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Roman El Yazid Dib - "L'îlot .Le secret des mouettes"

Date de création: 08-12-2023 13:50
Dernière mise à jour: 08-12-2023 13:50
Lu: 260 fois


SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN EL YAZID DIB- « L’ÎLOT.LE SECRET DES MOUETTES »

 

L’Îlot.Le secret des mouettes. Roman de El Yazid Dib.Sifar Editions, Annaba 2023, 239 pages, 1 000 dinars

 

Un lieu de rendez-vous fixe qui se prête aux rêveries et aux confessions ....Une excroissance rocheuse en face d’une plage peuplée de mouettes gardiennes de bien des secrets.Le tout  pas très éloigné de la Capitale....entouré de quartiers populaires et populeux.

Il y a Ziyad, le narrateur....journaliste-chroniqueur, bien curieux,  qui tente de déchiffrer le passé au fil de ses rencontres et ce pour mieux comprendre un présent de plus en plus  complexe.  Il y a Abdelkader , un vieil homme, ancien condamné à mort qui raconte son enfance, son militantisme communiste en France et en Algérie, auprès de sa première épouse Jacqueline(décédée), sa carrière d’enseignant, son emprisonnement injuste ,juste après l’Indépendance du pays, ainsi que sa seconde épouse, veuve de terroriste....Il y a Abdelkrim, alias Karim El Harga, « harrag » raté ,  vendeur à la sauvette de cigarettes et de cacahuètes qui deviendra député (Il est, en fait, bardé de diplômes mais....chômeur)....mais député rebelle refusant les compromis et les compromissions...Il y a Dda Mouloud, abandonné par ses enfants dont il fut le « papa chéri ».  Il y a Si Ahmed un autre moudjahid sali, en fin de vie, par le  fils d’un  « harki » qui cherchait à  venger l’exécution de son père.  Il y a des voyages en pays profond , du côté du pays chaoui, avec ses accueils généreux mais aussi  ses dérives.

En fait, la rencontre, presque accidentelle, entre les parcours de  deux générations qui arrivent enfin à dialoguer, les principes de de vie de base étant les mêmes....Décalage d’époque mais similitude des réactions.

 Hélas, entre les deux parcours, il y a d’autres pistes semées   de déni, de déshonneur, de lâchetés et de vilenies.

Kader le moudjahid, décédé, les mouettes de l’îlot vont-elles revoir Karim reprendre sa « harga » 

L’Auteur : le 25 juillet 1954 à Sétif. Etudes universitaires (Algérie et France). Cadre à la

retraite. Journaliste-chroniqueur au Quotidien d’Oran. Auteur de plusieurs ouvrages

Extraits « Ni les psychotropes, ni l’alcool, trop cher, ni  le diluant moins enivrant.La notion du prix du baril de pétrole demeure pour ces crânes (note : des haragas)  une variante inconnue.Le jerrican de mazout, si » (p 41), « Le défaut d’entretien est la signature d’une gabegie, l’indice d’un revers mental.Il arrive, ainsi, pour une chose, qu’un laisser-aller, une négligence, un abandon fasse révéler , par un simple coup d’œil, la turpitude de tout responsable" (p 61), « Tout ce qui est beau à Sétif a disparu.Les moissons comme les labours ne se font plus de la même manière.Chacun a sa charrue, chacun met ses bœufs là où il veut » (p119), « « Qu’attends-tu d’un esprit rural, nouvellement les poches bien pleines quand il investit la ville et ses atouts ? Il brûle les étapes et brûle tout ce qui est beau, et tu as Alger et sa blancheur comme illustre et triste exemple » (p 119), « Que de zéros se sont faits promouvoir en nombre à valeur impériale, que de pièces en rendu de monnaie se sont converties en billets de banque hautement côtés, que de néants sont devenus des adresses seigneuriales par le dévoiement, l’imposture et le sans scrupules » (p128)

Avis :Roman ? Essai ?Grand reportage ?De tout un peu , un peu de tout .....De la fiction mais aussi de l’actualité....brûlante.Un véritable tour sociologique (et politique)  du pays profond.  A lire en adhérant au style -un mélange journalistico- académique, heureux - de l’auteur.

Citations : « Être fou, ce n’est encore pas perdre sa raison mais aider à évacuer autour de soi les réalités jugées amères » (p18), « Le rêve ne fait pas uniquement voir la vie en rose. Il peut, à l’usure la frustrer » (p35) , « Pour croire accéder à une chose impossible, il faut l’imaginer » (p38), « Devenir riche ou influent est , semble-t-il,  une prouesse.Être pauvre et en bas des rangs est un sort, une destinée, une décision divine »  (p134), « Attendre une chose, c’est s’appuyer sur la longueur du temps, attendre une personne, c’est se rapprocher de sa présence » (p216)