Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Espace- Hammaguir/Sahara (1960-1966)

Date de création: 19-02-2021 18:53
Dernière mise à jour: 19-02-2021 18:53
Lu: 852 fois


 

DEFENSE- ENQUETES ET REPORTAGES- ESPACE- HAMMAGUIR/SAHARA (1960-1966)

 

Petite histoire de Hammaguir, base spatiale de la france coloniale en Algérie

Quand les premières fusées françaises décollaient de Béchar

Photo : D. R. - Base spatiale de Hammaguir dans la vallée de la Saoura (Béchar)

©El watan/ MUSTAPHA BENFODIL, mercredi 17 février 2021 (extraits)

 

Tout le monde le sait : l’Algérie servit de terrain d’expérimentation pour les essais nucléaires français, entre 1960 et 1966, tout spécialement dans la région de Reggane (Adrar) et de In Ecker (Tamanrasset).

Ce que l’on sait moins, c’est que le désert algérien, plus exactement dans la vallée de la Saoura, à la lisière du Grand Erg occidental, a servi également de champ de tir pour des missiles balistiques et surtout de rampe de lancement aux premiers engins spatiaux français, à travers la base d’Hammaguir qui relève actuellement de la commune de Abadla, à environ 120 km au sud-ouest de Béchar(………………….)

.

Le premier satellite français lancé depuis Hammaguir

«Le 26 novembre 1965 s’élevait du désert d’Hammaguir, en Algérie, le premier lance-satellite de conception et de fabrication française : la fusée Diamant. Elle met sur orbite avec succès le premier satellite français A1 surnommé Astérix», peut-on lire dans un article publié sur le site web du Centre national d’études spatiales CNES, l’agence chargée de la mise en œuvre du programme spatial français. L’article, daté du 10 novembre 2015, est paru sous le titre «Il y a 50 ans, Diamant lançait Astérix, premier satellite français».

Avec cette opération, «la France accède à l’espace et entre dans le club très fermé des puissances spatiales, 8 ans après le Spoutnik des Soviétiques et 7 ans après l’Explorer des Américains», relève le CNES. «Elle devient ainsi «la 3e puissance spatiale mondiale en prouvant sa capacité de satellisation.»

Dans un autre document daté du 21 août 2019 publié sur le site du Centre spatial guyanais, «unique base de lancement européenne», sous le titre «De l’Algérie à la Guyane», il est précisé : «A sa création, la première mission confiée au CNES est claire : trouver une base de lancement permettant d’effectuer toutes les missions spatiales dans les meilleures conditions. Depuis 1948, la France utilise, en effet, les champs de tirs situés à Hammaguir et Colomb-Béchar, en Algérie. D’abord utilisées par l’armée pour des tests de missiles, ces bases sont mises à disposition du CNES pour des essais de fusées-sondes, puis des premiers lanceurs. Mais la France doit chercher un nouveau site pour développer ses engins de lancement : l’Algérie acquiert son indépendance en 1962, et les Accords d’Evian signés cette année-là prévoient la cessation d’activité dans le champ de tir saharien et le retrait de la France en 1967. A la recherche de son nouveau site de lancement, le CNES poursuit néanmoins ses essais durant cinq ans, et le 26 novembre 1965, le lanceur Diamant décolle d’Hammaguir et place sur orbite Astérix, le premier satellite français (………………………………………………)

Un chercheur (Philippe Varnoteaux) a donné un aperçu des tirs pratiqués dans le sud-ouest algérien à l’époque, et l’on remarque d’emblée l’intensification de ces tirs balistiques année après année. «De 1949 à 1961, le CIEES dispose de trois champs de tir aménagés autour de Colomb-Béchar : B0, juste à côté de l’oasis, pour des tirs de missile vers l’Est ayant une portée inférieure à 50 km ; B1, à 12 km à l’ouest de Colomb-Béchar, pour des essais d’engins de 50 à 90 km de portée ; B’1, à 50 km plus au sud, pour des tirs verticaux ne mettant pas en danger Colomb-Béchar», détaille l’auteur.

