernement pendant des mois et alla faire le tour du monde au frais de la princesse Algérie »  (p 255)

Avis : Chose promise (plutôt chose prévisible), chose réalisée.Ainsi , on se retrouve avec le tome II de la saga algéroise.Pour Lyès, le héros, la lutte continue. Un écriture qui va très ,très vite.Le défaut (ou la grande qualité) du cinéaste qu’il est. Un roman, qui se lit ..................comme un film d’action.Comme beaucoup de romans d’auteurs contemporains, surtout les septuagénaires et plus qui ont vécu dans leur chair et dans leur vie, douloureusement, bien des événements liés au développement politique et culturel du pays, on a un gros lot d’informations et de commentaires sur les situations vécues. Par eux, par leurs proches ou par la société.On vide son sac d’un trop-plein longtemps contenu ! Un « défaut » (ou une richesse) qui apporte du bon « grain à moudre »  à l’écriture future de l’histoire contemporaine du pays .

Citations « La vitesse en amour, c’est comme piloter un bolide, plus on appuie sur le champignon, plus on a le vertige  » (p 19), « Les magistrats sont des gens sages, ils pensent à leur carrière » (p 99), « Un pouvoir despotique, un gouvernement de loups et un peuple résigné ne sauront bâtir une nation moderne, libre et

 démocratique » (p 117), « Derrière le drame d’une femme, il y a souvent un homme » (p 123), « Méfions-nous des moralisateurs, ils ne sont pas les plus vertueux » (p 127), « Les choses agréables de la vie sont éphémères alors que les mauvaises arrivent quand on ne s’y attend pas et perdurent dans le temps » (p 133), « Plus tu montes en grade dans ce pays, plus tu t’exposes.L’ennemi d’un Algérien est un autre Algérien » (p166), « L’Algérie du nabot était hideuse. Elle avait échappé à la théocratie pour tomber dans la cleptocratie » (p 270)