SOCIETE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
ROMAN ALI TADJER- « D’AUDACE ET DE LIBERTÉ»
D’audace et de liberté. Roman
de Akli Tadjer. Casbah Editions ,
Alger 2023, 229 pages, 1200 dinars.
La guerre (la 2ème) est finie ,
Adam Bousoulem ne retourne pas en Kabylie
natale. A quoi bon puisque Zina, son premier et grand amour, est
désormais mariée au Caïd du coin . Autant rester en
France, bien que le pays se soit montré peu généreux à son égard pendant la
guerre. Enrôlé en 1939, enfermé ensuite en Picardie dans un camp de travail
réservé aux coloniaux, il s’en était évadé (voir plus bas,« D’amour et de guerre », un roman dédié aux oubliés
de l’histoire.)
« D’audace et de liberté » renoue avec un héros
ignoré et rendu à un pays qui se reconstruit. Lecteur de
« Combat », admirateur de Danton, il tire ,peu
à peu les leçons du passé tout en dirigeant , en compagnie (jusqu’à
l’intime) d’Elvire, la fille, de confession juive, du propriétaire (non
revenu des camps nazis) d’une tannerie dont il a hérité à Gentilly.
Ce deuxième volet de la fresque épouse ,petit à
petit, les contours d’un monde colonisé impatient, prêt à faire craquer
les anciennes coutures. Puis , patatras, le père
d’Elvire réapparait.....................en Palestine où les rescapés des
camps nazis -rejoint par Elvire - commencent leur occupation alors qu’à
Paris une communauté d’Algériens exilés affrontant le mépris d’un
pays qui , pourtant, s’appuie sur leur force de travail pour renaître,
commencent à parler et à rêver d’indépendance de l’Algérie.
Parallèlement, la re-découverte du pays et des origines est accéléré par la venue à Paris
d’un autre Adam..........un jeune homme, dont le « père » (le Caïd,
époux de la bien-aimée Zina) a été tué par des révoltés. Après les aventures du
guerrier, après celles de l’amant, c’est le temps du papa qui commence. Pour
Adam senior, la vie est ainsi faite. A l’image d’une représentation de pièce de théâtre « On y arrive quinze minutes après
le début et on s’en va quinze minutes avant la fin ..sans connaître la
fin »
L’Auteur : Né en
1954 à Paris. Auteur de onze romans (et d’un essai à succès : « Qui
n’est pas raciste, ici ? », Lattès 2019) dont trois
adaptés à la télévision : « Les ANI du Tassili », « Le
Porteur de cartable » et « Il était une fois…peut-être pas » .Plusieurs
livres à succès, dont « Le Porteur de cartable »,
« La meilleure façon de s’aimer »….. et ...... « La
Reine du tango »(2006) qui a reçu le
Prix Nice Baie des Anges. Ses romans sont traduits dans
de nombreux pays. Sa bio-express indique qu’ « il
poursuit son exploration des liens entre la France et l’Algérie pour mieux
tisser notre histoire commune »
Extraits : , « Nous ne fuirons pas. Nous ne
leur devons rien.Nous avons
versé tant de sang pour abreuver leurs sillons, laissé nos frères sur leurs
champs de guerre pour défendre leur liberté dont ils nous privent encore
aujourd’hui » (p45), « Après la guerre, nous n’avons eu ni
remerciements ni reconnaissance, pas même une petite breloque, pour dire....À
la vérité , nous n’attendions rien et nous n’avons pas été déçus. Aux yeux des
Français, nous sommes restés ce que nous n’avons jamais cessé d’être : des
colonisés corvéables à merci. Mais là n’est pas le principal, ce qui nous
rapproche et nous unit, c’est cette soif de justice et de liberté » (p123)
Avis :Un auteur facile à lire et à comprendre grâce à sa
maîtrise de l’écriture et au rythme du récit.Cela va
vite, très vite , mais pas trop.Peut-être un peu trop
tendre à l’endroit des autres...de ceux , il le sait, qui ne nous aiment pas. .
En attendant , assurément, la suite....certainement la
guerre de libération nationale en France même ou ...en Algérie.Le
troisième volet de la fresque.Une petite
remarque :Durant la colonisation, il n’existait pas de faculté à Bône
(Annaba aujourd’hui). Il n’y avait qu’une seule université, celle d’ Alger (Voir p 208).
Citations : « Les souvenirs, ça
vient, c’est comme les vagues de l’océan, parfois elles vous bercent d’images
heureuses, parfois elles vous rejettent des pensées amères que l’on croyait
noyées à jamais » (p21), « Sans utopie, il n’y a pas d’avenir
possible » (p 101), « Si l’ennui était une matière exportable,
l’Algérie serait riche à milliards » (p167) « On n’a qu’un seul
grand amour dans sa vie ; tous ceux qui suivent sont des amours de
passage » (p173), « Se venger des morts sur leurs enfants, c’est de
la lâcheté » (p177), « La liberté, c’est refuser ce qu’on ne veut pas
faire » (p 198),