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Paiement (commerce) électronique/ Younès Grar

Date de création: 12-08-2022 11:48
Dernière mise à jour: 12-08-2022 11:48
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INFORMATIQUE- OPINIONS ET POINTS DE VUE- PAIEMENT (COMMERCE) ELECTRONIQUE/YOUNÈS GRAR

E-paiement ou Commerce électronique, Younès Grar, consultant en TIC à El Moudjahid : «Absorber une partie de l’informel»

© Samia Boulahlib /El Moudjahid, jeudi 11/8/2022 (Extraits)

 

El Moudjahid : A la lumière de la loi de finances complémentaire pour l'année 2022, les commerçants sont sommés d’utiliser les instruments de paiement électronique, au niveau des espaces commerciaux, avant le délai fixé au 31 décembre 2023. Quels sont les moyens qu’il faut mettre en place pour généraliser cette technologie ?
M. Grar : D’abord, il faut se rendre à l’évidence que si le paiement électronique ne suscite pas d'engouement, c'est dû au fait que le marché informel s'accroît, de plus en plus, et que le problème de liquidités se pose au niveau des banques et des bureaux de postes.
Le chiffre de l’informel évalué à plus 90 milliards de dollars, avancé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, il y a quelques mois, est un chiffre très important. C’est presque un État parallèle. Ceci est dû au fait que les gens sont habitués à effectuer leurs transactions commerciales en cash. Ce qui alimente l'informel.
La solution est d’aller vers l’éradication du marché informel, et encourager les gens à aller vers le paiement électronique. Il existe deux types de paiement : il y a le paiement électronique à travers les sites web et les applications mobiles, et il y a le paiement électronique à travers les TPE (terminaux de paiement électronique) introduits au niveau des espaces commerciaux.
Pour le premier type de paiement électronique, les chiffres montrent qu’il y a un certain engouement, voire une certaine croissance, due au confinement, liée à la crise sanitaire, marquée par la pandémie du Covid-19. Les gens étaient contraints de payer leurs factures, que ce soient celles liées aux télécommunications, que celles liées au gaz, électricité et eau. Mais, nous avons constaté que le nombre de transactions commerciales enregistrées il y a une année et demie, représente 5 ou 6 fois plus que le nombre de transactions qu’il y a eu trois ans auparavant. Donc, nous avons constaté une croissance importante, mais il faut savoir que la plupart des transactions électroniques sont liées au paiement des télécommunications (recharge de cartes des opérateurs mobiles, recharge de l’ADSL internet d’Algérie Télécom). Une partie représentant moins de 10 % est liée à la facture de paiement d’énergie et d’eau et certaines factures pour des sites commerciaux.
Le nombre de TPE reste timide. Sur plus 2 millions de commerces dans le pays et qui sont susceptibles de placer un TPE, l’on enregistre moins de 50 000 de TPE placés par des commerçants. Normalement tous les commerçants doivent effectuer leurs activités en TPE, pour permettre à leurs clients de payer électroniquement leurs dépenses. Mais, on doit se rendre à l’évidence que trois ans après le lancement de cette technologie, il y a peu d’engouement de la part des Algériens.

Quel bilan faites-vous sur la croissance annuelle du paiement par internet en Algérie (ouverture de l'activité aux développeurs et start-up, intégration de marketplaces… destination des clients et des commerçants. Pourriez-vous faire un état des lieux et nous donner les perspectives et les attentes dans ce domaine ?
Le paiement électronique adopté par l’Algérie, ne peut être que bénéfique que ce soit pour les consommateurs, les entreprises ou différents opérateurs. Le fait de développer des applications ou mettre à la disposition des consommateurs des TPE et tout ce qui va avec, nécessité des entreprises de développement, des start-up, etc., Donc il y aura des créations d’emplois, création de valeur ajoutée et un certain dynamisme au niveau activité de numérisation, puisque le paiement électronique touche tous les services (on paye pour avoir un service, on paye même pour son permis de conduire, ou sa carte identité, ou bien ses frais de scolarité…).
Le e-paiement touche tous les secteurs, pour peu qu'on développe des plateformes qui donnent accès à ces services électroniques. Toute cette activité et tout cet écosystème va faire travailler beaucoup de personnes et va créer beaucoup d’entreprises pour faire survivre toutes ces opérations dans l’intérêt de notre économie. D'un autre côté, le paiement électronique, permet au consommateur de lui faciliter la tâche, en lui faisant éviter les déplacements pour le retrait d’argent, payer le commerçant en effectuant ses transactions facilement pour avoir son produit à domicile.
Il ne faut pas omettre aussi, tout ce qui est logistique (transport de marchandises) qui permet de dynamiser cette activité et créer de nouveaux emplois. Pour le consommateur, il utilise moins de liquide et donc il évitera beaucoup d’agréments tels que le problème de faux billets, billets déchirés irrécupérables, et bien d’autres risques, tout comme les erreurs de comptage, vol, etc.
Si l’État veut encourager le paiement électronique, normalement celui qui paye par la voie électronique a la possibilité de gagner des remises comme c’est le cas d’un client qui assure électroniquement son véhicule. Le paiement électronique peut régler le problème de manque de liquidités que connaissent fréquemment les bureaux de postes, mais aussi, il règle le problème du marché informel.

