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Télévision - Caméras cachées Ramadan 2020

Date de création: 02-05-2020 18:05
Dernière mise à jour: 02-05-2020 18:05
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COMMUNICATION- ETUDES ET ANALYSES- TELEVISION- CAMERAS CACHEES RAMADAN  2020

Caméras cachées et feuilletons du ramadhan : Sus au kitsch crétinisant et violent

© El Watan, samedi 2 mai 2020

  Le père des enfants de la télé algérien, le regretté Hadj Rahim, doit se retourner dans sa tombe. Sa fameuse caméra invisible, qui était censée être un divertissement ramadhanesque, est devenue indigeste et synonyme de clochardisation, violence, médiocrité, de caricature de la société. Chacun y va de sa «fetwa» cathodique. Puisque la caméra cachée «Ana ou Radjli», diffusée par Numidia TV, offrait… une femme, une épouse, telle une marchandise, une chose.

 Si l’on effectue un zapping des caméras cachées passant sur les chaînes de télévision, on sera désagréablement surpris par l’amateurisme, la facilité et l’absence de qualité. Et surtout, ce qui est franchement désolant, c’est cette image réductrice qu’on donne du citoyen, de l’artiste, du sportif, du passant anonyme de la rue…On joue sur la corde sensible de l’invité, du piégé. On lui plante le décor d’une situation d’injustice, une victimisation. Et l’ingénu cède et fonce tête baissée. Perdant son self-control et son sang-froid, il devient violent.Parce qu’il voudrait faire comprendre que c’est mal ce qu’on constate-là. Et vous avez, des piégés de la caméra cachée Hkamnakoum gaa sur Echourrouk TV comme Barracuda (à ne pas confondre avec l’acteur d’Oran, un homonyme) qui tape sur un réalisateur tunisien au comportement infect et condescendant envers l’équipe de tournage, le chanteur Amine TGV, furax, lance violemment un cadenas à cause d’une histoire d’obscure «vaudou», charlatanisme, toujours sur Echourrouk. Un champion de kick-boxing, Amir, provoqué et incité à commettre l’irréparable, dans la caméra cachée Rana Hkamnek sur Ennahar TV.Une femme, comme présent, offert gracieusement dans la caméra cachée intitulée Ana ou Radjli (moi et mon époux), à un jeune homme célibataire dépassé par ces drôles et incroyables événements. Depuis, cette scandaleuse et honteuse caméra cachée a été retirée de la grille de programmation de Numidia TV.

SITUATION HUMILIANTE

L’ARAV (l’Autorité de régulation de l’audiovisuel), à l’issue de cette bévue, a réagi en lui infligeait un avertissement. C’est là où l’on s’interroge. Comment peut-on tolérer et laisser passer une telle énormité dépréciant l’humain, la femme, en l’avilissant. Là, encore une fois, l’ARAV est interpellée à propos de la teneur des programmes des chaînes de télévision.Il faudrait que cette instance audiovisuelle soit plus ferme face à ses situations humiliantes, dégradantes et faisant l’apologie ordinaire de la violence dans un prime-time familial. Il faudrait que ces accès de colère noire, cette violence gratuite, ces crachats, oui, des crachats, ces scènes de pugilat collectif, ces thèmes obscurantistes soit bannis. En fait, cette haine qu’on cultive et entretient sans motif et mobile apparent doit cesser. Le téléspectateur algérien, il faut tout simplement le respecter et ne pas insulter son père intelligence. Il ne mérite pas ce kitsh crétinisant.

LA LEÇON N’A PAS SUFFI

Pour rappel, la leçon n’a pas suffi. En juin 2017, le grand écrivain algérien, Rachid Boudjedra, l’auteur de La Répudiation, L’Escargot entêté ou encore Le FIS de la haine, avait été humilié, séquestré, oui séquestré et désigné à la vindicte populaire lors d’une caméra cachée de la chaîne Ennahar TV. Rachid Boudjedra avait halluciné. Séquestré, harcelé de toutes parts, subissant une insupportable pression, on lui fera répéter à plusieurs reprises la «chahada» – attestation, témoignage, la profession de foi de l’islam, dont elle constitue le premier des cinq piliers, elle est directement liée au principe de l’unicité de Dieu (tawhid). On s’adressera à Rachid Boudjedra comme si c’était un enfant qui ânonne. Devant un père fouettard orwélien.Et ce, non sans un certain «sadisme». Car les auteurs de cette «prise d’otage» riaient. Le pire, c’est que techniquement cette caméra cachée est montée : «On veut savoir, ô monsieur Boudjedra, tu es musulman ou athée ?» Cela relève de l’intolérance et de l’obscurantisme. Une «fetwa» cathodique tout comme celle de cette proposition indécente: offrir une femme comme cadeau. Où va le monde ? C’est là où doit intervenir l’ARAV (l’Autorité de régulation de l’audiovisuelle), au niveau de la vulgarisation des valeurs humaines en ce mois sacré du ramadan, tout en respectant cette instance télévisuelle.

