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Oudai Zoulikha

Date de création: 03-01-2023 11:00
Dernière mise à jour: 03-01-2023 11:00
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HISTOIRE – PERSONNALITÉS- ZOULEIKHA OUDAÏ

Textes de Belkacem Ahcene Djaballah Belkacem inspirés après lecture de trois  ouvrages de Kamel Bouchama , de M’hamed Houaoura et de Aziz Moutas sur l’héroïne (voir www.almanach-dz.com/histoire/bibliothèque d’almanach):

1/Elle s'appelait Yamina Echaib, épouse Oudaï, mais toutes et tous l'appelaient Lalla Zouleikha. Lalla ? Un substantif qui nous vient -tradition citadine- du grand respect, voire de vénération vouée aux aînées. Lalla ? Parce qu'elle était une femme de caractère, «radjel ou nass». Lalla ? Parce qu'elle était une nationaliste très tôt engagée, suivant ainsi l'exemple de son père, aux côtés de son époux et des combattants pour la libération du pays du joug colonial.

Lalla ? Parce cela n'était guère facile dans une ville comme Cherchell (ville de l'époux), où se trouvait installée une Ecole militaire bien gardée et gardant toutes les Portes de la ville et ville dominée par des colons. Pourquoi ? Une Cherchelloise bien née, taillée dans le roc des Berbéro-Hadjoutis, cette tribu Hadjoute, éternelle rebelle.

Née à Marengo (Hadjout aujourd'hui) en 1911, elle fut une des rares «indigènes» à décrocher son Certificat d'études (en 1924, à l'âge de treize ans), prenant en même temps conscience de son statut de colonisé... Son fils aîné, Lahbib, ayant «fait l'Indochine», de retour au bercail,prend le maquis.

Il tombera au champ d'honneur en janvier 1957 à Sidi El Kebir, dans la région de Chréa, deux mois après l'exécution de l'époux, El Hadj Larbi.

Organisatrice hors-pair de la résistance, responsable du «nidham» à Cherchell, elle animera les réseaux de soutien (deux cellules, l'une composée de femmes, et l'autre d'hommes) au sein et en dehors de la ville, parfois au nez et à la barbe des services de sécurité

A la suite d'une dénonciation, le 21 mars 1957, elle rejoint définitivement le maquis... et pourtant, la lutte continue. Hélas, elle est arrêtée le 15 octobre de la même année... et torturée ( Le nom de son bourreau est connu : le Lieutenant-colonel Le Cointe, devenu par la suite général de corps d'armée), puis assassinée, exécutée le 25 octobre à 15 heures. Son corps ne sera retrouvé que plus tard, en mai 1982... Elle est enterrée aujourd'hui au cimetière des chouhada de Menaceur (...)

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2/Elle a été l'unique femme algérienne responsable politico-miltaire durant la guerre de libération nationale. «Certes, il y avait de grandes moudjahidate mais, à ma connaissance, et je le dis pour l'Histoire, Yamina Oudaï, connue sous le pseudonyme de Ella Zoulikha est l'unique femme algérienne qui avait été désignée à la tête d'une organisation politico-militare» souligne un moudjahid de la région, Ghebalou H'mimed. Elle avait, aussi, organisé un réseau de soutien composé uniquement de femmes

Une situation, fruit d'une certaine histoire familiale, faite d'engagements politiques, de combats et de martyrs (dont l'époux, Hadj Ahmed Oudaï et un fils, Lahbib).

Belle, intelligente, cultivée, généreuse, sociable, mère de famille exemplaire (deux filles et trois garçons), née à Hadjout et installée à son mariage à Cherchell, elle a réussi, avec l'accord et le soutien de l'époux, à activer pour la cause nationale dans la plus stricte clandestinité.

Mais, toujours sur ses gardes, car surveillée, harcelée par la police, les gendarmes et les militaires... la maison familiale se trouvant à quelques mètres de l'académie militaire de Cherchell.

Après sa capture au maquis (le 15 octobre 1957), torturée, toujours résistante (elle avait craché au visage du capitaine français, en public, alors qu'elle était traînée par un half-track), elle fut froidement abattue le 25 octobre 1957 et son cadavre abandonné dans la forêt... Sans sépulture (certes, il existe un témoignage mais il reste bien incertain), son histoire a été évoqué par Assia Djebar dans un de ses romans («La femme sans sépulture») et son nom reste toujours vivant dans la mémoire populaire.

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3/Une femme étonnante, native de Hadjout - comme Annie Steiner l’autre moudjahida-  fille de  propriétaires terriens, épouse d’un maquignon aisé, connue dans la ville (de Cherchell) pour sa classe et ses tenues élégantes, qui fut nommée, par le Fln, responsable de réseau dans la région.L’unique femme responsable politico-militaire durant la guerre ! Un poste imposant très exposé. Après la mort, au combat,  de son mari, Larbi Oudaï, et le démantèlement de l’un de ses réseaux , elle fut conduite à prendre à son tour le maquis. Capturée par l’armée française en octobre 1957, elle est exposée, attachée à un véhicule blindé et  elle se serait adressée à la foule....Elle aurait été exécutée le 25 octobre à 15 h à Sidi Semiane sans que la date soit certaine....et son corps manque ...Ses restes ( ?) « ont beaucoup voyagé » : D’abord un coin perdu du Dahra oriental, son corps en lambeaux et sans vie alors éjecté sans aucun égard, et enterrée par des habitants dans une fosse commune. Puis, au cimetière des Martyrs de la région de Boukerdane et, enfin , en juin 1984, au cimetière de Menaceur. « Une femme sans sépulture » (si l’on emprunte au titre de l’ouvrage de Assia Djebar, publié en 2002). Mais, une femme encore bien vivante dans l’imaginaire populaire de la région et sur les totems nationaux de la résistance populaire.A noter que si Lalla Zoulikha est le personnage central du récit, d’autres personnages, héros de la lutte de libération nationale sont présentés, certains (rares) encore en vie, et ils enrichiront le récit grâce à leurs témoignages (comme Ahmed Ghebalou, comme les propres enfants de Zoulikha...) et bien d’autres (dont le fils aîné de Zoulika, mort au combat).