Au début des années 50’, «de nouveaux engins plus puissants font leur apparition : des missiles à longue portée (Eole, SE-4200, R-422…) et des fusées-sondes (Véronique, Monica) pour explorer la haute atmosphère (…). Cependant, les champs de tir B0, B1 et B’1 ne convenant pas, il fallait un espace beaucoup plus vaste. De ce fait, un quatrième champ de tir est aménagé à 120 km au sud-ouest de Colomb-Béchar, au nord de la Hamada, un vaste plateau dénudé où coule un oued du nom de Guir, dénommé B2 ou Hammaguir (contraction de Hamada et de Guir. Le rythme des essais ne fait que s’accélérer : «De 1950 à 1952, il y a en moyenne une cinquantaine d’engins tirés par an, puis une centaine par an entre 1953 et 1956 pour atteindre 500 engins en 1957. En 1959, on passe à plus de 900 engins pour franchir les 1100 en 1959-60», soutient l’historien (…………………………………………..)

Dans une autre contribution intitulée : «La France spatiale : tout commence à Colomb-Béchar» (numéro 436 du mensuel L’Histoire, voir le site : www.lhistoire.fr), Philippe Varnoteaux précise que «ce fut également de Hammaguir que la fusée-sonde Véronique fut mise au point entre mai 1952 et octobre 1954, date à laquelle celle-ci réalisa la première expérience spatiale française vers 104 km d’altitude». C’était donc la veille du déclenchement de la Guerre de Libération.

La fusée pionnière poursuivra sa percée. «Les 10 et 12 mars 1959, depuis le champ de tir d’Hammaguir, deux fusées-sondes Véronique obtenaient une spectaculaire découverte en réalisant une incursion dans l’espace. La France entre de plain-pied dans l’âge spatial», indique l’historien.

Il ajoute : «En pleine guerre d’Algérie, quatre champs de tir supplémentaires spécifiques furent aménagés à Hammaguir entre 1959 et 1963 : ‘‘Bacchus’’ pour les fusées-sondes à propulsion solide (Bélier, Centaure), ‘‘Blandine’’ pour les fusées-sondes à liquide (Véronique, Vesta), ‘‘Béatrice’’ pour des engins testés en coopération (sol-air Hawk américain, fusée Cora pour le lanceur européen Europa) et ‘‘Brigitte’’ pour le lanceur de satellites Diamant et les missiles balistiques.»

1er juillet 1967 : la France évacue la base spatiale

Philippe Varnoteaux poursuit : «Avec l’indépendance algérienne et malgré la proposition du nouvel Etat de rester, la France décida de quitter le Sahara. Elle craignait que Hammaguir fît l’objet de pressions et s’imaginait mal procéder à des essais en plein cœur d’un Etat indépendant. Dès lors, le ministre des Armées, Pierre Messmer, décida le 4 juillet 1962 de transférer progressivement les essais militaires près de Biscarrosse, dans les Landes, au plus tard le 1er juillet 1967. En 1964, il fut par ailleurs décidé que les lancements spatiaux se feraient à partir de 1967 depuis la Guyane française. En attendant, les essais continuèrent et de manière spectaculaire

L’auteur de La France à la conquête de l’espace assure que durant cette période-là, «tous les ans, plusieurs centaines d’engins furent expérimentés : des missiles, des fusées météorologiques, des fusées-sondes spatiales (avec parfois à leur bord de petits animaux). Le 26 novembre 1965, ce fut au tour de la fusée Diamant A de décoller et de placer sur orbite le satellite Astérix

Une archive audiovisuelle du Centre national d’études spatiales montre le décollage de la fusée Diamant A depuis la base d’Hammaguir lors de ce fameux 26 novembre 1965 (…………………………………)

Quid des installations et des bancs d’essais d’Hammaguir après l’évacuation du site ? D’après Philippe Varnoteaux, ils ont été démantelés, et «tous les instruments de mesure, de suivi et les matériels de télécommunication furent ramenés en métropole», dit-il.

Sur le site spécialisé «Capcom Espace» (capcomespace.net), un document retraçant la genèse et l’évolution de l’industrie spatiale française soutient à propos de la base d’Hammaguir : «Le 1er juillet 1967, le CIEES est évacué et remis aux autorités algériennes, comme le prévoyaient les Accords d’Evian signés en mars 1962. Bien que le site soit inhabité depuis 45 ans, les installations sont toujours en place et notamment le pas de tir de la fusée Diamant.(………………….)