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Essai Mustapha Chérif- "Sortir des extrêmes...."

Date de création: 02-07-2020 11:23
Dernière mise à jour: 02-07-2020 11:23
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CULTURE – BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI MUSTAPHA CHERIF- « SORTIR DES EXTRÊMES….. »

Sortir des extrêmes. Ni intégrisme, ni perte d’identité. Essai de Mustapha Chérif , Casbah Editions, Alger 2015, 166 pages, 650 dinars

Cette fois-ci, c’est pour lutter contre les extrêmes de tous bords que l’auteur, déjà bien connu sur la scène intellectuelle, tout particulièrement dans le domaine des essais philosophiques  s’intéressant à la foi, s’engage.Pour dénoncer les deux extrémismes contemporains qui’il trouve nuisibles pour la compréhension de l’Islam (et de toutes les autres religions) . Et, pour dégager une voie médiane, celle de la wassatiya, ouverte sur l’algérianité (pour ce qui nous concerne) et aussi à la mondialité.

Pas facile ! Car , les extrêmes qui « occupent les espaces médiatiques, politiques et religieux » sont là, perturbant la cohésion sociale et le « vivre ensemble ».

Les extrêmes ? L’un veut imiter un Orient fantasmé ( avec des pratiques archaïques versant dans l’interdit, l’apologie de soi, l’intolérance, voire la violence, l’instrumentalisation du sacré par des groupes, favorisant l’ingérence, l’autoritarisme et l’obscurantisme…). L’autre, avec des courants de pensées , « modernistes » , appelant à imiter (ou imitant) aveuglément l’Occident…versant parfois, sinon souvent dans l’athéisme dogmatique, réduisant la croyance religieuse et les rites à des formes d’aliénation ….et versant (ou faisant verser, sans se rendre compte ) dans l’islamophobie.

Les tenants du premier veulent revenir aux sources et s’opposent aux innovations… « un combat d’arrière-garde voué à l’échec »…..ceux du second veulent réformer et moderniser l’Islam au lieu d’éduquer le musulman. Mais , les premiers sont piégés « par la nostalgie d’un passé déformé » et les seconds le sont « par les pesanteurs du temps présent ».

Deux approches en fait « idéologiques » que l’auteur estime non alternatives mais bien plutôt  « impasses ». D’où sa « défense et illustration » de la « voie ouverte du juste milieu », pour la promotion d’un humanisme musulman, de la fraternité abrahamique et de la refondation du fait religieux à partir de l’expérience prophétique pour notre temps  .

La solution pour s’en sortir ? Trois volets qu’il développera : celui de la réforme politique « afin de traduire la volonté populaire, selon des règles constitutionnelles conformes » ; celui éducatif fondé sur l’éveil à la responsabilisation , la cohérence des savoirs et la formation religieuse ouverte»; celui, enfin, économique , « afin d’allier productivité et justice sociale, culture du mérite et éthique ».

 Vaste et ambitieux programme !

L’ Auteur : Docteur d’Etat en philosophie et en sociologie, professeur des Universités, ancien Recteur de l’Université de la Formation continue , ancien ministre de l’Enseignement supérieur et ancien ambassadeur d’Algérie (en Egypte) , figure du dialogue des civilisations (il avait été reçu par le Pape) , Prix Unesco pour le dialogue des cultures et Prix italien de la culture de la paix, auteur de plusieurs ouvrages….

Avis:  Pas facile de vivre (et de comprendre ) la voie du « juste milieu ». Il faut espérer  et, surtout,  persister. …..dans la construction de la  nouvelle « Maison de la sagesse », de la « médianité » ….Une ambition de croyant tolérant et ouvert sur l’universel ? Un rêve  d’intellectuel musulman  « moderne » ? Un peu trop sévère ou même injuste pour  les auteurs «musulmans »  « modernistes »  (les guillemets sont de lui) qu’il classe  dans deux camps : ceux qui pratiquent , dit-il, la critique constructive et ceux qui pratiquent le dénigrement

Citations: «  L’islam est incompris, déformé et trahi d’abord de l’intérieur. Les sociétés musulmanes sont fragilisées, soumises aux manipulations et dictats extérieurs » (p 36), « Se libérer , c’est assumer ses responsabilités, ce n’est pas seulement croire ou mécroire » (p 39), « Aucune sagesse, ni spiritualité et raison ne dominent la doctrine idéologique des intégristes «  (p 43),  « Expliquer le terrorisme, l’extrémisme et le rigorisme par la religion est un contre-sens. Les terroristes doivent être considérés comme tels, et non point comme des « croyants » comme ils le prétendent dans leur délire » (p 61),