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Ali Boumendjel

Date de création: 18-08-2020 19:32
Dernière mise à jour: 18-08-2020 19:32
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HISTOIRE –PERSONNALITES- ALI BOUMENDJEL

 

© Benjamin Stora, août 2020

 

Ali Boumendjel est un homme d’un courage exceptionnel qui, placé au secret, torturé pendant 43 jours, refusa de parler. C’était pendant la terrible « Bataille d’Alger » en février-mars 1957. Il est mort, sous la torture, le 23 mars 1957. Sa mise en terre se déroula sous la surveillance des parachutistes français, dura un quart d’heure (au défi de la coutume musulmane), le 26 mars 1957 au cimetière Sidi M’Hammed à Belcourt. (………………………….)

Ali Boumendjel est né le 23 mai 1919 à Ighil Izane dans une famille riche en talents, imprégnée de combats politiques, de voyage, de littérature, de culture. Son père est un instituteur sorti de l’Ecole normale de la Bouzareah. Le jeune Boumendjel accomplit un parcours scolaire brillant, obtenant son baccalauréat, ce qui n’est pas rien à cette époque. Il est l’homme d’un nouveau monde qui émerge dans l’entre-deux-guerres, celui des engagements, des désirs de transformations portés par une élite algérienne musulmane en formation. Malgré un penchant réel pour la médecine, il opte pour des études de droit, plus courtes, pour ne pas être à la charge de sa famille modeste. Il s’engage en politique au moment de l’avènement du Front populaire, en 1936. (……………………..) Ali Boumendjel a des convictions portées par une grande culture, une culture ouverte, généreuse, puisant aux sources des rationalismes français et des Lumières portées par l’Islam. Sa formation d’avocat lui donne l’idée qu’en droit, comme en politique, il faut avancer dans la nécessité du progrès, et que les vérités neuves s’imposent en rendant caduques les anciennes. Il est donc un révolutionnaire contre le système colonial, non pour détruire tout ce qui existe, mais pour favoriser une autre renaissance de son pays.

Très vite, il est repéré par l’administration coloniale comme un « élément dangereux », à surveiller. Il participe aux activités clandestines des nationalistes algériens pendant la seconde guerre mondiale, s’engage dans le courant unitaire des Amis du Manifeste et des Libertés (AML), dirigé par Ferhat Abbas et animé à la base par les militants de Messali Hadj. Après les massacres de Sétif et de Guelma en mai-juin 1945, Ali Boumendjel rejoint le parti fondé par Ferhat Abbas en 1946, l’Union Démocratique du Manifeste Algérien (UDMA). Il participe aux activités du Conseil Mondial de la Paix, et Malika Rahal suit pas à pas, les efforts d’Ali Boumendjel, partisan d’une dynamique unitaire dans le mouvement national algérien des années 1950.

Cet esprit libre, qui aurait pu afficher son érudition, se méfie des hiérarchies, des chemins tout tracés, des jugements préconçus. Ali Boumendjel est au contraire un pragmatique, cherchant le meilleur dans chacun des courants qui se disputent, quelquefois sans motifs valables, à l’intérieur de la mouvance nationaliste algérienne. Les sillons qu’il creuse à l’UDMA partent de cette conviction : il faut rassembler toutes les tendances algériennes, ne pas s’enfermer dans des logiques communautaires étroites, chercher des passages avec les anticolonialistes français adeptes de l’égalité républicaine. Sa passion se voit seulement lorsque se manifeste sa vision obstinée d’une Algérie réellement libre. Avant le déclenchement de la guerre d’indépendance, il est l’un des rares à bénéficier de la confiance des courants algériens, divisés face au déclenchement de l’insurrection de novembre 1954 décidé par le FLN.

Au Front de Libération Nationale qu’il rejoint très vite, il est respecté pour sa vivacité intellectuelle. Dans la tourmente de la guerre d’indépendance, son autorité rassure. Il est l’un des dirigeants politiques les plus écoutés. Et c’est pourquoi les parachutistes français se sont vite intéressés à lui, comme la possible « tête pensante » du FLN, et ont cherché, par tous les moyens, à le faire parler…...

Il laisse derrière lui un héritage politique et culturel que son frère reprendra dans le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA), proclamé un an après l’assassinat d’Ali Boumendjel

(……………………………)