Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Cinémathèque algérienne/HIstorique

Date de création: 24-01-2021 18:08
Dernière mise à jour: 24-01-2021 18:08
Lu: 602 fois


CULTURE- CINEMA- CINEMATHEQUE ALGERIENNE/HISTORIQUE

 

Il y a 56 ans a été crée la prestigieuse Cinémathèque Algérienne, exactement le 24 janvier 1965. Et la salle de l’ex-Club, située au 24 rue Ben M’hidi qui deviendra la salle principale où seraient projetées les œuvres. Beaucoup de critiques et de cinéphiles ignorent les circonstances de création de ce musée de cinéma et surtout le parcours et l’apport du premier directeur de cette prestigieuse cinémathèque: Ahmed Hocine. 

L’idée de la création d’une Cinémathèque a été réfléchie en 1964, par Mahieddine Moussaoui qui était à la tête du nouveau Centre national du cinéma (CNC), regroupant l’ensemble des activités cinématographiques. Sa priorité était la création d’un centre d’archives pour regrouper en un seul endroit les archives photos et audiovisuelles rapatriées de Tunis. Son credo : «Un peuple sans histoire n’est pas un peuple, un pays sans archives n’est pas un pays.»(2) Pour cela, il a fait appel à Valentin Pelosse, un déserteur français qui avait travaillé sous ses ordres à Tunis.
Ce centre n’avait pas pour fonction de projeter des films à ses débuts. Il était plutôt conçu comme un service d’archivage et de conservation. Devant l’importance d’une diffusion cinématographique, le projet de grand centre d’archives nationales audiovisuelles chargé uniquement de la conservation est tombé et a été remplacé par celui d’une Cinémathèque placé comme musée du cinéma, essentiellement vouée à la conservation et à la projection d’œuvres filmiques. Cette nouvelle mission a été confiée par Mahieddine Moussaoui à son plus proche collaborateur au CNC, Ahmed Hocine. Valentin Pelosse, qui avait commencé à travailler à la classification des archives, se retira du projet.

Pour l’Algérie, le défi du développement cinématographique était ambitieux. La cinémathèque s’est développé grâce à une équipe de haut niveau dirigée par Ahmed Hocine, lui-même issu d’une famille de militants résolument engagés dans la guerre de libération. Sa sœur Baya a été condamnée à mort avec ses consœurs de la bataille d’Alger. Dès son installation à la tête de la Cinémathèque, Ahmed Hocine a tenu à renforcer l’option diffusion. Le Français, rue Khelifa Boukhalfa, a été la première salle de répertoire confiée par le CNC à la Cinémathèque pour compléter la salle de l’ex-Club qu’Ahmed Hocine tenait à conserver comme Musée du cinéma.

Pour faciliter la tache de la Cinémathèque, Mahieddine Moussaoui, a fait passer un texte exonérant les salles de la Cinémathèque des procédures de visa. Cette mesure capitale a permis de faire enlever sans formalités les films à leur arrivée à l’aéroport, puis de présenter toutes sortes d’œuvres, même les plus audacieuses. Grâce à Hocine, la Cinémathèque jouit encore de ce statut particulier qui fait d’elle un espace de liberté absolue. 

Moussaoui a alors contacté directement Jean-Michel Arnold qui travaillait à la Cinémathèque française et l’engagea pour organiser la programmation et les projections de films sous la direction d’Ahmed Hocine. Jean-Michel Arnold lui-même confirme qu’il est arrivé à la Cinémathèque à la demande de Moussaoui et de Hocine et non, comme beaucoup le prétendent, envoyé par le directeur de la Cinémathèque française, Henri Langlois. Hocine a su s’entourer d’une équipe d’experts talentueux avec, à leur tête le grand Jean-Michel ArnoldDaniel Leterrier et François Roulet, le fameux concepteur des affiches. Ces français faisaient partie des coopérants qui ont choisi de travailler en Algérie pour aider à son développement. Certains comme Roulet étaient considérés comme des pieds rouges: (Des communistes qui ont choisis de se ranger du coté de la révolution algérienne) 

Hocine a encouragé de jeunes Algériens à intégrer le groupe qu’il animait et soutenait efficacement. C’était le cas notamment d’Ahmed Bedjaoui et de Abderahmane Djelfaoui