Quelles mesures faut-il pour la généralisation des Terminaux de paiement électronique (TPE) ?
Pour ce qui est de la généralisation des TPE (Terminal de paiement électronique), ce sont les mêmes erreurs qui se répètent, et à chaque fois on est devant le même constat. Cela dit, une question qui mérite d’être posée est la suivante : pourquoi ne peut-on pas distribuer les TPE au niveau des entreprises ?
Premièrement les TPE sont assez chères. Un commerçant ne peut pas acheter un TPE à 50 000 ou à 100 000 dinars. Donc c’est une charge en plus pour lui. Deuxièmement, les gens sont habitués à travailler avec l’argent liquide, car ils estiment que c’est plus sûr pour eux, et, pour certains, c’est une manière de fuir les impôts. Le fait de mettre en place un TPE, cela veut dire que toutes les rentrées de paiement se font à travers les banques et le commerçant a peur d’être taxé. Et même s’ils ont un TPE, il va chercher mille prétextes pour ne pas l’utiliser, en disant soit qu’il ne fonctionne pas, soit que le réseau n’est pas en service etc., et ce, pour éviter d’aller sur le circuit officiel.
Et là, il faut des mesures d’intéressement qui devraient toucher les commerçants, mais aussi les consommateurs. Aujourd’hui, le consommateur préfère payer en liquide et éviter de payer à travers un virement ou un chèque. Cela est devenu monnaie courante, et cette pratique touche tous les Algériens et même les responsables. Maintenant, il faut savoir les raisons de l’utilisation du liquide qui est due, premièrement à la TVA qui est assez importante pour le consommateur. Donc pour régler ce problème, il faut réduire la TVA pour, au moins, une période de sensibilisation au profit des consommateurs, afin de les encourager à adopter la culture de paiement électronique. Il faut mettre la TVA à zéro pour cent pour éviter au consommateur d’aller vers l’informel.
Pour les commerçants, on pourrait leur proposer des exonérations de taxes pour toutes les transactions faites électroniquement pendant un an ou deux ans. Et même allez plus loin, pour dire que tous les chiffres d'affaires que vous faites électroniquement, ne seront pas taxés et si vous atteignez un objectif vous aurez une réduction sur forfait (bonus). Cela permet d’absorber une partie de l’informel. Ce sera un acquis pour les banques et les circuits officiels. Si on arrive à absorber 10 % de l’informel à travers le paiement électronique, cela veut dire qu’au bout d’une année, ou deux, on peut gagner environ 9 milliards de dollars au niveau des banques qui ne seront pas obligées d’aller vers l’impression de nouveaux billets. En outre, il faut régler les problèmes techniques (infrastructures réseaux) mais aussi, assurer, la sécurité informatique, et créer un environnement de confiance au profit du consommateur et du commerçant, afin de pouvoir instaurer une culture de paiement électronique. Autre chose, prétendre atteindre, par exemple, un million de clients en TPE d’ici la fin 2023, est quelque chose d’irréalisable, il vaut mieux s’attaquer aux grands commerces et grands utilisateurs de liquidités au profit du Trésor public.

Quel est le nombre de cartes interbancaires émises au terme de l'année 2022 par rapport à 2021 ?
Concernant les derniers chiffres réalisés dans le domaine des transactions électroniques on remarque qu’il y a une certaine stagnation. C’est à peu près, un montant évalué à moins de 150 milliards de centimes de transaction par mois, c’est très peu pour un pays de 40 millions d’habitants.
Mais, le gouvernement a tracé des objectifs pour relever le défi, notamment à travers les transactions TELECOM qui ont la part du lion, les grands facturiers tout comme l’ADE (Algérienne Des Eaux) Sonelgaz, Air Algérie et certaines entreprises et administrations.
Concernant les TPE, d’après les chiffres qui sont publiés par Gie monétique, le parc de TPE en Algérie est minime, par rapport aux besoins réels du marché et ce, au vu du nombre de commerçants déclarés et des populations qui détiennent les cartes interbancaires. L’on a enregistré un peu plus de 40 000 TPE sur le territoire national, avec un montant de transaction mensuel estimé à environ de 170 milliards de centimes, ce qui est très peu ! Nous avons enregistré 1,5 million de cartes CIB et 10 millions de cartes Edahabia. Mais normalement, les différentes banques et Algérie Poste peuvent nous renseigner sur le nombre de cartes qui sont utilisées pour le paiement électronique.