SOCIÉTÉ- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- RÉCITS DE FATIHA BELKACEM- « EN
OUVRAT LE LIVRE DE MA VIE... »
En ouvrant le livre de ma vie......Récit(s) de Fatiha Belkacem. Editions El
Qobia, Alger 2023, 204 pages, 900 dinars
Souvenirs au coin du feu......Souvenirs d’un temps
passé...........Souvenirs de moments de bonheur, de joies partagées, mais aussi
de craintes, de peines, de douleurs , de souffrances,
mais aussi d’espérance continuelle.
C’est là tout le contenu de cette œuvre toute
de tendresse, de pudeur et d’émotions , mais aussi d’idées bien arrêtées sur la
société ...celle d’hier, et celle d’aujourd’hui.Idées
formulées simplement et franchement.
L’auteure nous raconte son enfance , sa jeunesse,
sa famille, la société environnante (celle durant la colonisation, celle de
l’Algérie indépendante ..et celle d’aujourd’hui). Elle décrit (presque ) toute sa vie, ses espoirs, son parcours, ses craintes,
ses désirs, ses colères, ses questions sur son devenir porté en son
cœur.....Aussi son amour pour le sport , la pêche, le savoir culinaire, tout
particulièrement celui hérité .Résumé ainsi : Des instants de petits
bonheurs ou de coups de gueule , des chagrins,des
craintes, des jalousies sur des pages sans retenue
43 grands et courts textes, tous aussi
prenants les uns que les autres. Avec un summum atteint dans le chapitre
consacré à la « cellule familiale » où le père et la maman sont les
piliers sécurisants et formateurs ; dans le chapitre consacré
l’ « apparition du Corona », un mal qui a ravagé
tout ce qui se trouvait sur son chemin » , Blida ayant été une
seconde « Wuhan » ; et dans le chapitre consacré à « mon
coloc, le cancer » .....un mal ayant atteint le corps de la
« guerrière » qui continue à « réfuter le mot Impossible »
L’Auteure :Née à Boufarik en 1949.
Etudes en philosophie, correspondante d’un journal, carrière dans une banque en
tant que cadre dirigeante......Aujourd’hui, résidant à Blida, elle gère un
établissement de restauration où l’on consomme, dit-on,
de la très, très bonne cuisine.Note :
sœur du défunt journaliste Kamel Belkacem
Sommaire : Préface (de Dehbia
Ammour, poétesse) / 43 chapitres (Chapitre I :
Le village de Sidi Moussa.......Chapitre 42 : Apparition du
Corona......Chapitre 43 : Mon coloc, le cancer)
Extraits : « Pour moi, les enseignantes étaient synonymes d’aptitude,
d’érudition, de respect » (p27), « Après l’indépendance, (note :
à Blida), plus de concours, plus de bataille des fleurs, plus de princesses sur
des chars fleuris, ces derniers ont fini au cimetière de la ferraille »
(p36), « Être indigène ne voulait pas dire nécessairement être vêtu
de haillons ou guenilles » (p 38) , « Les Fatma,
les Mohamed, les Indigènes, les Bougnoules étaient des termes adoptés par les
Colons français racistes » (p 89), « Les mentalités du respect
étaient ancrées dans notre subconscient et tous nos faits et gestes
durant nos balades étaient liés à la protection de la nature ; une prise
de conscience héritée de nos parents » (p121), « C’était la guerre,
et pourtant il existe et il y aura toujours des souvenirs désagréables durs à
oublier, des étapes douloureuses à surmonter, des moments ineffaçables de la
mémoire mais chaque minute est là pour nous ramener à la valeur de la vie.Tout cela , c’était autrefois ! » (p139), « Autrefois, malgré la lutte acharnée des
Algériens à arracher leur indépendance, il n’existait pas cette morosité chez
les gens .Tout était occasion de festoyer, rire et partager et , malgré les
deuils, les chagrins, la misère, l’allégresse était partout » (p171)
Avis : Un recueil de souvenirs, une sorte de bloc-notes du temps passé et du
présent proche, pleins de fraîcheur (s) et de nostalgie qui détricotent le
temps et se souvenir.Il faut, pour bien apprécier, se
laisser « aller » et se souvenir....de son enfance, de sa jeunesse,
de ses parents, de sa famille, de ses amis ,de ses voisins, de ses joies,
de ses peines, des souffrances du pays....Un livre que chacun de nous
(sexagénaires et plus) porte en soi.Car, selon la
préfacière, une « histoire mise en chair » , relatant les souvenirs
indélébiles d’une vie qu’il fallait tracer quelque part.
Citations : « De propriétaires d’origine, ces
Algériens sont devenus (note : sous la colonisation)esclaves
sur leurs terres « (p 39), « Être seul , c’est être en mauvaise compagnie,
c’est hériter d’une maladie grave aux douleurs incontrôlables enrobées de
regrets et d’amertume sans aucune reconnaissance.Pour
beaucoup, la mort reste une délivrance face à la souffrance morale » (p
71), « Ne pas oublier, c’est bien, mais reconstruire c’est mieux. Le
passé ne doit pas être l’alibi pour zapper le présent » (p150)