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Influenceurs en Algérie/K. Benelkadi, El Watan 2022 (I/II)

Date de création: 16-02-2022 19:25
Dernière mise à jour: 16-02-2022 19:25
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COMMUNICATION- ENQUETES ET REPORTAGES- INFLUENCEURS EN ALGERIE/K.BENELKADI, EL WATAN 2022 (I/II)

 

 © Kamel Benelkadi/El Watan, dimanche 6 février 2022

 

 

Influenceurs en Algérie : La face cachée d’un business «virtuel»

Le métier d’influenceur tend à se professionnaliser dans le monde à l’heure de l’essor du marché d’influence marketing. Coup de projecteur sur un phénomène à réglementer. Il convient de s’interroger entre autres sur la nature contractuelle de la relation entre l’influenceur et la marque qu’il promeut.

L’affaire d’escroquerie de «Future Gate», qui a arnaqué pas moins de 75 étudiants algériens, a fait la une de nombreux journaux algériens et étrangers, et est devenue le sujet le plus controversé sur les réseaux sociaux. Des dizaines d’entre ces derniers, croyant aveuglement en leurs influenceurs préférés, se sont retrouvés abandonnés, errants dans les aéroports ou les rues de Kiev, d’Istanbul ou de Moscou !

Cette affaire a relancé le débat sur le rôle des influenceurs dans la société et surtout de leur statut juridique. Le métier d’influenceur tend à se professionnaliser dans le monde à l’heure de l’essor du marché d’influence marketing. Coup de projecteur sur un phénomène à réglementer. Il convient de s’interroger entre autres sur la nature contractuelle de la relation entre l’influenceur et la marque qu’il promeut.

Certains parlent carrément d’un nouveau business, mais qui n’est pas à l’abri de l’escroquerie. En général, les influenceurs parlent de leurs journées, de leurs aventures et expériences et sont surtout assez suivis.

Cela a commencé avec la beauté, destinée aux adolescentes et aux jeunes, maintenant, il y a des personnalités publiques qui parlent non plus à travers leurs médias mais à travers leurs propres pages, tels que des journalistes, comme Khaled Drareni, présentateur du CPP sur radio M et très actif sur Twitter.

En Algérie, cela a commencé avec les podcasters (petites vidéos assez humoristiques). Lorsqu’ils sont ramenés à des événements, ils interviennent en général en direct et instantanément pour faire passer des messages. Plusieurs entreprises y ont recours, telles que Jumbo, Coca-Cola, Fanta, Amor Benamor, Afia, Bel Algérie, Lotus Conseil, Oppo, Samsung et MediAlgeriA.

C’est devenu extrêmement intéressant pour les marques de s’associer à «ces ambassadeurs» qui savent s’adresser efficacement à des audiences de consommateurs. Certains influenceurs vont s’associer dans un but commercial, mais ce sont aussi des personnes qui ont un poids réel sur des sujets de société.

Leurs paroles et leurs actions peuvent contribuer à faire avancer les choses. Les influenceurs sont généralement des jeunes passionnés par tout ce qui est TIC. Les exemples sont nombreux et les profils aussi.

De simples vidéos au marketing d’influence : Ines Abdelli, accusés dans le cadre de l’affaire «Future-Gate» et mise sous contrôle judiciaire, est une influenceuse de 16 ans, qui a fait ses premiers pas devant les caméras dès l’âge de 3 ans, avec une publicité pour l’ancien opérateur de téléphonie mobile Nedjma (actuellement Ooredoo). Véritable phénomène des réseaux sociaux, elle prodigue notamment ses conseils pratiques sur sa chaîne YouTube Just Ines (chant, voyages...), c’est l’influenceuse dont le taux d’engagement est l’un des plus importants du pays et sans doute d’Afrique, avec 170 000 likes en moyenne par publication Instagram.

Celle qui crève littéralement l’écran avec ses magnifiques yeux bleu-vert a débuté une carrière d’actrice (Camélia dans la série humoristique Darna Show).

Shirine Boutella s’est fait connaître par ses tutos beauté et mode postés sur YouTube à partir de 2015, sous le pseudo de Mademoiselle S. Elle a reçu le prix de la meilleure Youtubeuse beauté au «Algerian Youtubers Awards2017».

Titulaire d’une licence de cinéma et audiovisuel, elle n’a pas eu de mal à maîtriser les codes de la vidéo en ligne. Repérée par des producteurs de télévision, elle joue dans deux séries algériennes, Casbah City et surtout une cheffe d’entreprise autoritaire et hautaine dans deux saisons d’El Khawa.

Pour comprendre ce phénomène en Algérie, il faut d’abord jeter un coup d’œil aux indicateurs du paysage numérique. L’Algérie comptabilise 43,92 millions d’abonnés à internet dont 91% (39,97 millions) sont connectés avec un téléphone mobile.

Les pages écrites (web et réseaux sociaux), les images et les vidéos représentent 65 % du contenu consulté par les internautes algériens et la télévision sur IP (Netflix et autres abonnements de même type) représente 25%.

L’Algérie compte, aujourd’hui, plus de 24 millions d’utilisateurs Facebook, soit 55% de la population. Internet et les réseaux sociaux ont pris une place centrale dans le quotidien des Algériens. Autant de potentiels «acheteurs» qui exhortent les sociétés à recourir dans leur stratégie marketing aux influenceurs. Mais le scandale du «Futur Gate» ouvre les yeux sur la nécessité d’un encadrement juridique du métier d’influenceur.