Mais après l’ouverture de la Cinémathèque, le Centre national du cinéma qui concentrait toutes les activités de production, de distribution et même d’exploitation cinématographiques a été dissous pour donner lieu à plusieurs organismes. Ce qui a permis d’octroyer des postes à plusieurs prétendants. C’est Ahmed Hocine qui fut chargé de gérer le CNC après l’éviction de Moussaoui et de préparer la restructuration. Il a donc été à la tête de l’ensemble du cinéma pendant une période cruciale pour le cinéma algérien. En 1967, le CNC fut remplacé par l’ONCIC et l’OAA pour la partie commerciale, tandis que Moussaoui devenait secrétaire général du ministère de l’Information sous la houlette de Mohamed Seddik Benyahia.

Le directeur de la Cinémathèque Algérienne Ahmed Hocine avec les lunettes avec le directeur de la Cinémathèque française Henri Langlois. derrière eux Boudjemaa Kareche et Abderahmane Djelfaoui, les animateurs de la cinémathèque.

De son côté, Ahmed Hocine héritait du Centre algérien de la cinématographie, chargé de la partie réglementaire. La Cinémathèque devenait alors ainsi un département du CAC. A cette période, une de ses priorités était de pourvoir la Cinémathèque de locaux pour entreposer les centaines de copies qui arrivaient de diverses sources.
Dans un entretien accordé en 1979 à la revue Les Deux Ecrans, Ahmed Hocine résumait bien les priorités qui avaient guidé son action : «La Cinémathèque a un patrimoine de films très important. C’est d’autant plus remarquable que nous sommes partis de zéro, le cinéma et plus particulièrement les archives, la conservation des films, c’était quelque chose de neuf en Algérie. Il n’y avait pas de tradition dans ce domaine lorsque nous avons débuté en janvier 1965. Malgré cela, nous sommes une des Cinémathèques les plus riches en matériel filmé. L’origine de ce matériel est très diverse, très variée. Il provient soit de dons et d’achat, soit d’un travail de récupération et de reconstitution des films. 
C’est un travail de bénédictin des collaborateurs de la Cinémathèque qui réussissent à reconstituer les films à partir d’éléments épars. Ce nombre important de copies pose forcement des problèmes de stockage. Nos locaux sont très exigus, à tel point que nous avons acquis des films à l’étranger que nous ne pouvons pas faire venir en raison du manque de place. Pour résoudre ce problème, nous avons fait des démarches auprès de la wilaya d’Alger, car nous avons un besoin urgent de locaux nouveaux. Nous ne disposons actuellement que de deux endroits pour entreposer nos films le service des archives et un garage à Bab El Oued». L’essentiel du stock était en réalité constitué par les copies récupérées dans les agences privées de distribution à l’échéance des droits commerciaux. 

Au début, la Cinémathèque algérienne s’appuyait pour sa programmation sur les prêts des copies provenant des distributeurs privés, mais ensuite pour compléter les cycles consacrés aux grands cinéastes, Ahmed Hocine et Michel Arnold faisaient parfois appel à la Cinémathèque française qui recevait en contrepartie des copies de films pour ses rétrospectives. C’est ainsi que l’intégrale des œuvres de Chahine organisée d’abord rue Ben M’hidi avaient été d’être envoyée ensuite à la Cinémathèque française. Il faut dire que les relations entre le directeur de la Cinémathèque française Henri Langlois et le directeur de la cinémathèque algérienne Hocine étaient très forte. 

Ahmed Hocine était connu pour sa discrétion. C’était un homme d’une grande culture qui n’hésitait pourtant pas cependant à présenter les invités de marque au public de la Cinémathèque. On le découvre ici avec l’ancien ministre de l’information et de la Culture Ahmed Taleb El Ibrahimilors d’une exposition à la Cinémathèque Algérienne en novembre 1970. 

Mais la mission de Ahmed Hocine, premier directeur de la Cinémathèque algérienne s’arrête en 1972, quand il démissionna de son poste de directeur suite (dit-on) à un échange houleux avec Ahmed Amimour qui était à l’époque directeur du service presse à la présidence de république. 

Il est remplacé à la hâte par son conseiller culturel, Boudjemaa Karèche qui restera (désigné mais jamais nommé officiellement) ensuite plus de 32 ans à la tête de la Cinémathèque Algérienne.