«BABOR ELLOUH», LE GRAND ABSENT

Le Ramadhan de cette année a vu son fameux prime-time des différentes chaînes de télévisions algériennes en pâtir. La pandémie du coronavirus, les exigences drastiques du confinement sanitaire et les mesures de prévention ont complètement chamboulé le contenu cathodique.La plaie coronavirus a pris de court les concepteurs, les producteurs et réalisateurs de séries diffusées lors du mois sacré du ramadhan. Habitués à boucler un feuilleton en quatre ou cinq mois, l’impondérable Covid-19 a perturbé les tournages en chantiers. Au regard des conditions de travail sur un plateau, la concentration humaine, techniciens, comédiens, figurants, équipe logistique…Le risque était énorme. Il y va de la vie d’humains. Donc, réduire les effectifs, élaguer de pans du scénario prévu, opérer des «coupes sombres», annuler des séquences car impossibles à réaliser dans des endroits où structures soumises au confinement et désertés par les humains. On ne peut pas raconter une histoire dans une ville fantôme. A moins que l’on évoque la vacuité et l’ampleur du coronavirus.Le premier à subir les effets ou les «méfaits» du coronavirus est le très attendu feuilleton Babor Ellouh du réalisateur tunisien Nasreddine Shili. Il n’est autre que celui qui a triomphé au ramadan 2019 avec Ouled El Hallal mettant en vedette les talentueux et crédibles, acteurs Abdelkader Djriou et Youcef Sehairi. Victime collatérale, l’équipe du feuilleton Babor Ellouh, le vendredi 24 avril, a posté ceci sur son compte Facebook : «Cher honorable public, nous sommes désolés de vous annoncer que le feuilleton Babor Ellouh ne sera pas diffusé lors du mois du Ramadhan (2020) et nous vous informons que sa diffusion est prévue au mois de septembre (2020) inch’Allah. Ramadan Kareem» (bon ramadan).

LE THÈME RÉCURRENT DES HARRAGA

Au casting de Babor Ellouh figure presque la majorité des comédiens de la série à succès d’Ouled El Halla. On peut citer Abdelkader Djriou, Mohamed Khessani, Souhila Maalem, Ahmed Benaissa, Mostefa Laribi, Yasmine Amari, Nacer Soudani…Ainsi que de nouveaux visages. Babor Ellouh traitant du phénomène et l’actualité brûlante de la détresse et drame des immigrants algériens, les harraga, n’est pas le seul à reporter sa diffusion. Chez nos voisins, en Tunisie, la tant attendue Harga, réalisé par El Assaad El Weslati, prévu au mois du Ramadhan 2020, verra la reprise du tournage en mai et sa diffusion juste après. Même en Egypte, le réalisateur Omar Abdelazziz a exhorté ses collègues à agir de la sorte, après l’Aïd El Fitr. Le thème récurrent abordé, semble celui est celui des «harragas» (ces jeunes immigrants).A l’image de la série Ahwal Nass produit, scénarisé, interprété par Réda City 16 et réalisé par Haroun Latlet. Parmi les comédiens y jouant figurent Malika Belbey, Hachmaoui Fadéla, Aziz Boukrouni, Imen Nawal, Mouny Boualem ou encore Abdelkader Djriou. Une histoire portant sur des petites gens. Une mère non-voyante, un universitaire devenu éboueur pour survivre, «largué» par sa fiancée pour des raisons matérialistes, une sœur à marier, l’indigence, le chômage, une insupportable pression et le désespoir. La planche de salut, c’est le «babor» (l’embarcation), la fuite, la «harga» comme horizon.

«YEMMA», CETTE MER DE LARMES

Sur Djazaïria One, on passe en prime-time le feuilleton «Yemma» du réalisateur tunisien Madih Belaïd. Il n’est autre que l’auteur de la série El Khawa (les frères). Le scénario est écrit par Sofiane Dahmani. La série Yemma compte une vingtaine d’épisodes d’une durée de 35mn. Les comédiens y jouant, Mohamed Reghis, Lydia Larini, Mohamed Frimehdi, Mounia Benfeghoul, Meroua Bouchoucha. Il s’agit d’un drame humain. Cela commence par une berceuse en kabyle.Khaled campé par Mohamed Reghis découvre tardivement qu’il est un enfant adoptif. Alors, il se lance dans une quête de vérité, initiatique. Un flash-back révélant bien des zones d’ombre. Ce sont des thèmes récurrents qui s’articulent autour du feuilleton en général en Algérie, le milieu carcéral, l’amour sacré de la mère ou c’est la malédiction, l’opposition des gens heureux et malheureux, les riches et les pauvres, les familles recomposées, la trahison, la cupidité et l’intégrité, le bien contre le mal. Et puis des larmes.

L’INJUSTICE COMMISE À «MAKIOUS ET DAKIOUS»

Sur la chaîne publique EPTV, on a dépoussiéré le feuilleton Zenkat Lahbal avec la regrettée et grande dame de théâtre, Sonia. Une histoire se passant dans un institut d’arts. Pour d’autres contingences, la saison lll de la série Dakious et Makyous avec Nabil Asli, pourtant tournée et bouclée et techniquement bien développée, avant l’apparition de la pandémie du Coronavirus, a été purement censurée, à la trappe. Pourquoi ? On la juge trop politique, trop proche de la réalité. Celle de la «isaba» (le gang) sous l’ère du président Bouteflika.