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Télévision numérique (Tnt)

Date de création: 18-06-2020 16:43
Dernière mise à jour: 18-06-2020 16:43
Lu: 863 fois


COMMUNICATION – ETUDE ET ANALYSE-  TELEVISION NUMERIQUE (TNT)

 

17 JUIN : DÉBUT DE L'EXTINCTION DE LA TÉLÉVISION ANALOGIQUE EN ALGÉRIE.La TNT, pour quoi faire ?

 

©Maâmar Farah/Le Soir d’Algérie, mercredi 17/6/2020
farahmadaure@gmail.com

 

Quelle chance pour la TNT en Algérie, le pays le plus «parabolisé» au monde depuis les années 90 ? Qui va chercher à réinstaller une vieille antenne râteau des années 60 et 70 ? Et pour recevoir quoi ? Un bouquet déjà disponible sur Nilesat et Alcomsat 1 ? Passage certes obligé pour le tout numérique mais bide annoncé au niveau de l'accueil populaire, sans compter que l'IPTV, ou télévision via internet, est en train de bousculer le satellite et toutes les autres formes de réception audiovisuelle. Seul avantage ; libérer les fréquences pour la radio numérique terrestre. Mais, là aussi, pour quels programmes ?
La télévision numérique terrestre est la réponse technologique au besoin de consommer des programmes télévisés nouveaux, déclinés sous forme numérique et offrant une variété et une richesse jamais connues auparavant. Certes, il y avait le satellite qui permettait de recevoir des milliers de chaînes. Mais, il ne faut pas croire que tous les pays avaient la même situation que l'Algérie dont le parc parabolique était, dans les années 90, le plus important au monde.

Qualité d'image et multiplication des chaînes
Les autres pays, et notamment les plus développés (hormis l'Allemagne avec Astra 1 dès 1988), avaient un parc satellitaire grand public très réduit et ne recevaient que les chaînes terrestres sur leurs réseaux domestiques, à l'aide des fameuses antennes râteaux. Ces programmes étaient diffusés en VHF et UHF uniquement.
Cette diffusion analogique présentait beaucoup de handicaps : mauvaise qualité de l'image, mangeuse de fréquences entières, peu de possibilités d'inclure d'autres paramètres avec l'image, etc.
La TNT proposait d'abord une image d'excellente qualité. Qui ne se rappelle pas de la réaction des téléspectateurs à la vue des premiers écrans numériques ? Parfaites, lumineuses, définition accrue, couleurs justes, ces images ont marqué toute une génération.
C'était la grande découverte dans les foyers mais, pour recevoir cette télévision, il fallait soit installer une parabole avec un récepteur numérique qui coûtait très cher au début de l'aventure. Dans les pays développés ayant déjà lancé la TNT, il fallait s'équiper d'un nouveau téléviseur. Pour continuer à utiliser son vieux tube cathodique, la solution consistait en l'achat d'un décodeur.
La TNT est une opération universelle. Les organisations internationales spécialisées ont imposé à tous les pays l'abandon de la diffusion analogique au profit d'une émission uniquement numérique. Les avantages sont nombreux : sur la fréquence d'une seule chaîne analogique de type VHF ou UHF, on pouvait désormais émettre 8 chaînes et plus si l'on ferme l'œil sur le côté qualité de l'image. Cette possibilité permettait aux pays ayant adopté la TNT d'augmenter leurs programmes en multipliant les choix.

Le mauvais exemple de la France
Mais, dans d'autres pays, ce fut une mascarade, à l'exemple de la France où, au lieu de s'ouvrir sur de nouvelles formes de télévision, les autorités de l'Hexagone ont fermé le champ audiovisuel en octroyant aux mêmes groupes dominant le paysage audiovisuel, les nouvelles fréquences de la TNT. En dehors des chaînes payantes, la télévision française n'offre que de lamentables rediffusions ayant eu leur temps de gloire sur les programmes hertziens. Les nouvelles chaînes appartiennent en général à TF1, M6, Canal+ et le secteur public s'en sort plutôt déplumé, avec une seule chaîne généraliste au contenu syncrétique (France 4), appelée d'ailleurs à disparaître, une chaîne d'info plus proche de la radio que des télés tout info (France Info) et un programme pour enfants. La TNT, qui devait être une fenêtre ouverte sur de nouveaux acteurs de la télévision, un formidable bond en avant intégrant des formes modernes, populaires et démocratiques du message audiovisuel et une participation active de nouveaux groupes sociaux ayant enfin la possibilité de parler librement face au monopole de l'information partagé entre cinq groupes; cette TNT n'existe qu'à travers les rediffusions de Columbo ou de La Petite maison dans la prairie !
Deux programmes phares sur deux chaînes vedettes appartenant à TF1 et Canal+ font illusion, mais le résultat est plutôt décevant. TMC et C8 se disputent le peu d'espace laissé par les mastodontes de l'ancien hertzien. La première veut s'imposer avec l'accès prime «Quotidien» et la seconde via l'omniprésence de Cyril Hanouna qui semble loger dans les studios de C8 tant il est omniprésent ! Lamentable. Mais la TNT n'est pas mauvaise partout. Dans d'autres pays européens, elle a permis l'éclosion de plusieurs programmes de la télévision publique qui privilégient l'art, l'information, la jeunesse, les minorités, les documentaires, les débats, etc.

