SOCIETE-MAUX
SOCIAUX- DROGUE/ CONSOMMATION, ENQUÊTE 2018
Les jeunes passent de la consommation du cannabis aux
psychotropes, qui tendent à être les plus prisés, puis au crack, avant d’arriver
à la cocaïne et l’héroïne.
Il
n’y a pas un quartier ou une ville où la drogue n’a pas fait de victimes. De la
consommation de cannabis, les jeunes sont passés aux psychotropes qui tendent à
être les plus prisés puis au crack, avant d’arriver à la cocaïne et l’héroïne.
Dans sa dernière enquête, publiée fin décembre 2018, relative à la prévalence
de la drogue en milieu universitaire, donc des jeunes, l’Office national de
lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT), a fait état d’un taux de
18,8% d’étudiants et de 3,4% d’étudiantes qui consomment la drogue en Algérie.
Ce qui porte le nombre à 134 000 étudiants, dont 31 000
étudiantes.
Leurs
camarades, qui ont tenté au moins une fois dans leur vie, de consommer la
drogue, sont estimés à 219 000, dont 54 000 filles. Même s’ils datent de cinq
ans, ces chiffres sont inquiétants et restent malheureusement d’actualité,
voire même en hausse perpétuelle. En 2020, l’office a recensé 21 638
toxicomanes, dont 4,30% âgés de moins de 15 ans, 46,20%
entre 16 et 25 ans, et 34,86% entre 25 et 35%. Soit un large pan
de la jeunesse qui est touché, notamment la tranche d’âge des 16-25 ans qui
constituent plus de 50% de la population de toxicomanes.
Les
femmes occupent de plus en plus de place dans cette catégorie, puisqu’elles
représentent 11,86% des personnes addictes à la drogue. Plus inquiétant,
l’ONLCDT, à travers l’un de ses experts, a relevé une hausse de 200% de la
consommation de la cocaïne, entre les dix premiers mois de l’année 2021 et ceux
de 2021 et un taux de progression de 100% pour le reste des drogues, notamment
les psychotropes qui ont tendance à dépasser la consommation du cannabis, en
raison de leur prix et de la facilité de leur transport et de leur
dissimulation.
Les
mêmes experts ont constaté que cette consommation a tendance à devenir de plus
en plus précoce, puisqu’elle a atteint les écoles primaires, et ce, même si son
taux reste marginal. Lors de ses interventions publiques, le professeur Djamel
Eddine Nibouche, chef de service cardiologie au CHU
de Hussein Dey, a alerté sur les conséquences de la consommation des
psychotropes chez les jeunes, dont plusieurs, selon lui, sont décédés à la
suite d’un arrêt cardiaque.
Evoquant
une «sérieuse menace», il a lancé un cri d’alarme puis
déclaré : «Nous enregistrons de plus en plus de décès causés par des
intoxications liées à des surdoses de drogues mélangées et toxiques, dont
l’origine et la composition restent inconnues puisqu’elles sont fabriquées par
des laboratoires clandestins et introduites illégalement à travers les
frontières.
Plusieurs
jeunes décèdent suite à un arrêt cardiaque après avoir consommé de la drogue.» Malgré les constats alarmants, les stratégies de prise en
charge des toxicomanes peinent à sauver ces milliers de jeunes pris en otages
par la consommation de la drogue sous toutes ses formes. Selon l’ONLCDT, 27 173
demandeurs de soins ont été pris en charge par
les structures intermédiaires de soins d’addictologie et les centres de
désintoxication. Ils étaient 21 638 en 2021 et 19 700
en 2020. Ces demandeurs, ajoute la même source, étaient plus nombreux, avant
2019.
Ils
avaient atteint le nombre de 23 416, en 2019 avant de passer à 124 424, en
2018, juste avant la pandémie Covid-19. Cela dénote une grande volonté chez les
jeunes à se soigner de cette maladie dangereuse, qui les mène droit vers la
mort, en détruisant tous ceux qui les entourent. En 2019, une nouvelle
expérience a vu le jour avec l’ouverture d’un centre de référence au niveau
national pour le traitement de la toxicomanie
avec de nouvelles techniques, loin de la médication, a été ouvert à Bouchaoui, à l’ouest de la capitale.
Depuis,
il a déjà accueilli 7 775 jeunes toxicomanes
pour une cure de désintoxication de la drogue, «loin de la psychiatrie»,
déclare son directeur, M. Abidat, pour une
réinsertion sociale. Ils viennent de toutes les régions du pays. La majorité
d’entre eux souffre d’addiction à plusieurs drogues. 90% d’entre eux consomment
les psychotropes, 70% le cannabis, 50% le Subutex (un médicament qui contient
une substance proche de la morphine), 40% de la cocaïne et 30 de l’héroïne. «La cure passe par 14 séances thérapeutiques qui sont
supervisées par des psychologues, des sociologues et des médecins.
Ce
programme de désintoxication passe par quatre étapes importantes qui
nécessitent toutes le consentement du toxicomane. Il s’agit de l’évaluation
initiale, suivie de la détermination du type de drogue consommée et de la durée
de la dépendance, puis de l’entrevue médicale et psychologique, et enfin le
début du traitement», révèle M. Abidat,
selon lequel le toxicomane est soumis par la suite à un protocole thérapeutique
allant de 3 à 6 mois.
Le
centre dispose, dit-il, de tous les moyens permettant une désintoxication
totale, au moyen d’un traitement naturel et un suivi psychologique durant
lequel, le concerné est soumis à des contrôles médicaux périodiques, ainsi que
des séances de thérapie de groupe avec les membres de la famille. Ils étaient
395 jeunes, dont des filles, à avoir réussi ce challenge.
A
son début, cette expérience semble donner des résultats probants au vu des
témoignages des jeunes toxicomanes rencontrés sur les lieux, en présence de
leurs familles. Chacun d’eux a une histoire tragique avec la consommation de la
drogue, mais tous partagent cette forte volonté à se débarrasser de ce poison
qui a détruit leurs liens familiaux et sociétaux en quelques années seulement.
Le bilan de la prise en charge des toxicomanes s’impose afin de trouver les
meilleurs mécanismes qui permettent aux jeunes addicts à la drogue de se
soigner et de se réinsérer au sein de la société.