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Roman Joseph Andras- "De nos frères blessés"

Date de création: 07-07-2020 19:23
Dernière mise à jour: 07-07-2020 19:23
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HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN JOSEPH ANDRAS- « DE NOS FRÈRES BLESSÉS »

De nos frères blessés. Roman de Joseph Andras. Editions Barzakh, Alger 2016 (Actes sud, Paris 2016) , 152 pages, 600 dinars

Pour François Mitterand, le nom Fernand Iveton est resté (selon B. Stora) comme un « nom maudit », car il ne cessait de lui rappeler son rôle de maître-bourreau alors qu’il était ministre  Garde des sceaux  sous René Coty dans un gouvernement (celui de Guy Mollet) menant , en Algérie occupée, une guerre coloniale sans merçi. Sous couvert de la « raison d ’Etat », il avait, alors permis , entre autres, la décapitation de Fernand Iveton, le militant communiste algérien engagé dans le combat du Fln. Ami de Henri Maillot, proche du couple Guerroudj, il avait posé une bombe (préparé par Abderrahmane Taleb) dans l’usine où il travaillait, l’usine à gaz du Hamma/Alger (en un endroit où il n’y aurait eu aucune victime) et , dénoncé, avait été arrêté avant qu’elle n’explose. Ni blessés, ni morts. Elle n’a pas explosé. Et, pourtant, il sera sauvagement torturé , condamné de manière expéditive à la peine capitale et exécuté le 11 février 1957 (un de ses avocats n’était autre que Henri Smadja qui sera, deux jours après la décapitation, arrêté et emprisonné au Camp de Lodi)  .....A peine 30 ans. Le seul Algérien d’origine européenne guillotiné  : Raison d’Etat ? Sous la pression du gros colonat et des populations facistes d’Algérie ?  Par haine des « bougnoules » et de leurs « amis » ? Pour l’exemple contre les indépendantistes d’origine européenne ? Par aveuglement , le pouvoir enfermant les gouvernants dans des bulles ?

Andras vient  enfin redonner vie à un homme , longtemps oublié, un « pied-noir » engagé pleinement et sans calcul, amoureux de justice sociale. Mais, dans son combat, il n’avait pas , hélas, été appuyé et soutenu  (même par son parti politique d’origine). Laissé presque seul face à la « machine » infernale de l’  armée coloniale. Heureusement, il y avait Hélène, son épouse d’origine polonaise, qu’il aimait autant que sa terre, l’Algérie.

L’Auteur : Né en 1984 en France et vivant en Normandie. C’est là son premier ouvrage.....Lauréat du Goncourt du premier roman , il le refuse , arguant qu’une telle récompense serait un « frein » à son « indépendance d’écriture ». On a de lui une photo (qui n’est, peut-être , pas la sienne, ) et on dit même qu’il écrit sous peudonyme. Qui sait ? Voir, pour plus de détails sur l’auteur et le processus de création de l’œuvre,  l’entretien exclusif avec l’auteur publié in El Watan (Walid Bouchakour) du samedi 28 mai 2016.

Extraits : « La société n’entend pas que l’on puisse, lorsque l’on est une femme, rêver plus que les contours ne le permettent –la collectivité tient à garder un œil sur ses ventres, sa chair et son avenir » (p 50),  « Le sang ça sèche plus vite que la honte : on a obligé des Arabes (à Melbou) à se mettre à genoux devant le drapeau tricolore et à dire « nous sommes des chiens, Ferhat Abbas est un chien ». Abbas est un de leurs chefs, et encore. Il est modéré, lui.... » (p 68)

Avis :Un véritable « roman-réalité ». La vie et la mort d’un de nos (grands ) héros de la guerre de libération nationale ...... Une lecture incontournable. Et, si prenante, si émouvante. De quoi réveiller toutes nos haines ! Une insatisfaction cependant : en p 85, le bref mais suggestif récit du premier acte d’amour Helène-Fernand . A mon avis, il est venu comme un « cheveu dans la soupe » brisant le charme d’une très  belle écriture. Chaque lecteur appréciera ......selon ses goûts !

Citations :  «  La mort, c’est une chose, mais l’humiliation ça rentre en dedans, sous la peau, ça pose ses peties graines de colère et vous bousille des générations entières » (p 67), «  La guerre et la loi n’ont jamais fait bon ménage » (p 116), « Je vais mourir, mais l’Algérie sera indépendante » ( Fernand Iveton, p 148)