Chances réduites en Algérie
En Algérie, la TNT, malgré les immenses sommes qui lui ont été allouées et les efforts techniques considérables menés par les acteurs de l'audiovisuel, à leur tête TDA, est un lamentable échec. La raison principale de la désaffection du public est l'existence d'un parc de réception satellite qui permet aux 80% de la population (au moins) de recevoir déjà la télévision numérique avec ses milliers de chaînes réparties sur des centaines de satellites à portée de signal. Jetez un coup d'œil sur les terrasses et les toitures : les antennes râteaux ont pratiquement disparu et il sera difficile de repeupler ces espaces par ces bouts de ferraille d'un autre âge.
Évidemment, on peut nous répondre que la TNT sera utile pour cette minorité défavorisée qui continue de recevoir l'Unique (vraiment unique) en VHF sur leurs vieux postes en bois. On ne connaît pas la recette magique pour transformer le signal analogique en signal numérique sur ces caisses cathodiques et la seule disponible est l'utilisation d'un décodeur. Existe-t-il ? Est-il vendu ? A-t-il les spécifications techniques pour s'adapter à tous les téléviseurs ?
Il faut bien s'imprégner du fait que la TNT n'intéressera, pour le moment, que cette minorité. Je ne vois pas les Algériens, gavés de programmes satellitaires qu'ils reçoivent gratuitement grâce au piratage, se casser la tête à dénicher la vieille antenne et la replacer sur leurs toits ! Pour quels bénéfices ? Le bouquet algérien avec ses chaînes peu attirantes existe déjà sur Nilesat et Alcomsat 1. Capter les matchs des Verts? L'ENTV les diffuse uniquement quand ils se déroulent en Algérie. À l'extérieur, BeinSports garde l'exclusivité et c'est triste et anormal que les citoyens d'un pays ne puissent pas regarder librement leur équipe nationale sur leur chaîne nationale. Les gens qui s'abonnent à Bein enrichissent les vendeurs d'armes pour terroristes et déstabilisateurs de régimes indépendants !
C'est d'ailleurs à travers BeinFrance que beaucoup d'Algériens regardent les rencontres des Verts et même de nos représentants en compétition africaine. Mais là, merci le «flashage» !

Laisser la place aux radios numériques terrestres !
S'il est vrai que la TNT est un passage obligé pour le tout numérique et que, quelles que soient ses difficultés à s'imposer dans un pays fermé depuis longtemps au hertzien, elle reste indispensable, il ne faut pas attendre des miracles.
Ce sera à peu près la même désaffection que vis-à-vis du satellite national de télécommunication, toujours occupé seulement par six ou sept chaînes nationales.
Finalement, le seul avantage sera cette libération de fréquences qui permettra de lancer la radio numérique terrestre, la grande innovation technologique qui va améliorer la qualité de la réception et la profusion des chaînes. Mais si c'est pour multiplier les «radios de Monsieur le Wali» à l'infini, autant dire que la radio numérique n'apportera que davantage de blabla et de propagande.
Et puis, il y a l'IPTV, invité surprise qui apporte du nouveau. Le satellite et la TNT semblent bien pâles face à cette révolution numérique qui met à notre portée des milliers de chaînes de tous les pays du monde. Avec, en prime, des catalogues de films, documentaires, musique, fichiers, etc. Réception parfaite — mais seulement avec un bon débit — et, surtout, pas de pépins en cas de chute de pluie ou de neige ! L'avenir est là et nous sommes en retard de vingt années au moins dans ce domaine. Des projets sont pourtant dans les cartons d'Algérie Télécom...