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Essai Jugurtha Abbou - "La pensée d'Ait Ahmed"

Date de création: 17-02-2023 19:31
Dernière mise à jour: 17-02-2023 19:31
Lu: 254 fois


VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI JUGHURTHA ABBOU- « LA PENSÉE D’AÏT AHMED.... »

La pensée d’Aït Ahmed.Face aux tragédies algériennes. Essai de Jugurtha Abbou.Tafat Editions, Alger 2022, 216 pages, 1 000 dinars

Hocine Aït Ahmed (1926-2015) est, sans doute, l’un des militants actifs de la lutte armée pour la libération du pays qui, par ses positions, a laissé le plus une  empreinte intellectuelle dans la vie politique et idéologique du pays.

Ses activités sur le terrain , et ce depuis sa prime jeunesse,  sont connues et incontestables (et, d’ailleurs incontestées). Un C.v long et aux étapes glorieuses....Un résistant infatigable jusqu’à son derniers souffle....tout particulièrement contre tous ceux (dont des anciens frères de combat anti- colonialiste) qui, selon lui, n’étaient ni démocrates, ni respectueux des droits de l’homme, ni....ni....Bref,  le rêve d’une Algérie libre et souveraine, puis démocratique et sociale. Un résistant qui ne s’était pas suffi de discourir et de gérer un parti politique d’opposition , ce qui lui a valu bien des désagréments (dont l’emprisonnement) et l’a contraint à l’exil , mais qui, aussi, s’est investi  dans la production d’une  pensée politique  originale mais estimée adaptée au pays,  à travers la recherche universitaire et des écrits multiples et ininterrompus.  Sa devise lors des moments les plus tragiques vécus par le pays durant les années 90 entre autres ! “Ni état policier et ni république intégriste”, pour se positionner entre ce qu’il qualifiait d’«autoritarisme des gouvernants et totalitarisme islamiste».

Dans ce livre donc , l’auteur nous ramène aux débuts du parcours d’Aït Ahmed dans son village dans la commune d’Aït Yahia en Kabylie, pour expliquer les éléments qui ont forgé sa pensée, passant par sa prise de conscience et les massacres du 8 mai 1945, puis portant la guerre comme instrument de la politique, jusqu’à être ambassadeur de la révolution.

Le Maghreb démocratique des peuples, rendre l’Etat à la nation, à la recherche des solutions politiques, l’Assemblée constituante, les questions de liberté, des droits de l’Homme, de l’identité, de la condition féminine, de l’Islam el la laïcité , autant de points abordés dans la pensée d’Aït Ahmed.

Aussi, l’essayiste revient sur les positions de  Aït Ahmed face au système (déjà en décembre 1959, dans son rapport adressé de l’île d’Aix à la session du Gpra,il avait averti contre  « l’abstraction, la généralisation et la schématisation », annonciateurs d’un « Système ») à l’armée et devant les assassinats politiques d’Abane Ramdane, à Khider, Boudiaf, Matoub Lounès. Ses initiatives de sortie de crise prendront aussi une large partie du livre, à commencer par «la rencontre avec Ben Bella, pour une réconciliation nationale historique, la rencontre de Rome et la concorde civile».

À travers cette œuvre, Jugurtha Abbou se fixe le but de «représenter de façon succinte la vision de Hocine Aït Ahmed et sa pensée politique, économique et identitaire».

L’auteur, dans un souci d’appuyer son texte, a enrichi chaque passage par une, voire plusieurs citations de Hocine Aït Ahmed, puisées de ses livres,  ses messages, ses entretiens de presse  et  de ses discours.

Une révélation ( ?) : Selon Ait Ahmed, « la raison véritable du  coup d’Etat du 19 juin 1965 est que trois jours auparavant, un communiqué commun Fln-Ffs a été publié dans la presse nationale annonçant  le début de la sortie du parti unique et la reconnaissance d’un deuxième parti »....Des accords « qui allaient déboucher sur la démocratisation du pays »

 

 

L’Auteur :. Né en 1984.  Spécialiste en psychologie sociale.Il a été membre du Conseil national puis Secrétaire national à la communication du Ffs. Déjà trois ouvrages dont un de poésie (2019) , un essai (2021) et un roman (2022)

Table des matières :Introduction/ 12 chapitres/Conclusion/ Bibliographie

Extraits « Le 1er Novembre a commencé le 8 mai 1945 » ( Aït Ahmed cité, p16), « La grande réalité sociologique de l’Algérie, c’est le clan » (Aït Ahmed, , 31 octobre 2005,intervention sur Berbère télévision ,  cité p 19), « Doter la nation d’un Etat, c’est permettre à la Révolution d’avoir un écho » (Aït Ahmed, cité p 46. Tiré de «  La guerre et l’après -guerre » , 2013), «Pour Aït Ahmed, il n’y a pas mille chemins, la situation exige un changement radical, progressif et pacifique.Radical , cela signifie le changement du Système et non des personnes (.....).Progressif parce qu’on ne peut pas aller d’une dictature vers une démocratie sur un coup de tête (....).Pacifique parce qu’aucun changement violent ne peut mettre les jalons d’une véritable démocratie (...) » (p187)

Avis : Un essai ? Bien plutôt une étude qui présente Hocine Ait Ahmed sous toutes ses coutures......politiques.Un écrit qui détaille les qualités (innombrables) bien plus que les défauts. Une étude de la pensée de Si Lhocine bien documentée, méritant une bonne place dans les rayonnages des bibliothèques universitaires , tout particulièrement celles des Instituts de Sciences politiques, de Communication ou proches.

Citations : « Si la noblesse d’une cause suffisait à en assurer le triomphe, celle de l’Algérie n’eut pas eu besoin de révolution pour triompher » (Aït Ahmed. Etude remise au Cce, de la prison de la Santé, avril 1957. p 43), « Il y a des faiseurs de rêves, il y a des briseurs de rêves, Aït Ahmed a fait partie de la première catégorie tandis que d’autres.... » (p 48)     , « La politique, chez nous, c’est la loi du plus fort.Et elle est tellement enracinée que nos enfants ne comprennent plus aujourd’hui pourquoi ils devraient étudier « puisque de toute façon, nous disent-ils, c‘est le plus fort qui gagne » ( Aït Ahmed, cité p 55.  Discours à la salle Harcha, 4 février 1999), « La politique, c’est aussi le devoir de rendre des comptes » (p 61), « L’Islam contient des valeurs civilisationnelles, mais la technique de sacralisation est une technique du pouvoir absolu » (Aït Ahmed.Libération/France, 15 décembre 1989), « Mon pays souffre d’uen étrange maladie : l’algériasclérose.Ses symptômes ne trompent pas : mal être, mal de vivre, tristesse, frustration et soumission, perte des valeurs de solidarité et de courage... » (Aït Ahmed, cité p 108. Jeune Afrique, 1986), « L’Histoire, on la fait d’abord, on l’écrit ensuite » (Ait Ahmed cité p 191.La Nation)