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Essai Colloque (Tassadit Yacine, Dir)- "Kabylie 1871. L'Insurrection"

Date de création: 31-07-2020 18:38
Dernière mise à jour: 31-07-2020 18:38
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HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI  COLLOQUE (TASSADIT YACINE , Dir)- « KABYLIE 1871. L’INSURRECTION »

 

Kabylie 1871.L’Insurrection. Actes du colloque international de Béjaia, 6 et 7 mai 2014. Sous la direction de Tassadit Yacine (Textes présentés avec la collaboration de Abdelhak Lahlou). Koukou Editions, Cheraga/Alger 2019, 254 pages, 800 dinars.

 

Les résistances populaires aux envahisseurs n’ont jamais cessé en Algérie. Mais , incontestablement, celle de 1871 –contre la présence coloniale française commencée en 1830  - a constitué un tournant important dans l’histoire contemporaine du pays. Car, pour la première fois, cela a aidé à la prise de conscience du monde rural du véritable visage de la politique coloniale et de la nécessité d’une unité d’action dans la lutte contre la colonisation. Elle mobilisa plus de 250 tribus alignées derrière des chefs comme Mohand Ait Mokrane (El Mokrani et Cheikh Aheddad…..Elle couvrit par son ampleur toute l’Algérie dite du « centre » , celle qui va des contreforts de l’Ouarsenis à l’ouest jusqu’à l’Aurès à l’est, et des rivages de Dellys à la Calle au nord jusqu’aux sables de Bou Sâada et les oasis du sud.

Malgré le peu de moyens de lutte (une population armée de vieux fusils à pierre, de simples couteaux, de sabres et haches)  face à une armée régulière , moderne, au commandement unifié et un arsenal puissant, l’inégalité de moyens ne découragèrent pas les combattants. Hélas, le froid sibérien de l’époque, les massacres aveugles des populations, les incendies des villages , des récoltes et du cheptel, les impôts trop lourds, les exécutions sommaires et les jugements expéditifs (pourvoyeurs de déportés en Nouvelle Calédonie , à Cayenne ou à Madagascar) ont eu raison de la volonté  de se battre …..appauvrissant, du même coup, des régions et des populations entières par le biais de la dépossession systématique des terres, et des  séquestres individuels et collectifs.

Bien longtemps après (l’indépendance) , l’histoire officielle a ignoré cette étape cruciale de la résistance populaire…comme pour d’autre étapes d’ailleurs. Heureusement , les mémoires populaires , à travers la poésie , le conte et  le chant, ont continué à relater les événements avec beaucoup d’émotion et de fierté…..et pour beaucoup la guerre de  libération nationale de 54 (et partant tout le mouvement national) ne fut que la continuité logique , naturelle de la catastrophe vécue par les insurgés de 1871. La revanche ! La victoire ! Enfin.

 

Les auteurs : Tassadit Yacine-Titouh, est spécialiste de la culture berbère, enseignante universitaire (France) , et elle anime la revue d’études berbères « Awal » (fondée en 1985 avec Mouloud Mammeri).

Abdelhak Lahlou est professeur de lettres et sciences humaines à Paris

Sommaire :Présentation/ L’année 1871 en France et en Algérie…. (Benjamin Stora)/ Un point d’historiographie….. (Fouad Soufi)/  Insurrection de 1871…. (Mouloud Kourdache)/ « L’année de Boumezrag »….(Ouanassa Siari-Tengour)/1871, stupeur et désarroi dans la poésie orale ...(Abdelhak Lahlou)/ L’insurrection de 1871 : l’humiliation après la défaite (Rachid Oulebsir)/Histoires croisées…. ;(Françoise Vergès)/ Calédoun  ou….(Mahdi Lallaoui)/ Dans la vallée de la Soummam : les Ath Waghliss (Ali Mekki)/ L’insurrection de 1871 en Kabylie…(Tassadit Yacine)/ Partie II : Poésies populaires…./ Partie III : Documents….

Extraits : « Laver l’affront de Sedan, par écrasement des indigènes hors de métropole :on retrouvera ce même processus à l’œuvre (une armée qui quitte le champ de bataille européen pour se rendre dans l’univers colonial) au moment des massacres de mai/juin 1945 »  (Benjamin Stora, p 13), « Ce n’est point, un mouvement de fanatiques religieux comme le prétendent certains, ni même celui des fonctionnaires indigènes en colère ; c’est une expression fondamentalement politique  fondée sur le refus de la situation de domination » (Mouloud Kourdache, p 35), « Le fait est que cette histoire terrible est demeurée en marge de l’écriture » (Ouanassa  Siari-Tengour, p38), « On ne peut comprendre l’embrasement de 1871 que si l’on ne perd pas de vue l’alliance réalisée entre seigneurs déçus et paysans mécontents. C’est la jonction entre la guerre patriotique et le mouvement social qui a permis à l’insurrection de s’étendre au-delà du fief des Mokrani » (Ouanassa  Siari-Tengour, p45), « L’insurrection de 1871 qui met en relation la Commune de Paris, la Kabylie, la Nouvelle Calédonie, la résistance  des Kanaks à la colonisation française et même Madagascar et la Réunion est un parfait exemple de télescopages , d’inattendus et de contingences , mais aussi d’une possibilité d’écrire autrement l’histoire des émancipations » (Françoise Vergès, p 74), « Aseggwas n 71 dirit-Ay ixf-iw fehm it- Akk’at cedd usaru » (Si Mohand Ou Mohand.Extrait, p 221), « Son drame (note: celui de Si Mohand Ou Mohand de la famille des  Aït Hamadouche) est celui de tout un peuple abasourdi par la défaite qui a vu émerger, des ruines de 1871, une nouvelle « race » d’hommes , sans foi ni loi, qui s’est appropriée pouvoir, honneurs, et considérations depuis « l’exil des preux » (p 222)

Avis : Un titre qui peut induire en erreur, l’insurrection de 1871 ayant concerné toute la « Kabylie orientale »….jusqu’à Collo en passant par Mila (déjà ,fin  janvier, les hostilités y avaient débuté  pour s’étendre jusqu’ à Souk Ahras…et le Titteri s’est embrasé début février) , El Milia et Jijel. Il est vrai que la vraie guerre avait commencé à Seddouk, le 8 avril.

Des interventions courtes, précises…et prenantes car nous plongeant directement dans un temps que nous avons encore en nous.

 

Citations : « Il y a dans l’histoire de l’Algérie, deux fils rouges : la terre et la culture…La lutte pour la terre et la culture traversent notre histoire et notre présent, et les expliquent » (Fouad Soufi, p 17), « Les armées qui écrasent la Commune de Paris, tuent et massacrent Parisiens et Communards, sont celles qui pratiqueront la politique de la terre brûlée en Algérie » (Françoise Vergès p 77),