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Etude Tassadit Yacine- "Ait Menguellet chante..."

Date de création: 04-07-2020 18:22
Dernière mise à jour: 04-07-2020 18:22
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CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ETUDE TASSADIT YACINE- « AIT MENGUELLET CHANTE… »

Ait Menguellet chante.......Etude de Tassadit Yacine (préface de Kateb Yacine). Editions Alpha, Alger 2008 (Editions La Découverte, Paris, 1989 et Editions Bouchène/Awal, Alger 1990) ,  516  pages, 1 200  dinars

Incontestablement, Lounis Ait Menguellet est un des plus grands poètes du pays. Lorsqu’il chante (ses poèmes) , c’est lui qui rassemble le plus de  foules frémissantes...Car, il va droit au cœur. « Il touche, il bouleverse, il fustige les indifférents »

Quand la guerre de libération éclate, Lounis (Abdennebi) n’a que quatre ans . A la victoire, il en a douze...Mais il se souvient  avoir vu , «  criblé de balles, un jeune soldat .... ». « N’y a –t-il pas mieux qu’un climat de guerre pour faire apprécier les moindres bienfaits de la vie » . D’où son « combat ». Peut-être ! En tout cas, cela marque pour toujours. Une de ses chansons la plus écoutée , la plus émouvante, la plus prenante , la plus marquante est bien  Amjahed (Le Combattant) : « Le corps de son mari est parti en morceaux/Ravi par le plomb/ Son nom au vent s’est envolé » 

Il commence à chanter en 1967. Il aime la poésie , mais les contraintes et les servitudes que le métier impose freinent son élan. La culture acquise danns les grandes villes (dont l’arabe algérien appris en peu de temps) vient se superposer au fonds culturel ancien, commun au patrimoine universel,  mélangé à la réalité des paysans kabyles.

L’ouvrage est , en grande partie, consacré aux chansons/poèmes : 63 d’amour et de nostalgie......et 104  politiques...toutes en kabyle et en français.....

Kateb Yacine, dans sa préface avait (en 1989 ou 1990) émis un vœu : « Cette première traduction devrait être suivie de sa réplique en langue arabe ».  Que Dieu ..et les éditeurs l’entendent ! Pour l’instant, pas encore.

L’Auteure : Directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, chercheur au laboratoire d’anthropologie sociale (Cnrs/France)......directrice d’une revue (Awal).....spécialiste de l’anthropologie culturelle consacrée au monde berbère

Avis: Amoureux de poésie et de chants berbères engagés , admirateurs de Ait Menguellet, lecteurs et/ou apprenants de tamazight......Un recueil incontournable d’un « poète au cœur du monde...et du peuple »

Citations : «  L’Algérie offre le spectacle d’un pays subjugué par la mythologie de la nation arabe, car c’est au nom de l’arabisation qu’on réprime tamazight » (Kateb Yacine, préface,  p 17), « Le vide ( divin ou naturel) fait fuir (ilem yessewhac). Il est immense, il désintègre l’être, le rend minuscule devant la grandeur de l’abîme. Il est signe de la non-existence, de la fin des fins » (p 36), « La haine du poète est en réalité une forme d’amour retourné » (p 40) , « La langue –voix, culture – frappée de mutisme depuis l’Antiquité souffre de mort....elle s’éteint avec le temps (comme la mère que guettent les ans) avec la puissance des dominants et aussi la faiblesse –ou le consentement – des dominés (p 52), « La chanson est souvent le mode d’expression des minorités dominées culturellement . Mode d’expression mais aussi et peut-être plus fréquemment encore, instrument de revendication identitaire » (p 82), «  Quand tu auras changé de place/Quelquefois interroge ton cœur /Il te rappellera  le passé/ Et tout ce que ta main a brisé » (Ait Menguellet Lounis, Poème « Ṛuḥ eǧǧ-iyi/Quitte-moi », Extrait, pp 224-225-226-227) « Le verbe est immortel/Alors que l’homme meurt/ Quand le verbe a jailli/ Toute génération qui le veut le trouve/ Sans doute vaut-il mieux prendre la parole/ Dis-la avant qu’il ne soit trop tard «  (Ait Menguellet Lounis,  Poème « Targit/ Rêve », Extrait, pp 453-454-455 )