Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Essai Rachid Mokhtari- "Sansal, Khadra, Boudjedra...."

Date de création: 04-07-2020 11:58
Dernière mise à jour: 04-07-2020 11:58
Lu: 953 fois


DEFENSE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI RACHID MOKHTARI – « SANSAL, KHADRA,BOUDJEDRA…. »

Sansal, Khadra, Boudjedra. Face au Gia séducteur. Essai de Rachid Mokhtari, Marguerite Editions, Alger 2015, 144 pages, 800 dinars

Comment, par la biais  de l’écriture, on en arrive à faire du bourreau la victime ? .....C’est ce que Charlotte Lacoste (en préambule) montre à travers le concept de « la manipulation narrative » qui, à travers des procédés (procédures)  d’usurpation, « innocente le bourreau et culpabilise la victime » . En fin de parcours, « le bourreau à visage (sur-) humain est à l’honneur ». Selon Dourari Abderrezak , « la manipulation est un acte cognitif qui peut se faire implicitement à l’insu du sujet manipulé ou explicitement avec sa coopération active »

Donc, à  travers un corpus de romans , comment alors s’étonner qu’on en soit arrivé au pardon (en tout cas juridique) de crimes de masse perpétrés dans les années 90.

L’auteur a choisi plusieurs auteurs et plusieurs œuvres qu’il décortique minutieusement, méthodiquement. Pour lui,  la plupart, jusqu’aux plus jeunes auteurs ayant publié leur premier roman à l’orée des années 2000, ont centré leur écriture autour d’un nouveau personnage, le terroriste, l’égorgeur du Gia, celui qui sème la terreur et la mort parmi les populations civiles . Il devient même  le héros du drame collectif, au sens classique du terme. L’ancien maquisard de l’Aln est désormais un  « vieux » et sa guerre appartient au passé. Il n’est plus un repère, un symbole, un père, un emblème. Il est souvent désabusé, incapable de faire front au nouvel ennemi. Celui-ci est jeune, encore un adolescent, appartenant au présent ; il a souffert durant son enfance, il subit le chômage...Il n’a pas décidé de tuer....et c’est un pur concours de circonstances qui l’a poussé à devenir un bourreau malgré lui. Conclusion : « les terroristes trouvent confort et réconfort dans le roman algérien de la décennie noire dont ils fructifient un imaginaire sadique ». Dur de lire ça et pourtant ! Il faut seulement lire de manière critique les textes ...à succès, tout particulièrement les ouvrages publiés  de 1989 à 2011 en France.

A la guillotine....intellectuelle  de Mokhtari : Yasmina Khadra avec , entre autres, « A quoi rêvent les loups » ( ou, selon l’auteur,  Les confidences d’un Gia séducteur) ; Rachid Boudjedra avec « Les Funérailles » (ou Dans la mentalité du bourreau)  ; Boualem Sansal avec « Le village allemand ou le journal des frères Schiller » (ou La banalisation de la Gestapo) et avec « 2084 » (ou Dévotions meutrières ) ; Nabil Farès avec « La voie singulière » (ou Au pays des ogres) ; Mohamed Sari avec « Le labyrinthe » (ou Le crime banalisé, le terroriste humanisé) ; et Wahiba Khiari avec « Nos silences » (ou La cruauté de la parole)          

 

L’Auteur : Journaliste, écrivain et critique littéraire, il est , aussi, auteur de plusieurs ouvrages. Il a dirigé la rédaction du quotidien de gauche Le Matin (de Mohamed Benchicou) jusqu’en juillet 2004

Avis :Présentation (de l’ouvrage) originale et recherchée. Très remarquée. Contenu : De la critique littéraire pointue et de qualité.....Attention :  Résolument engagée. Bonne lecture aux étudiants et aux enseignants !

Citation : «  La syntaxe de ses romans (la littérature algérienne de cette dernière décennie) est nue, réduite à ses constituants immédiats, comme dépossédés d’expansions adjectivales, de tout ce potentiel de nostalgies de phrases descriptives  tout en méandres telles qu’elles s‘offrent dans la Colline oubliée ou dans Le grain dans la meule. Mouloud Mammeri, Malek Ouary ou Mohammed Dib de la trilogie historique, dans leurs premiers écrits documentaires , peignent un monde qu’ils revendiquent , duquel ils extraient le suc identitaire, alors que leurs héritiers, ayant perdu ces repères, malaxent la langue, la désarticulent et en font l’objet même de leur quête. Désormais, le linguistique prime sur l’historique » (p 68)