Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Roman Ali Mouzaoui- "Comme un nuage sur la route"

Date de création: 10-01-2021 18:44
Dernière mise à jour: 10-01-2021 18:44
Lu: 676 fois


CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN ALI MOUZAOUI – « COMME UN NUAGE SUR LA ROUTE »

COMME UN NUAGE SUR LA ROUTE. Roman de Ali Mouzaoui. Editions Frantz Fanon,Boumerdès 2020.800 dinars, 231 pages

Ali Mouzaoui, on le sent, est, d’abord et avant tout, un cinéaste. En tout cas,   il est « possédé » par cet art qu’il a longuement étudié puis pratiqué. Mais, c’est aussi un écrivain. Et, à vrai dire, le mélange des deux  peut donner naissance à un bel enfant. Une œuvre romanesque, mélangeant fiction et réalités historiques (et poétiques , ce qui ne gâte rien) qui décrit , en plusieurs plans et/ou séquences, la vie d’une légende aventurière et littéraire du pays, la vie d’un homme – Mohand-ou-Mhand, des Ath Hmadouche – lequel révolté par l’intrusion d’un corps étranger dans sa société , en l’occurrence le colonialisme porteur d’ « infidélité » et source  de toutes les dépossessions et fabricant d’exils et de trahisons, va mener une vie d’errance sans repères à travers le pays (globalement, tout l’Est jusqu’en Tunisie en passant par Annaba)….et de créativité poétique.Un  engagement total et un refus de toute compromission et de tout lien :familial y compris, lui, un enfant issu d’une famille aisée ; cultuelle y compris , lui, un « sachant » de qualité ; sentimental, lui, un amoureux fou de Ourida .

La poésie, l’observation, la critique, l’amour de la nature , la nostalgie de la Kabylie natale…..et, aussi, hélas (ou heureusement, c’est selon) le kif et l’absinthe qui vont l’aider à maîtriser sa révolte ,  à transcender les vilenies de la réalité et les duretés de la vie…..et à marcher, marcher, marcher…..refusant toutes les belles offres d’aide ou/et d’hébergement (il était connu à travers le pays pour sa poésie…..tellement recherchée car , grand taiseux, il ne répétait jamais ses poèmes).  Et, à noter, l’humour , dans cette saga tragique, n’est pas absent : comme la fois où sa tabatière pleine de kif s’était renversée, sans qu’il ne s’aperçoive, dans la poêle d’huile devant cuire les beignets qu’il destinait à  la vente ( aux travailleurs des mines de Boukhadra)….La suite est hilarante (rapportée par Si Ammar Ben Said Boulifa et ses étudiants) ,mais il avait du vite partir pour échapper à ses clients , tous tombés « malades ».

 

 

L’Auteur : Cinéaste (diplômé de l’Institut supérieur du cinéma de l’Urss) , plusieurs films dont « Si Mohand-ou-Mohand », « Les ramiers blancs », « Les piments rouges » …et auteur d’un premier roman (L’Harmattan, 2005), « Thirga au bout du monde »

Extrait: « Vous voyez cette main. Si un doigt venait à manquer , toute la  main deviendrait laide. Mais, si deux ou trois doigts seulement lui restaient elle pourrait toujours se refermer , devenir un poing qui pourrait se battre »  (p 86)

 Avis : Un roman avec une écriture qui « erre » comme son héros entre la passion, la tradition, la poésie, l’errance, la révolte…..l’Algérie voulant échapper au joug de la colonisation mais aussi de tous les « mauvais » pouvoirs

Citations « Un homme instruit ne grossit pas, le cerveau et le cœur lui mangent le corps « (p 87), « Quand une rivière creuse son lit, elle suit son cours.Les hommes ont beau avoir de la volonté pour la détourner de son lit, ils n’y peuvent rien. Il en est ainsi de ma destinée….Que peux-tu faire pour Si Mohand-Ou-Mhand Ath Hmadouche ? Rien…»  (p 141), « Plutôt rompre que plier/Plutôt être maudit/Dans un pays où les chefs sont des entremetteurs/L’exil m’est prédestiné/Par Dieu j’aime mieux l’exil/Que la loi des pourceaux/En ce pays la vérité est morte/L’on adore la ruse : Le sage manque devenir dément » (Si -Mohand -Ou -Mhand, extrait de poème, p 144), « Il est à plaindre celui qui célèbre parmi les hommes/Tombe ensuite dans le dénuement de la stupeur/Et les chagrins chaque jour » (Si Mohand -Ou -Mhand, extrait de poème, p 189)